Quand on passe un mois à arpenter la Thailande, la Floride et la Malaisie, on s’attend à passer un week-end tranquille surtout que les différentes listes des engagés pour Le Mans, le FIA WEC et l’ELMS sont connues. Mes plans ne se sont pas déroulés comme prévu puisque j’ai dû recharger mon iPhone deux fois dans une journée pour écouter les uns et les autres, mais aussi me faire taper sur les doigts. Dommage car le ‘Domaine des Hunaudières’ Luberon 2014 est très bon (à consommer avec modération).
En cause plusieurs sujets de discorde : le changement de date de Fuji, l’aménagement des règles LMP2 concernant les équipages, la liste des engagés pour Le Mans.
Un plateau alléchant en FIA WEC…
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui pensent que le FIA WEC et Le Mans ne vaudront pas le détour. Les équipes privées se mettent à rêver de gagner la plus grande course d’endurance au monde et du côté du LMP2, on aime croire au hold-up dimanche 17 juin à 15 heures un an après avoir tutoyé la plus haute marche du podium. Il y a 6 mois, beaucoup de gens pensaient que le FIA WEC était mort et qu’il ne survivrait pas au départ de Porsche un an après Audi. Là, on a 36 autos, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. Alors oui, il n’y a que Toyota en LMP1 ‘hybride’ mais cela ne prouve pas que la saison sera ennuyeuse. La catégorie LMP2 a du chien et que dire du GTE avec autant de marques pour la gagne. Les faits sont là, la mission est accomplie. Le travail entrepris cet été par l’ACO et le FIA WEC alors que tout le monde était sur la plage a porté ses fruits. Le travail n’est pas terminé car il reste maintenant à trouver les solutions pour réduire drastiquement les coûts. Pas une mince affaire…
Une sélection fait forcément des heureux et des malheureux…
On peut toujours trouver à redire sur le choix du Comité de Sélection pour Le Mans. Quand on ne peut pas sélectionner tout le monde, on fait forcément des contents et des mécontents. Siéger dans ce Comité est certainement tout sauf un long fleuve tranquille. Avant la parution de la liste, personne, et je dis bien personne, ne s’est posé la question de savoir si les quatre Porsche et les Ford seraient retenues, alors que tout le monde se demandait quelles LMP2 et GTE-Am ne figureraient pas sur cette liste. Peut-être que quatre Porsche et quatre Ford, c’est trop. Avoir deux autos par marque comme du temps du World GT1 serait peut-être plus judicieux.
Personnellement, je comprends la grosse frustration de ARC Bratislava et IDEC Sport Racing même si les raisons de cette frustration ne sont pas les mêmes mais le résultat est identique. Miro Konopka a d’ailleurs fait savoir publiquement son mécontentement. Il y a fort à parier que High Class Racing ne soit pas ravi non plus après la belle saison 2017 et le choix de ne pas avoir mis Le Mans à son agenda pour s’aguerrir à la discipline. La Scuderia Corsa, qui rafle la catégorie GTE-Am il y a deux ans, se retrouve elle aussi sur le carreau, de même que Krohn Racing qui fait partie des fidèles. Au final, on aimerait voir les 69 autos au départ. A un moment, il a fallu trancher. Avec 30 prototypes et 30 GT, la parité est parfaite.
Si Toyota perd Le Mans, on entend déjà les quolibets et les rires. N’oublions pas que Le Mans reste une course dure et que tout peut arriver. La course rendra son verdict. Toyota aurait très bien pu jeter l’éponge et se consacrer uniquement au WRC. Ils vont tout de même être nombreux à vouloir se ‘payer’ le constructeur japonais sur la piste. Les absents ont toujours tort et moi je suis impatient d’être en juin avec une armada de David contre un Goliath. La catégorie LMP2 s’annonce elle aussi relevée comme jamais. Quant au plateau GTE (Pro et Am), il suffit de jeter un coup d’oeil sur la liste pour comprendre.
Fernando Alonso au milieu d’une polémique…
Le changement de date du meeting FIA WEC de Fuji retourne la toile depuis vendredi. Pour remettre l’église au milieu du village, Fernando Alonso n’a jamais demandé lui-même qu’on change la date. On ne veut pas priver les fans japonais d’Alonso, ce qui peut se concevoir. La question est de savoir si Alonso est une star au Japon comme peut l’être Jenson Button. Pour avoir vécu sur place Button à Suzuka et Alonso à Daytona, seul le premier a un vrai statut de star parmi les fans. Souhaitons que Toyota mette en place une opération de communication comme on peut en voir en SUPER GT car dans le cas contraire les fans ne feront qu’apercevoir Alonso de loin.
Les pilotes et les fans ont fait savoir leur mécontentement sur ce changement de date et mon amitié avec Olivier Pla n’altère en rien mon avis sur le sujet.
Je reste contre cet aménagement. On ne change pas les règles pour un seul pilote quand on en pénalise une dizaine d’autres qui sont en plus pilotes d’endurance depuis bien longtemps surtout quand on parle à longueur d’année de famille de l’endurance. Alonso ne peut pas être Champion du Monde d’Endurance s’il manque une course ? Tant pis, c’est dans le postulat de départ. C’est à celui qui rentre de s’adapter, pas aux autres. Ironie du sort, ce changement impacte trois pilotes Toyota, à savoir Conway, Kobayashi et Nakajima. Le SUPER GT va devoir modifier (une deuxième fois) la date d’Autopolis. Les pilotes qui avaient signé pour le Petit Le Mans en sont pour leur frais et j’ai conscience que mes 1500 euros perdus (avion/hôtel/voiture) pèsent peu dans la balance.
Permettez au moins aux pilotes concernés de ne pas être d’accord avec cette date commune, de le faire savoir, et accordez-moi aussi ce droit.
Un aménagement qui fait grincer des dents…
Le nouvel aménagement des règles concernant les équipages fait lui aussi parler. Une association Gold/Gold/Platinum en LMP2 fait grincer des dents. Sur le papier, cette association est au-dessus de la concurrence. On s’éloigne du schéma traditionnel où l’équipage tournait autour du Silver. Mais qu’est ce qu’un Silver ? Qu’est ce qu’un Bronze ? Où est la limite entre Silver et Gold ? Le sujet fait débat depuis bien longtemps.
Trois pilotes classés Bronze, tous trois d’un bon niveau avec en plus des moyens financiers conséquents, me confiaient il y a peu que des pilotes Silver étaient prêts à les payer (grassement) pour rouler. On ne cherche plus le meilleur Gold ou le meilleur Silver mais le meilleur Bronze alors qu’à l’origine le Bronze amenait la totalité du budget. Un des meilleurs gentlemen m’expliquait il y a deux jours : ‘j’ai un budget annuel de 700 000 euros pour rouler et là on vient me chercher pour compléter un équipage sans que je sorte le moindre euro.’
Les nouvelles règles ne touchent pas à la catégorisation établie par la FIA. On permet à un pilote Bronze, en l’occurrence Henrik Hedman, de rouler en LMP1 de part son expérience du LMP2. L’avenir nous dira si cet ajustement était une bonne idée ou pas. Les pilotes Bronze à avoir roulé dans le passé en LMP1 ne sont pas légion. La piste rendra son verdict.
Vous reprendrez bien un peu de ‘Domaine des Hunaudières’ Luberon 2014…