Felix Barré est le patron de l’entreprise 2SM Pilotage qui propose un simulateur automobile de dernière génération ouvert aux novices et, plus particulièrement, aux pilotes. Plusieurs offres sont disponibles et adaptables pour le plaisir de tous. Retour sur la carrière de cet ingénieur piste de renom, qui a remporté les 24 Heures du Mans en 2013 avec l’équipe IMSA Performance, et sur sa société…
Avant d’ouvrir 2SM Pilotage (simulateur professionnel), quel a été votre parcours d’ingénieur ?
« Je suis diplômé d’une école d’ingénieur de Valenciennes, Ensiame. J’ai fait mon stage de fin d’études chez ART Grand Prix, en GP2 (avec Romain Grosjean, ndlr), dans l’une des meilleures écuries françaises. Je me suis ensuite orienté vers le rallye / rallye Raid car ce sont deux disciplines que j’apprécie, mais ça ne m’a pas trop convenu car je suis plus intéressé par la stratégie de course, l’acquisition de données. J’ai alors travaillé en parallèle avec Lionel Regal en course de côte et aussi en Trophée Andros. IMSA Performance m’a alors contacté pour deux piges. Ça s’est bien passé et j’ai passé trois mois avec eux en 2009 puis toute la saison 2010 en VdeV que nous avons gagnée. J’ai ensuite refait l’Andros fin 2010 avec Sport Garage sur les Skoda officielles. 2011 a marqué la continuité chez IMSA, toujours en VdeV, avec la paire Gibon / Bourret. Ils ont également fait les 24 Heures du Mans (avec Jean-Philippe Belloc, ndlr). L’auto était sous les couleurs de Larbre Compétition, gérée par IMSA, et engagée dans la nouvelle catégorie GTE-Am. En plus, nous nous sommes battus contre la Corvette C6.R de… Larbre Compétition. Nous terminons 2e, à un tour, mais nous aurions pu gagner. J’ai repoussé les consignes de 4 heures du matin jusqu’à 14 heures. En ELMS, toujours pour IMSA, je me suis occupé de celle de Raymond Narac et Nicolas Armindo, championnat que nous avons également remporté !
En 2012, j’ai poursuivi avec cette équipe en VdeV avec un nouveau gentleman, Patrice Milesi. De nouveau ce fut couronné de succès. En ELMS, avec un championnat réduit à trois courses, nous remportons la catégorie (Narac / Armindo / Pons) devant AF Corse. Avec le même équipage, nous terminons de nouveau 2e aux 24 Heures du Mans, toujours derrière la Corvette Larbre Compétition en GTE-Am. En 2013, au programme d’IMSA : WEC et VdeV. Le programme étant trop lourd pour moi, j’ai opté pour le VdeV (de nouveau champion à une course de la fin) et les premières manches WEC jusqu’au Mans. Aux 24 Heures, Jean Karl Vernay, Raymond Narac et Christophe Bourret remportent le GTE-Am avec la nouvelle 911 GT3 RSR.
En 2014, Matmut a voulu revenir sur du GT France où nous avons engagé une GT3 avec Narac / Armindo. Ça s’est bien passé car nous avons été champions lors de la dernière course. Nous avons disputé l’ELMS et les 24 Heures du Mans où nous terminons 11e avec Narac / Armindo / Hallyday. Matmut a lâché du lest en 2015 et nous n’avions plus qu’une voiture en GT Tour (Pernault / Dumez). Ils étaient friands d’analyses et de données, je me suis régalé, ça reste ma plus belle expérience en sport auto. De plus, nous terminons champions ! En 2016, la Matmut a tout arrêté, mais IMSA a trouvé Thierry Cornac avec un gros partenaire, Kodak. Par contre, Porsche nous a demandé d’aller en Blancpain Endurance Series, Aux 24 Heures de Spa, avec la 911 GT3-R (Maxime Jousse, Patrick Pilet, Raymond Narac, Thierry Cornac), nous gagnons la catégorie Pro-Am à l’issue d’une superbe course.
Début 2017 a marqué la fin avec IMSA. Un jour Maxime Jousse m’a dit qu’il préparait tous les meetings en faisant du simulateur chez RS Simulation à Monaco. En agissant ainsi, il arrivait prêt et pouvait laisser plus de temps au gentleman pour rouler. J’ai trouvé cette démarche intelligente et c’est de là qu’est née l’idée de l’entreprise. Aux 24 Heures de Dubai, avec Mathieu Jaminet, Maxime Jousse, Thierry Cornac et Raymond Narac, nous finissons 4e. Cette course fut ma dernière et je pensais déjà à une autre voie. Je voulais exploiter mon expérience tout en découvrant le monde de l’entrepreneuriat. J’ai alors lancé mon entreprise et mon activité « simulateur ». J’ai eu pas mal de contacts et l’aventure a démarré dans une ville qui est pourtant plus tourné vers le bateau. »
Et maintenant…
« Je gère mon entreprise 2SM Pilotage, mais je continue mon activité de piste par rapport aux demandes des clients. Ça m’aide à faire connaître le simulateur et à garder une certaine crédibilité. Je continue en tant qu’ingénieur piste avec IMSA avec Michael Blanchemain, pilote qui vient régulièrement s’entraîner sur simulateur, mais aussi AB Sport Auto (Lamborghini) en VdeV. Je suis aussi un pilote de F4, Théo Nouet. Il y a un vrai suivi de ma part et de Lucas qui travaille avec moi. Notre fonctionnement est assez familial, de vrais liens se créent, j’ai souvent les pilotes au téléphone. »
Justement, pourquoi le choix de Saint-Malo ?
« Au début, j’étais salarié IMSA. Ma femme est d’origine bretonne. Nous habitons à 20 kilomètres et avons décidé d’implanter la société ici. J’ai choisi Saint-Malo car c’est très accessible niveau routier. Il y a aussi Dinard, Rennes (à 45 minutes) et Nantes à proximité qui ont un aéroport. Autour, il y a la gare à quelques minutes, Paris se trouve à 2 h 15 en TGV. Par exemple, j’ai un client du Club Porsche qui part à 8 heures de Paris. A 10 h 30, il est ici. On fait une première séance jusqu’à 12 h 30. On va manger en bord de mer et on revient faire du simulateur jusqu’à 18 heures ! A 21h, il est chez lui et on a fait une journée de six heures ! De plus, Saint-Malo est très attractif au niveau tourisme. Le cadre est bien plus sympa si par exemple, les gens viennent en couple. »
Avez-vous des pilotes de LMP également ?
« Oui, on a eu le team Ultimate qui est venu l’an dernier (LMP3 en ELMS) avec Matthieu Lahaye et François Hériau (photo) pour préparer la première manche à Silverstone. Les retours ont été positifs et on a beaucoup travaillé sur des petits détails qui font la différence à la fin. Ils sont d’ailleurs revenus pour le meeting d’Abu Dhabi et ils ont signé le meilleur temps de la 1ere séance. Les pilotes étaient mieux calés au niveau des acquis et l’équipe est passée plus vite sur le réglage de la voiture. Le travail a payé en gagnant la catégorie LMP3. »
C’est plus typé pilote Am ou bien des Pro viennent aussi ?
« Comme je l’ai précisé, j’ai eu Matthieu Lahaye l’an dernier. J’ai eu des pilotes de Porsche Carrera Cup (Joffrey De Narda), Stéphane Tribaudini (champion Am en Championnat de France GT4, ndlr) et le pilote de F4 (Théo Nouet). Après, on ne fait pas le même travail. Avec les pros, on part pour des longs runs de 30 minutes alors que pour les Am, ça va être différent, avec du travail tour par tour. Je m’adapte par rapport aux besoins car nous accueillons tout le monde, du débutant aux pilotes confirmés. Nos offres sont multiples. »
Quels circuits avez-vous à disposition ?
« Je suis sur la base de Assetto Corsa (jeu vidéo de course automobile développé par Kunos Simulazioni). Le décor est très précis. Il y a entre 15 et 20 pistes à disposition : Spa, Barcelone, Red Bull Ring, Monza, Nürburgring, Portimao. J’ai ensuite choisi un constructeur français de simulateur qui était intéressé par le projet. J’ai un partenariat avec l’école ESTACA (Ecole Supérieure des Techniques Aéronautiques et de Construction Automobile, ndlr) de Laval (53) qui devrait me permettre d’avoir d’autres tracés.»
Quelles évolutions avez-vous en tête ?
« Ce serait d’avoir une coque LMP ou monoplace. J’aimerais aussi avoir l’arrière de la voiture GT et pouvoir la décorer ! Assetto Corsa va aussi sortir son nouveau jeu en partenariat avec le Blancpain avec les GT3 et les circuits qui existaient déjà. La grosse différence est qu’ils ont recrée la pluie et la nuit. Si c’est vraiment bien fait, ça m’intéresse. Nous pourrions alors faire des simulations de 24 heures avec des pilotes qui se lèveraient en pleine nuit pour pouvoir monter dans l’auto. Cet hiver, avec 3,2,1 Perform, un stage de préparation physique devait être organisé, mais ça n’a pas pu se faire. Cependant, l’idée me plait…Un autre truc pourrait aussi m’intéresser : organiser un concours pour avoir un pilote totalement débutant, le former ici puis l’emmener sur la piste…Pourquoi pas avec Endurance Info (sourire) ! »