24 Heures 2017 : l’abécédaire, de A à B

Nous ouvrons aujourd’hui notre abécédaire des 24 Heures 2017. Cette édition restera dans les annales de la classique de l’endurance sarthoise à bien des égards, en raison d’abord de son scénario improbable -mais improbable, au Mans, c’est un vocable à la signification toute relative…-, par son résultat, avec deux LM P2 sur le podium dont une qui a figuré en tête du classement général au Mans pour a toute première fois, et pour la lutte dans la catégorie GTE Pro dont le dénouement n’a été connu que dans la toute ultime boucle, à l’issue des 24 Heures de course, et de bien d’autres aspects encore.

Cet abécédaire est subjectif et ne veut en aucun cas être exhaustif. Que les oubliés de ce palmarès ne nous en tiennent pas rigueur …

Commençons aujourd’hui par les choses qui fâchent…

A comme abandons

Avec la chaleur qui régnait sur le circuit des 24 Heures -et ce même si on a échappé à la canicule qui sévit sur Le Mans depuis le début de la semaine, avec des températures de 38°C à l’ombre- , nombreux étaient ceux qui prédisaient une hécatombe et une course d’usure -une ”race of attrition” comme disent nos amis britanniques.

En fait, cette prédiction s’est avérée erronée, et ceci est à mettre au crédit des voitures et des teams, avec une fiabilité de plu en plus en plus grande.

60 voitures étaient au départ, et 49 ont reçu le drapeau à damiers, soit un taux d’abandon extrêmement faible, de 18,33%, et sur ces onze abandons huit ont été causés par des accidents . Pour mémoire, le record appartient toujours à la première édition, en 1923 , avec un taux d’abandons de 9,1%, (3 abandons sur 33 voitures au départ) mais avec une réglementation bien différente , puisqu’il fallait couvrir une distance imposée en fonction de la cylindrée.

C’est la catégorie la plus huppée, celle des LM P1, qui a le plus souffert, avec quatre abandons pour six engagés (66% d’abandons) , le premier abandon étant celui de l’ENSO CLM Nissan #4 du ByKolles Racing, après une demi-heure de course seulement après avoir pourtant pris un excellent départ. En LM P2, quatre abandons sur vingt-quatre -la vingt-cinquième LMP2 a été déclassée- (16,66%), en GTE-Pro, deux sur treize (15,38%) et un seul sur quatorze en GTE-Am (7,1%

A comme Accidents

Fort heureusement, les quelques crashes qui ont émaillé ces 24 Heures 2017 n’ont pas fait de victimes, ni de blessés graves. La sécurité des voitures et du circuit, le travail de la Direction de Course et des commissaires, ainsi que le talent des pilotes, n’y sont sans doute pas pour rien.

Emmanuel Collard est peut-être le plus meurtri, après sa sortie dans les S du karting. Emmené en observation, Manu s’en tire avec quelques courbatures et quelques bleus, nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

L’ORECA 07 #28 du TDS Racing était précédemment impliquée dans un accrochage avec la Ferrari 488 #82 du Risi Competizione pilotée par Pierre Kaffer, le pilote allemand étant indemne. Autre accident notable, celui de la Porsche 911 RSR Proton Compétition et de l’ORECA 07 G-Drive Racing #26 de Roman Rusinov, les deux voitures étant contraintes à l’abandon en début de course.

Citons également le crash qui a éliminé la Toyota #9 de Nicolas Lapierre, percutée par l’ORECA 07 #25 du CEFC Manor TRS Racing pilotée par Simon Trummer.

A comme Affluence

L’ACO a annoncé une fréquentation de 258 500 spectateurs -5 000 de moins qu’en 2016, l’absence d’Audi n’y étant certainement pas étrangère-. Il y avait cependant du monde dans les allées autour du circuit….

A comme Alpine

Le team Signatech-Alpine Matmut n’a pas confirmé sa victoire de 2016 mais place cependant une des deux A470 sur le podium. Certes, l’Alpine # 35 a bénéficié du déclassement de l’ORECA Vaillante Rebellion, mais sa place n’est pas usurpée car elle a été constamment en pointe.

 

Des plaquettes de frein fatiguées ont coûté à l’équipe de Philippe Sinault la deuxième place de la catégorie et même une place sur le podium au général, mais c’est la course. Mention bien tout de même pour l’équipe Alpine.

A comme Aston Martin (cela aurait pu être également A comme Adam, Jonathan).

Les Aston Martin, présumées vieillissantes (bientôt 10 ans pour les GT britanniques, se sont montrées à leur Vantage tout au long de la semaine dans la catégorie GTE Pro. Darren Turner avait fait la pole position lors des qualifications, frôlant la batte des 3.50 au tour. En début de course, Richie Stanaway menait grand train avec l’Aston Martin #95, avant que Turner, Daniel Serra et Jonathan Adam ne prennent la relève avec la #97. Une petite sortie de route de Stanaway écartait la #95 de la victoire, mais la #97 prenait la relève, restant constamment dans le groupe de tête, avant que Adam, champion Brtish GT en titre, ne parachève le travail aux dépens de la Corvette de Jordan Taylor dans un final d’anthologie.

Cette victoire s’ajoutant à l’attribution du Trophée Spirit of Le Mans à David Richards, le patron, le week-end a été bénéfique pour les britanniques. Seul petit bémol : en GTE Am, où les Aston Martin partaient favorites, notamment avec la Vantage officielle de Pedro Lamy/Paul Dalla Lana/Mathias Lauda, défaites par un trio de Ferrari 488 GTE.-

En 2017, Aston Martin fera débuter la DBR11 en GTE Pro alors qu’en GTE-Am, les Vantage dont certaines seront probablement présentes, fêteront leur dixième anniversaire…

B comme Bamber, Earl, ou B comme Bernhard, Timo

Les vainqueurs de ces 24 Heures 2017, avec Brendon Hartley, remportent leur deuxième succès au Mans, Bamber ayant gagné en 2015 avec Nick Tandy et Nico Hülkenberg, et Bernhard s’étant imposé en 2010 sur une Audi R18 TDI en compagnie de Romain Dumas et de Mike Rockenfeller.

Bamber compte deux victoires pour trois participations. Le Néo-Zéalandais est invaincu en protos avec la Porsche 919 Hybrid avec ses deux titres en deux courses ! Timo Bernhard ajoute une nouvelle ligne à un palmarès déjà bien rempli, et ce n’est que justice. C’est lui qui a eu l’honneur de recevoir le drapeau à damiers dimanche dernier.

B comme BOP

La Balance de Performance est probablement un des éléments les plus controversés, avec un équilibre délicat à trouver. Verre à moitié plein verre à moitié vide…Les performances très moyennes des Ford GT lors de la Journée Test avaient surpris et certains se posaient des questions.

Les qualifications remettaient les choses en place, avec les cinq constructeurs bien groupés, à l’exception peut-être de Porsche dont le poids allait être abaissé de 6kg. En course, tous jouèrent presque à armes égales -les trois premières voitures dans le même tour à l’arrivée et les trois suivantes à un tour seulement- , même si on pourra toujours dire que cette BOP a un côté artificiel et que chacun, suivant le résultat, pourra s’en plaindre.

B comme Brésil

Les brésiliens avaient déjà fait le buzz avant même le départ. Rubens Barrichello, recordman du nombre de départs en F1, faisait ses débuts dans la Sarthe sur la Dallara P217 du Racing Team Nederland. Tony Kanaan, Champion IndyCar 2004 et vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis 2013, remplaçait Sébastien Bourdais chez Ford après que le français se soit sérieusement blessé lors des essais d’Indianapolis. Jamais deux sans trois, c’est ensuite Lucas di Grassi qui se blessait lors d’un match de football et qui devait céder son baquet à Michele Rugolo sur une Ferrari AF Corse.

Mais en plus des brésiliens peuvent en cacher d’autres et ce ne sont pas ces ”têtes de gondole” qui ont été le plus en vue le week-end dernier. Rubens Barrichello ne disposait pas d’une LM P2 les plus performantes, la Ford GT #68 a eu quelques petits soucis qui l’ont éloigné de la lutte pour le podium, mais d’autres ont pris le relais. Daniel Serra (Aston Martin #97), Pipo Derani (Ford GT #67), Nelson Piquet Jr (ORECA 07 Vaillante Rebellion #13) et Andre Negrão (Alpine A470 Signatech ont été brillants. Les cariocas et autres paulistas ont dû se régaler avec parfois des luttes fratricides entre Serra , Derani et Kanaan ou entre Nelson Piquet Jr.

Trois d’entre eux montent sur le podium : Serra, vainqueur en GTE-Pro, Derani, deuxième en GTE-Pro, et Negrão, troisième en LMP2 et quatrième au général (après le déclassement de l’ORECA de Nelson Piquet) et qui aurait peut-être pu viser plus haut sans un problème de freins.

B comme Brouard, Rémy

Le Team Principal du Jackie Chan DC Racing peut être content de son week-end. Ses deux ORECA 07 sont sur le podium aux deux premières places du LMP2, et ce résultat est également assorti des deuxième et troisième places au classement général, résultat jamais obtenu par une LM P2.

L’ORECA 07 #38 a même été leader de ces 24 Heures du Mans et si la Porsche #2 était restée au stand cinq à six minutes de plus, on aurait eu une issue inédite au Mans. Mais avec des si…Le team ne s’était pas fait d’illusions et n’éprouve aucun regret, la deuxième place et la victoire en LMP2 comblant les attentes au-delà des espérances. Rémy, ancien Directeur Général de l’ACO, a mené la Chine au plan international après avoir lancé l’Asian Le Mans Series et ce succès est une juste récompense de des efforts.

B comme Buemi, Sébastien

Le suisse a réalisé le meilleur tour en course avec la Toyota #8 en 3.18.604 lors de son 168ème passage, effaçant les 3.8.694 que Mike Conway, sur la voiture sœur, la TS050 #7, avait réalisé lors du troisième tour seulement, donc avec un réservoir presque plein, ce qui prouve que les Toyota auraient pu aller encore plus vite.

Les deux heures d’arrêt durant la nuit en raison de la défaillance du moteur électrique ont anéanti les chances de succès du pilote suisse et de ses coéquipiers Anthony Davidson et Kazuki Nakajima.

A suivre…