Pierre Thiriet est un vrai passionné de sport automobile. Pilote Silver, il est arrivé en Endurance, après être passé par la case Megane Trophy, en 2011 aux 24 Heures du Mans avec Luxury Racing et, surtout, par le biais de TDS Racing en 2012, équipe avec laquelle il est resté six saisons. Depuis cette année, il évolue au sein de Signatech-Alpine en WEC et vient de concrétiser son rêve : remporter les 24 Heures du Mans !
Vous aviez un objectif en tête depuis longtemps et vous venez de l’atteindre. Qu’est ce que cela fait d’être la peau d’un vainqueur des 24 Heures du Mans ?
« Je suis très heureux et très fier de tout le travail accompli par l’équipe. De mon point de vue, c’est beaucoup de soulagement car je vis ma passion au niveau amateur et je sais que ce ne sera pas éternel au contraire de certains pilotes professionnels. Je serai un jour forcé de prendre des décisions par rapport à ma trajectoire sportive. C’est pourquoi je dis que je suis soulagé : l’objectif de base pour lequel je me suis battu en arrivant dans le sport automobile, gagner les 24 Heures du Mans, est atteint. Si demain, je dois me concentrer à 100 % à mon travail, à ma famille, ce sera sans regret car j’aurai vécu mon aventure jusqu’au bout ! Il s’agit là de la plus belle victoire que je pouvais imaginer. Je suis aussi content de me dire que l’édition 2019 va arriver vite et nous allons encore essayer de faire mieux, gagner mais différemment, monter sur le podium dès le dimanche (sourire) et fêter ça le jour même avec mes coéquipiers et toute l’équipe. Dans un palmarès, une victoire reste une victoire, mais la vivre comme elle se doit est vraiment important. »
Avez-vous comme un goût d’inachevé par rapport à ce podium LMP2?
« Pas forcément ! J’ai vécu un super moment sur ce week-end de course. Les décisions prises par rapport à la disqualification de G-Drive Racing montrent qu’ils étaient complètement hors course et ce depuis le début. Je fais donc abstraction de ça et je me dis que nous avons été les meilleurs sur cette édition. »
Vous avez récupéré votre trophée à l’issue de la projection du film des 24 Heures du Mans à Saint Saturnin. Qu’allez-vous en faire ?
« Honnêtement, je n’ai jamais été très attaché aux objets d’une part et, de l’autre, pour moi, le sport est quelque chose qui se vit, pas un événement qui se revoit en différé. J’aime différents sports, mais chez moi, ce n’est pas un musée de mes trophées. Je pense que le meilleur moyen de le mettre en valeur serait de l’offrir à mon père car c’est certes l’aboutissement de ma carrière, mais c’est surtout grâce à lui que j’ai pu suivre ce chemin. De plus, le dimanche des 24 Heures du Mans 2018 correspondait à la fête des pères. Ce serait le juste retour de quelque chose qui lui appartient autant qu’à moi ! »
Comment se sont passées les manches WEC qui ont suivi les 24 Heures du Mans ?
« Pour être honnête, ce ne fut pas facile ! Au Mans, si on fait abstraction de G-Drive Racing, nous étions dans un super rythme. Ce fut plus compliqué lorsque nous sommes arrivés à Silverstone. Là, le rythme n’était pas bon, nous avons dû nous battre pour garder la tête hors de l’eau et terminer 3e, mais ce fut difficile. A Fuji, nous étions beaucoup plus dans le rythme, mais nous avons eu un petit manque de réussite en course. Cependant, nous signons une nouvelle 3e place, mais ce n’était pas l’objectif visé. Pour finir, à Shanghai, les conditions de piste étaient vraiment très dures, cependant ce fut le cas pour tout le monde, c’était un peu la loterie. Encore une 3e place, c’est bien, nous sommes réguliers, c’est la force de l’équipe, mais il nous faut trouver un peu plus de performance pour lutter face à Jackie Chan DC Racing. Je fais confiance à l’équipe, ils vont trouver ce qu’il faut pour y arriver. Maintenant Sebring se profile, un circuit qui nous remet à armes égales car il est atypique, pas forcément bien connu des équipes européennes. Je pense que ce sera l’un tournant dans la saison. Ensuite ce sera Spa, une course où nous avons été à l’aise cette année… »
Vous pourriez peut être accroché un nouveau trophée à votre collection, celui de champion LMP2 WEC ?!
« A vrai dire, je n’y pense pas vraiment. Il reste beaucoup de travail et on va essayer de se faire plaisir sur les trois dernières manches. Ce sont trois beaux endroits comme aller en Floride au mois de mars sur un circuit mythique que j’adore. Ce qui sera déterminant pour le titre, à mon avis, sera la course des 24 Heures du Mans. Il faudra garder la tête froide et faire le travail jusqu’au bout. Si nous arrivons à décrocher ces deux trophées, “waouh”, ça serait vraiment génial car ce serait un aboutissement encore supérieur par rapport à ce que je disais au début. Ce serait mérité pour toute l’équipe qui se donne vraiment à fond. L’écurie Signatech-Alpine est très professionnelle, très bien structurée, un environnement dans lequel il fait bon travailler. Ce serait une juste récompense pour eux. »
Il va y avoir une pause de trois mois avant Sebring. Allez-vous essayer de compléter ce temps avec une course comme les 24 Heures de Daytona par exemple ?
« Même si je n’y suis pas fermé, ça me semble compliqué de faire le WEC correctement et un autre championnat. Mon objectif est de faire le WEC, de me donner à fond pour ne pas avoir de regret jusqu’aux 24 Heures du Mans 2019. Après, si c’est pour m’aligner sur une course et ne pas la faire à 100%, je n’y vois l’intérêt ni pour moi ni pour l’équipe dans laquelle je serai. Je préfère, à la rigueur, me rendre plus souvent chez Alpine à Bourges pour travailler sur simulateur, bosser différemment aussi en prenant un peu plus de recul. Je pense que ce sera plus bénéfique… »