Vincent Abril vient de disputer sa quatrième saison avec Bentley. Il a d’abord débuté avec HTP Motorsport puis, depuis 2016, avec M-Sport. Cette année, le pilote de 23 ans a fait de nouveau équipe avec Andy Soucek et Maxime Soulet sur la toute nouvelle Bentley Continental GT3 en Blancpain GT Series Endurance, mais aussi en Intercontinental GT Challenge. Le pilote officiel du constructeur de Crewe prépare désormais 2019 et on pourrait voir le Français dans d’autres championnats…
Quel est le bilan de votre saison 2018 ?
« Du point de vue personnel, c’est positif, c’est l’une de mes meilleures saisons au niveau de la performance. Je pense que la nouvelle voiture convient beaucoup mieux à mon style de pilotage. Ils ont préparé une auto en peu de temps, les pilotes ont été impliqués dans le projet, ce fut une très belle expérience et très positif pour ma carrière. Nous avons tiré les enseignements de l’ancienne Continental qui était déjà très performante et on a amélioré tous les points sur la nouvelle. Cette année, nous n’avons pas fait beaucoup de courses, que de l’endurance, mais le potentiel de l’auto était clairement là. Nous l’avons démontré à plusieurs reprises avec des meilleurs temps en course. Côté résultats, ce n’est pas du tout ce qu’on espérait notamment à Spa et au Paul Ricard alors qu’on était en lice pour la gagne. Idem à Laguna Seca, nous étions en tête lorsque l’on a abandonné. »
Et les Total 24 Heures de Spa ?
« Ça ne s’est pas très bien passé. Un de mes coéquipiers a eu un accrochage avec un retardataire en début de nuit. Ça peut arriver, nous avons tous le même état d’esprit dans notre équipage, on s’entend vraiment bien. Maxime (Soulet) n’avait pourtant pas pris de risque, mais ça arrive parfois. Il s’agissait de notre première course de 24 heures avec cette nouvelle voiture. Nous avons mené la course pendant 1 heure 30, nous aurions aimé aller plus loin pour obtenir un résultat et voir si l’auto était capable d’aller au bout. En tout cas, elle a été très performante, c’est vraiment encourageant, mais il faut en tirer les conclusions pour l’année prochaine. »
Quelles sont les différences entre l’ancienne et la nouvelle génération de la Bentley Continental GT3 ?
“Elle est surtout différente sur plein de petits détails. L’ancienne était déjà bien née, mais maintenant, le centre de gravité est beaucoup plus bas, beaucoup plus axé 50/50. Elle a une meilleure motricité, nous sommes mieux au niveau de la dégradation des pneus. Elle est tout simplement plus efficace et donne plus de confiance aux pilotes. Par exemple, on peut plus attaquer et cela nous permet de nous exprimer pleinement. Avant il fallait un peu plus de temps d’adaptation aux essais, je devais faire plus de compromis dans mes réglages et mon pilotage. Cette nouvelle version est un grand pas en avant ! »
Vous êtes pilote usine depuis trois saisons. Qu’est ce que cela fait d’être un « Bentley Boy » ?
« C’est spécial ! Je n’envisageais pas ça au début de ma carrière. Bentley est un mythe en endurance et c’est un honneur de faire partie de ce cercle fermé ! J’ai commencé avec Audi en GT et ça a duré deux saisons. J’ai ensuite rejoint Bentley via HTP Motorsport. On a gagné le championnat Blancpain Sprint Series Cup en 2015 et tout s’est très vite enchaîné. Je suis passé de la structure client à l’usine. C’est une belle marque avec plein d’histoire derrière, je dispute de belles courses, j’adore ça, je suis privilégié et je suis heureux. »
Quel sera votre programme 2019 avec Bentley ?
« Je disputerai les Blancpain GT Series Endurance ainsi que l’Intercontinental GT Challenge. »
En IGTC, vous allez découvrir un nouvel endroit, Kyalami…
« J’aime apprendre de nouveaux circuits. Ce sera ma 4e année en endurance et, en 2018, j’ai découvert Laguna Seca et Suzuka. J’adore voir de nouveaux tracés, surtout quand ils sont mythiques comme celui là et, en plus, loin de chez moi ! »
Avez-vous d’autres projets en tête ?
« Je suis à plein temps pour Bentley, je suis pilote d’usine, c’est mon métier, mais comme mon programme sportif est un petit peu moins chargé, ils me donnent la possibilité de compléter 2019, c’est vraiment cool. J’avoue que j’ai pas mal d’options pour combler mon programme sportif. J’ai déjà été contacté par pas mal de gens, mais je me focalise plus sur des choses qui ont du sens par rapport à ma carrière. Le LMP2 est quelque chose que j’ai toujours voulu essayer, mais en Europe, c’est difficile. Je regarde plus les championnats GT comme les Blancpain GT Series Sprint ou l’ADAC GT Masters. Je ne suis pas fermé, j’aimerais aussi rouler aux Etats-Unis, en IMSA, par exemple, car c’est un championnat qui est en train d’exploser. Je sais que les bons volants sont déjà en train de partir, la saison commençant tôt là bas. Cependant, à court ou à moyen terme, j’aimerais participer à des épreuves comme Daytona ou Sebring. Cette année, ça sera trop court, mais en 2020…”
Le Mans vous intéresse aussi ?
« Je suis jeune, j’ai envie de rouler, j’adore le sport automobile, j’aime gagner des courses. Cependant, je veux faire tout cela dans de bonnes conditions. Les 24 Heures du Mans sont un rêve, bien entendu. Cependant, si c’est pour juste y participer, cela ne m’intéresse pas trop. Faire Le Mans en GTE-Am, par exemple, un peu à la dernière minute, ne me tente pas vraiment. Si je fais quelque chose, c’est pour le faire à fond et gagner, être juste sur la grille n’est pas dans mes objectifs. La seule catégorie pour bien le faire, c’est en GTE Pro. C’est un programme à temps complet, je dois y travailler, mais ça sera sur un futur à moyen terme. Après, si j’ai un appel pour faire Le Mans, je ne dirais pas non, mais je veux y aller pour vaincre. »