Bien malin qui aurait pu prédire le vainqueur des 24 Heures de Daytona. Sur le papier, les prétendants étaient nombreux et compte tenu de l’incertitude de fiabilité des autos de la catégorie Prototype sans oublier une météo pluvieuse durant la nuit, on aurait même pu voir une GTLM s’imposer. La hiérarchie vue depuis le début des essais a finalement été respectée avec un doublé des Cadillac DPi-V.R. Wayne Taylor Racing et Action Express Racing ont animé la course de bout en bout et c’est finalement Wayne Taylor Racing qui s’est offert le Rolex 24 grâce à Jordan Taylor, Max Angelelli, Ricky Taylor et Jeff Gordon (sa 15e sur le tracé de Daytona), le premier depuis 2005. Le dernier drapeau jaune à 28 minutes du damier a permis à Ricky Taylor de combler le handicap sur Albuquerque. A 6 minutes du terme, Ricky Taylor a tenté le dépassement de la dernière chance au Turn 1, envoyant le Portugais en tête à queue. On attendait une pénalité pour le benjamin de la famille Taylor, surtout en voyant la tête de Wayne Taylor devant son écran, mais aussi étrange que cela puisse paraître, rien n’a été donné. 659 tours bouclés pour la Cadillac victorieuse contre 736 au lauréat 2016. Ricky Taylor aura gardé 0.671s sur la ligne d’arrivée pour l’emporter.
En performance pure, les Cadillac ont nettement dominé la concurrence avec les trois DPi-V.R qui ont battu le chrono de la pole. Aucune pénalité n’a été donnée pour ‘sandbagging’. Les Cadillac n’ont laissé que des miettes à leurs adversaires. Sans un problème de sélection de boîte de vitesses, la #31 du Action Express Racing aurait même pu offrir le triplé à la marque américaine. Sur cette #31, il convient de signaler la bonne tenue de Seb Morris, lauréat du Sunoco Challenge, qui a montré de bien belles choses.
La vraie bonne surprise de cette édition nous vient de la Multimatic-Riley Mk XXX, qui n’était sans aucun doute pas la plus rapide, mais qui s’est montrée redoutable sur le plan de la fiabilité. Renger van der Zande, René Rast et Marc Goossens se sont contentés d’enchaîner les tours pour terminer à une boucle de la Cadillac victorieuse. Le meilleur chrono de la Riley est tout de même à 3s des Cadillac. La Multimatic-Riley est la révélation de cette fin janvier.
Du côté des autres LM P2, il y a du bon et du moins bon. On ne peut pas dire que la BOP ait avantagé les ORECA 07 qui ont fait leur possible pour suivre le train de tête. Rebellion Racing et DragonSpeed ont connu quelques pépins (électronique) de jeunesse sur la débutante ORECA 07. Les pilotes n’ont cessé de cravacher pour remonter le handicap, ce qui n’aura pas profité à l’équipe américaine qui a abandonné en début de matinée. Avec un équipage bien moins homogène, JDC-Miller Motorsports a accumulé de l’expérience et profité de la pointe de vitesse de Mathias Beche. Guère plus de chance pour la Ligier JS P217/PR1 Mathiasen Motorsports qui a vite été retardée, elle aussi avec un équipage moins homogène. En venant du Prototype Challenge, JDC-Miller Motorsports et PR1/Mathiasen Motorsports doivent encore comprendre le fonctionnement d’une LM P2.
Outre la Riley-Multimatic, l’autre très bonne surprise concerne la performance des Nissan-Onroak DPi/Tequila Patron ESM. Avec une auto qui manquait cruellement de roulage, l’équipe américaine s’est parfaitement acclimatée à sa nouvelle monture et le travail fourni par Onroak Automotive dans l’urgence a payé comme le montre la belle 4e place de Derani/Sharp/Dalziel à 3 tours des vainqueurs. L’équipage a dû composer durant une bonne partie de la course avec une auto qui manquait de puissance. Sans une sortie de piste de Brendon Hartley durant la nuit, la #22 de Hartley aurait pu connaître un meilleur résultat final. Dans le camp Mazda, seule la #55 a bien figuré jusqu’à un début d’incendie le dimanche matin.
Performance Tech Motorsports seul au monde en Prototype Challenge…
Pour leur dernière apparition aux 24 Heures de Daytona, on ne peut pas dire que les Prototype Challenge aient brillé, si ce n’est par de très nombreuses sorties de piste, notamment les deux autos du Starworks Motorsport que l’on a vu souvent en délicatesse à l’écran. Tout le monde a connu son lot de sortie, mais Performance Tech Motorsports s’en est sorti le mieux, et de loin. James French, Patricio O’Ward, Kyle Masson et Nicholas Boulle n’ont jamais été inquiétés avec une 14e place finale. Il faut descendre au 32e rang pour trouver trace de la 2e PC à l’arrivée avec la #26 du BAR1 Motorsports de Papadopoulos/Mowlem/MerzonHindman/Cheng. BAR1Motorsports a placé sa 2e auto sur le podium. Le choix des couleurs vives sur les deux ORECA-FLM09/Starworks Motorsport n’a pas payé, mais au moins cela aura servi aux autres pilotes pour les éviter sur la piste.
Une magnifique bagarre en GTLM…
La catégorie GTLM nous a offert une fois de plus un très beau spectacle avec une lutte à couteaux tirés entre Ferrari, Ford, Corvette et Porsche. Seules les BMW sont restés hors du coup sur l’intégralité de la course. Avec quatre Ford GT contre deux Porsche, deux Corvette et une Ferrari, la marque de Detroit partait avec l’avantage du nombre. Pourtant, cette diablesse de 488 GTE du Risi Competizione a donné bien du mal à la concurrence. Giancarlo Fisichella, Toni Vilander et James Calado ont fait un travail remarquable en piste. A 40 minutes du damier, les six premiers étaient séparés par 4s, le tout représentant quatre constructeurs différents. Le début de course n’a guère été favorable aux nouvelles Porsche 911 RSR qui sont parties avec des pressions de pneumatiques trop basses. La suite a été bien plus clémente pour la #911 avec un Patrick Pilet en feu en fin de course. Le contact dans la dernière heure entre la Ferrari de Calado et la Ford de Müller a permis à la GT américaine de prendre la tête pour ne plus la lâcher. Battu l’an passé, Ford Chip Ganassi Racing remporte le Rolex 24 grâce à Dirk Müller, Joey Hand et Sébastien Bourdais, soit le même trio que celui qui s’est imposé au Mans en juin dernier. Dirk Müller a été magistral durant son relais final. Trois marques différentes sur le podium avec la Porsche 911 RSR #911 de Pilet/Mako/Werner 2e à 2.9s et la Ferrari 488/Risi Competizione 3e. On trouve les sept premiers en sept secondes.
La Porsche 911 RSR #912 a été retardée par un souci de suspension, mais Estre/Vanthoor/Lietz n’ont pas démérité. Chez BMW, la #24 a vite connu des soucis de boîte de vitesses, de même que la Ford GT #67. La Corvette C7.R a elle aussi perdu le contact avec les leaders, Marcel Fässler étant ralenti par un contact puis un reset qui a pris du temps en piste.
Porsche et Alegra Motorsports sortent vainqueurs en GTD…
La course a été aussi disputée en GTD qu’en GTLM jusqu’au damier et la victoire est revenue à la Porsche 911 GT3-R/Alegra Motorsports de Michael Christensen, Carlos de Quesada, Jesse Lazare, Daniel Morad et Michael de Quesada, pourtant 7e à trois heures de la fin. Ce n’est pas forcément la GTD qu’on attendait sur la Victory Lane mais l’équipage s’est parfaitement joué de la concurrence. Il aura fallu toute l’expérience de Michael Christensen pour contenir les assauts de l’Audi R8 LMS/Montaplast by Land Motorsport de Christopher Mies qui a terminé à 0.293s. Le team allemand qui a fait confiance à Jules Gounon, Connor de Phillippi et Jeffrey Schmidt a rendu une copie parfaite. Pour ses débuts en IMSA, la Mercedes-AMG GT3/Riley Motorsports Team AMG de Bleekemolen/Keating/Farnbacher/Christodoulou monte sur la dernière marche du podium, malgré des essais en demi-teinte pour les AMG GT3. En fin de course, Jeroen Bleekemolen a vu revenir sur lui l’Audi R8 LMS/Stevenson Motorsports de Lawson Aschenbach, mais en vain pour le pilote Audi qui a dû se contenter de la 4e place. Toutes les marques ont mené les débats à un moment, y compris Acura et Lexus pour leurs débuts. Douche froide pour les Ferrari 488 GT3 de pointe qui ont abandonné sur problème moteur. Neuvième place pour la Lamborghini Huracan GT3/Ebimotors de Collard/Perrodo/Babini/Busnelli, deux positions derrière la meilleure des Lamborghini classée, celle du Paul Miller Racing.
Le classement de la course est ici