Grâce à sa politique sanitaire bien étudiée, l’IMSA peut démarrer sa saison avec du public. Une situation qui contraste avec ce qu’on peut voir en Europe.
Après le rallye Monte-Carlo qui s’est déroulé à huit clos, les 24 Heures Motos qui s’annoncent sans public, la Formule 1 qui bouscule son calendrier après une fin de saison aux tribunes vides, on voit bien que les organisateurs d’événements mécaniques sont encore frileux à l’idée d’accueillir des fans au bord des routes ou sur un circuit. Mais aux Etats-Unis, il en est autrement !
Certes, ce week-end à Daytona il n’y aura pas autant de monde que d’habitude. On table plutôt sur 10 000 visiteurs au lieu des 40 000 habituels. Mais avec le paddock la manifestation va tout de même compter 12 000 personnes environ. Les spectateurs devront observer une distanciation sociale de 6 pieds (1,80 m), conserver leur masque en permanence sur le visage, mais ils seront bien là, après avoir payé leur billet ! Avec 147 000 places assises dans les tribunes du Daytona International Speedway, ils ne devraient pas avoir de mal à respecter les règles… En revanche, les attractions qui constituent l’ADN du sport automobile US, telles que la visite des paddocks ou de la grille de départ, tout comme certains points de restauration ne seront pas accessibles. Pourtant, en centre-ville tout est ouvert, y compris les restaurants. Preuve que les américains n’ont pas tous la même vision du sujet.
L’IMSA a déjà fait ses preuves
Avec l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, et les premiers jours passés à détricoter les mesures de son prédécesseur, on s’attendait à ce que les règles se durcissent en termes de capacité d’accueil pour les grandes compétitions, et notamment les courses automobiles. Mais le nouveau pouvoir en place a finalement validé la tenue de la Rolex 24 avec public, les organisateurs ayant apporté les garanties sanitaires nécessaires. Il faut dire que l’IMSA commence à avoir de l’expérience en la matière et a su s’appuyer sur ses partenaires. Après le premier confinement, quand le championnat a redémarré –c’était justement à Daytona en juillet dernier-, la jauge de spectateurs était de 5 000 personnes. En outre, celles-ci devaient justifier du fait de résider en Floride. Comme tout s’était bien déroulé, en octobre, la jauge est passée à 8 000 personnes pour Petit Le Mans sur le Michelin Raceway Road Atlanta, soit seulement 10 % du visitorat habituel.
Les sponsors avaient alors pu organiser quelques réceptifs, et il était possible de se déplacer assez facilement dans l’enceinte du circuit. A Daytona il y aura un peu plus de monde, mais les règles seront plus strictes, avec la mise en place de bulles sanitaires comme le fait par exemple la Formule 1, sans toutefois recevoir de public. Dans ces conditions, le personnel présent sur place ne pourra pas aller en Fan Zone, tout comme les spectateurs devront rester dans leurs tribunes. C’est aussi un peu plus restrictif pour les sponsors, qui devront rester dans un espace dédié avec leurs invités. Pour Michelin, partenaire principal du championnat, les conditions requises sont compréhensibles et mettent en avant le sérieux des organisateurs.
« Les protocoles mis en place par l’IMSA sont très bons, et si on les respecte bien on limite grandement les risques de contamination, indique Tony Ménard, directeur de Michelin Motorsport pour l’Amérique du Nord. De notre côté, nous avons dès le mois de mars dernier appliqué les consignes données par Clermont-Ferrand au niveau mondial. Aux Etats-Unis, Michelin fait partie des entreprises leader en termes de décision sanitaire, et nous avons souvent été pris pour exemple. Concernant l’unité Motorsport qui se déplace sur les courses, nous faisons des points réguliers avec notre responsable de la santé et de la sécurité. On passe en revue le calendrier, et on limite au maximum les déplacements et le nombre de collaborateurs qu’on va exposer. Sur le terrain cela se résume par une autre organisation, mais nous assumons tout ce qui se passe côté business et production. Le plus important pour l’entreprise, c’est les gens. »
Le modèle Michelin a certainement aussi inspiré l’IMSA, qui a aussi intégré sans ses choix les meilleures pratiques des autres championnats, comme par exemple celles de la FIA, dont elle reprend désormais le principe de bulles. La plus grande différence avec l’Europe, voire avec le reste du monde c’est qu’aux Etats-Unis le sport automobile continue d’exister, de recevoir du public tout en permettant aux sponsors de faire du business dans un cadre sanitaire donné. Est-ce que ce serait si difficile d’en faire autant ailleurs ?