Des 24 Heures du Mans Virtuelles ? Quelle drôle d’idée. Annoncée le 15 mai dès la sortie du confinement, les avis sur cette compétition mêlant des pilotes et des gamers étaient partagés. Maintenant que l’événement est passé, on peut clairement dire que c’était un succès et que ceux qui n’ont pas regardé on eu tort.
Faire jouer 200 pilotes de 37 nationalités situés aux quatre coins du monde sur 170 simulateurs n’était pas quelque chose de simple. On peut faire un parallèle entre les 24 Heures du Mans Virtuelles et le film Le Mans 66. Si vous êtes un puriste du Mans à 200%, vous aurez toujours quelque chose à redire sur le long métrage de James Mangold : la météo qui n’était pas comme celle de l’époque, un virage qui n’est pas identique à la réalité, la présence d’Enzo Ferrari au Mans. Pour les 24H du Mans Virtuelles, les contacts n’ont rien à voir avec la réalité, les vibreurs sont escaladés différemment du réel, etc…
On va appeler un chat un chat, tenir plus de 10 minutes à suivre une course virtuelle est le plus souvent un calvaire quand on a l’habitude d’être sur un circuit. Pandémie oblige, pas de course sur circuit. Dans le cas des 24 Heures Virtuelles, c’était autre chose. Plus qu’une course, c’était un événement. La réalisation d’Olivier Denis était parfaite, les images au top et les caméras embarquées bluffantes de réalisme, tout comme le set de The Avener, très appréciable en début de soirée malgré les commentaires des grincheux qui ne voulaient voir que les voitures.
Regarder 16 heures sur 24 d’une course virtuelle n’a pas été un calvaire, bien loin de là. Les nombreuses interviews de personnalités du monde de l’Endurance ont bien aidé à couper le côté virtuel pour laisser place au réel. Les deux drapeaux rouges, une première aux 24 Heures du Mans, ont donné des sueurs froides à tout le monde mais deux pannes sur un événement aussi complexe ne sont même pas à prendre en compte. Personne n’a trop compris la remise en course de Alonso/Barrichello & Co jusqu’à l’explication de la direction de course. Alors, oui vous allez nous dire que Signatech-Alpine Elf qui pousse volontairement Cool Racing dans la voie des stands à cause d’une passe d’essence de Nico Lapierre, c’est n’importe quoi. Ce serait n’importe quoi dans la réalité mais cette petite histoire est quand même belle. Sur cette course, il fallait déconnecter son cerveau de la course réelle. Pas simple me direz-vous mais la réalisation a parfaitement aidé à cela. Voir et entendre des Jackie Stewart, Jacky Ickx, Derek Bell, Roger Penske ou Henri Pescarolo venir parler de virtuel, toujours avec le sourire, est quand même sympa.
Depuis le 15 mai, on aurait aimé être une petite souris pour suivre la préparation de l’événement qui n’a pas dû être simple. Sur la piste, 200 pilotes ont roulé sans la moindre remarque désobligeante de l’un envers l’autre. Charles Leclerc a pu déguster son yaourt à 300 km/h dans les Hunaudières, Olivier Panis a bien roulé malgré ses craintes, Stoffel Vandoorne a été époustouflant, Louis Deletraz a une fois de plus montré sa pointe de vitesse dans un simulateur, Simon Pagenaud s’est offert un changement de simu en direct, Katherine Legge (qui roulait sur un matériel bien loin des équipes de pointe) s’est confondue en excuses après avoir tapé la Corvette/R8G Esports et Nicolas Longuet obligé de délocaliser son simulateur durant la course chez sa grand-mère à 25 km pour avoir une meilleure connexion.
Comme dans la réalité, on a des équipes à l’arrivée dans une position qu’on n’attendait pas forcément. C’est le cas de la Corvette C7.R/R8G Esports qui a terminé à une très belle 3e place en GTE. Que dire également de la 4e place au général de 2 Seas Motorsport ? ByKolles a mis le feu à la qualif’ en allant chercher la pole et l’association Rebellion/Williams Esport a parfaitement fonctionné.
N’oublions pas que ces 24 Heures du Mans Virtuelles ne remplaçaient pas la course réelle. Vendredi à 19h, les chiffres Google Analytics en temps réel sur Endurance-Info étaient quasiment aussi élevés qu’à l’issue de la qualif du jeudi soir au Mans. Hier samedi, le nombre de clics a augmenté de 167,6% par rapport à une journée traditionnelle. La couverture du prochain numéro d’Auto Hebdo mérite une nouvelle fois une Une dédiée aux 24H du Mans Virtuelles.
Allez, on se retrouve tous en septembre au Mans pour les 24 Heures du Mans. Maintenant, place à la piste…