Cette 70e édition des Total 24 Heures de Spa restera forcément dans les annales car peu d’observateurs auraient parié sur une victoire du Walkenhorst Motorsport et un doublé de BMW. Avec 13 marques au départ et près de 25 GT3 en lice pour la gagne, il était de toute façon impossible de sortir un favori à moins d’avoir beaucoup de chance. Tour d’horizon de ceux qui ont gagné et ceux qui ont perdu…
Un succès de plus pour BMW…
Deux ans après le succès du ROWE Racing, déjà avec une BMW M6 GT3, la marque à l’hélice s’est offert un 24e succès dans les Ardennes grâce au team emmené par le concessionnaire BMW Henry Walkenhorst. Si on ne se faisait aucun doute sur la performance de Tom Blomqvist et Philipp Eng, on ne savait pas trop quoi attendre de Christian Krognes, qu’on savait rapide sur la Nordschleife. Le Norvégien est la révélation de cette édition 2018, lui qui est fidèle au team allemand depuis deux ans. “C’est incroyable !” s’est exclamé Krognes à l’arrivée. “Jamais je n’aurais pu imaginer cela en arrivant ici. J’ai toujours cru dans l’équipe et j’avais deux coéquipiers fantastiques, Tom et Philipp, sur qui je pouvais compter. Ce qu’a fait Philipp lors des deux dernières heures était simplement fantastique. Je suis avec l’équipe depuis deux ans, principalement sur la Nordschleife. C’est une équipe jeune et inspirée. Ils veulent tous gagner et cela s’est concrétisé ici.”
Comme l’année passée, la voiture victorieuse est restée en dehors des pénalités avec un brin de chance lors des neutralisations (FCY) et un dernier arrêt joker bien géré. Sur les trois BMW M6 GT3 au départ pour la gagne, deux sont montées sur le podium, la seconde auto du ROWE Racing abandonnant sur un problème de transmission. Jusqu’à maintenant, seules les Total 24 Heures de Spa réussissent au team de Hans-Peter Naundorf.
Du bon et du moins bon chez Audi…
Audi comptait bien fêter le 10e anniversaire de son département compétition-client par un 5e succès à Spa mais Chris Reinke devra patienter. “Malheureusement, ce n’était pas suffisant cette année”, a déclaré le patron de la compétition-client après l’arrivée. “Quelques heures avant le départ de la course, les Audi ont reçu 15 kg de plus. Malgré cela, nous avons pu boucler quelques tours rapides mais nous n’avons pas pu nous battre pour la victoire au général. A la fin, deux BMW ont devancé deux Audi et deux Mercedes.”
On a soufflé le chaud et le froid chez Audi. L’annulation du chrono de la Superpole de Dries Vanthoor puis le stop & go de 3 minutes à quelques heures seulement du départ a jeté un froid dans le camp Audi sachant que Dries Vanthoor ne devait pas disputer la Superpole vu qu’on le jugeait trop rapide (?!?!?!?!). Le sport automobile réserve parfois quelques surprises. WRT a perdu deux de ses trois R8 avec comme meilleur résultat la 8e place de la #2 de Frijns/Rast/Müller, les trois pilotes DTM. Une nouvelle édition à oublier pour le team belge qui jouait pourtant sur ses terres.
Pour être franc, si on avait dû miser une pièce sur un favori, on aurait parié quelques euros sur l’Audi/Saintéloc pour un deuxième succès de suite. Sans un début de panne d’essence le dimanche après-midi, le podium était en vue pour Vervisch/Winkelhock/Haase, même si à la régulière, la victoire aurait été compliquée à aller chercher. Ce qui est sûr, c’est que l’équipe stéphanoise de Sébastien Chétail et Fred Thalamy s’est affirmée, si besoin en était, comme l’une des meilleures équipes GT en Europe. Avec nettement moins de moyens que la concurrence, on a su tirer un avantage sur la piste. Saintéloc est passé tout près d’une deuxième étoile à Spa-Francorchamps. Pour la deuxième année consécutive, les pilotes n’ont pas pris la moindre pénalité.
C’est finalement le Montaplast by Land Motorsport qui a sauvé les meubles pour Audi dès ses débuts sur la classique ardennaise. Sur les neuf Audi R8 LMS au départ, six figurent dans le classement final.
Pas de podium pour Mercedes…
La marque allemande était la mieux représentée avec 13 Mercedes-AMG GT3. On attendait beaucoup des Mercedes, réputées très conservatrices. On en retrouve deux dans le top 6. Black Falcon et AKKA-ASP Team ont porté les couleurs Mercedes sur cette 70e édition. Black Falcon pouvait espérer un podium en fin de course mais un dernier FCY alors que la #4 de Engel/Buurman/Stolz venait de ravitailler a anéanti toute chance de podium. AKKA-ASP Team n’a pas pu décrocher un 3e podium de suite à Spa. La #88 de Marciello/Vautier/Juncadella a été handicapée dès le départ par l’absence du rapport de 6e. Deux des quatre autos du team de Jérôme Policand ont souffert sur la piste.
C’est du côté de la classe Pro-Am que Mercedes trouve sa satisfaction avec deux podiums. Invisibles durant tout le meeting, Buhk/Götz/Parente ont régulièrement été devancés par Buncombe/Fumanelli/Leventis/Williamson (Pro-Am). L’équipage de la Mercedes-AMG #42 a su profiter d’une parfaite maîtrise des premiers FCY pou montrer le bout de son nez parmi les GT3 engagées en Pro. “C’est vraiment bien de monter sur le podium en Pro-Am”, a déclaré Nick Leventis, patron-pilote de l’équipe. “Nous n’avons pas pu nous battre pour la victoire au général car la Ferrari était un peu plus rapide. Nous adorons participer à de grands événements. Nous avons passé de nombreuses années au Mans et la course de Spa est à la hauteur de l’effort d’équipe qui doit être mis en place pour obtenir un bon résultat, donc nous sommes très heureux.”
Et les perdants sont…
Le sentiment est mitigé pour les autres marques. Nissan Team RJN peut tout de même être satisfait de la prestation de sa GT-R GT3 NISMO Spec-2018 puisque Matt Parry, Alex Buncombe et Lucas Ordonez ont égalé le meilleur résultat d’une Nissan à Spa en pointant régulièrement dans le top 5. La 7e place (meilleure place égalée pour Nissan) est la meilleure pour un constructeur non germanique.
Avec une seule Ferrari 488 GT3 pour la gagne, la tâche du constructeur italien était compliquée à Spa. SMP Racing a fait illusion un moment grâce notamment à un très bon Davide Rigon, mais cela n’a pas permis de faire mieux qu’une 10e place finale. Chose assez rare, AF Corse est absent du podium Pro-Am et c’est le Rinaldi Racing qui a sauvé les meubles de la marque italienne. Le team de Michele Rinaldi est reparti avec la victoire en Po-Am et la 3e place en Am.
Si Lamborghini peut être satisfait de ses quatre podiums (doublé en Silver Cup et en Am Cup), la marque de Sant’Agata est passée à côté de sa course pour la victoire au général. A aucun moment le Grasser Racing Team n’a pu contrer les équipes de tête. Le cafouillage dans le stand lorsque Caldarelli a tapé l’arrière d’une McLaren n’a pas rassuré. L’équipe était encore en plein stickage du capot avant lorsque la #63 arrivait à son stand. Deux des trois Huracan GT3 du team autrichien n’ont pas vu l’arrivée. Le salut est venu du Ombra Racing (victoire en Silver Cup), Barwell Motorsport (2e en Silver Cup, victoire en Am) et Target Racing (2e en Am).
Avec une seule McLaren 650S GT3 au départ pour la gagne, la marque britannique savait de toute façon que rafler la mise serait tout sauf facile. La pointe de vitesse de Ledogar/Pla/Barnicoat n’a pas suffi et la 22e place ne reflète pas le potentiel de l’équipage et de l’auto. Le contact avec la Lamborghini n’a pas aidé. On attend maintenant avec impatience la nouvelle 720S GT3 chez McLaren.
Tous les espoirs d’Aston Martin reposaient sur R-Motorsport qui faisaient rouler deux anciennes V12 Vantage GT3 pourtant encore vaillantes mais consommatrices de carburant. La “vieille” Aston Martin reste sur trois poles en Blancpain GT Series Endurance mais Spa n’a pas permis de transformer l’essai en course. Comme McLaren, on attend la nouvelle voiture.
Beaucoup d’observateurs se méfiaient de Porsche même si elles n’étaient que deux pour la victoire. Seul le Manthey Racing a vu le damier mais loin dans le classement, la faute à un problème électrique. L’équipe KÜS Team 75 Bernhard a connu plus de réussite en pointant dans le haut de tableau, mais un accrochage de Laurens Vanthoor avec l’Audi/Aust et la Bentley de Soucek a mis à mal les espoirs de podium.
En arrivant à Spa, on ne savait pas trop quoi attendre de la nouvelle Bentley Continental GT3. La GT3 britannique a montré qu’il faudra compter sur elle à l’avenir. Une des deux Continental GT3 a vu le damier, l’autre connaissant un contact durant la nuit avant d’abandonner sur un accident bien involontaire. Jules Gounon restera comme l’homme le plus vite de l’édition 2018.
Lexus a aussi un goût d’inachevé avec une seule RC F GT3/Emil Frey Racing à l’arrivée. On a bien eu bien peur pour Stéphane Ortelli suite à la sortie et le début d’incendie de la #114. Le Monégasque s’en sort miraculeusement avec quelques blessures. A l’instar de la Bentley, la Lexus sera à surveiller de près l’avenir.
Il ne fallait rien attendre de la Honda au classement général mais la NSX GT3 a vu l’arrivée. Espérons que cette initiative ne reste pas sans lendemain en Blancpain GT Series. Pour sa dernière course de 24 heures, la Jaguar a vu le damier mais la course de la #54 n’a pas été simple.
BMW : 4 au départ, 3 à l’arrivée
Audi : 9 au départ, 6 à l’arrivée
Mercedes : 13 au départ, 10 à l’arrivée
Nissan : 2 au départ, 2 à l’arrivée
Aston Martin : 4 au départ, 3 à l’arrivée
Ferrari : 6 au départ, 6 à l’arrivée
Lexus : 2 au départ, 1 à l’arrivée
Lamborghini : 10 au départ, 6 à l’arrivée
McLaren : 2 au départ, 2 à l’arrivée
Bentley : 3 au départ, 1 à l’arrivée
Jaguar : 1 au départ, 1 à l’arrivée
Porsche : 4 au départ, 3 à l’arrivée
Honda : 1 au départ, 1 à l’arrivée