Porsche devait avoir deux 911 RSR officielles et non plus quatre cette semaine aux 24 Heures du Mans. Finalement, elles seront bien quatre mais au départ des 24 Heures du Mans mais virtuelles. Pour ce nouveau challenge, le constructeur allemand s’est rapproché de Coanda Simsport. C’est dans la ville de Gronau (Allemagne), à la frontière des Pays-Bas, que Porsche Motorsport va contrôler la stratégie des quatre 911 RSR. Tout est prêt chez Coanda Simsport pour accueillir une partie des pilotes. Ayhancan Güven, Josh Rogers, Mack Bakkum et David Willams liment le bitume une bonne partie de la journée. 

« Il n’y a probablement rien de tel », a déclaré Ayhancan Güven, double champion Porsche Carrera Cup France. Le Turc, qui pilotera la Porsche 911 RSR #93 en compagnie de Nick Tandy, Josh Rogers et Tommy Ostgaard, est un ancien gamer de haut niveau. En raison des restrictions de voyage, il a posé ses valises chez Mitchell de Jong, pensionnaire de Coanda Simsport, qui n’a pas pu rentrer des Etats-Unis (de Jong pilotera la Porsche #91).

Philip Stamm, patron de Coanda Simsport, a mis en place tout un environnement pour les pilotes de sim. Stamm, âgé de 34 ans, a développé lui-même une partie de la technologie, y compris un volant spécial en partenariat avec Virtual Racing School. « Le volant ‘Direct Force Pro’ est entraîné par son propre moteur, il ne nécessite donc pas de transmission par courroie », explique Stamm. « Cela offre une direction avec une meilleure résistance et elle répond sans décalage, ce qui rend la conduite beaucoup plus authentique. C’est aussi plus facile pour les pilotes de sim moins expérimentés. Nick Tandy a énormément bénéficié des avantages du volant ‘Direct Force Drive’. » 

Stamm a également conçu les pédales spécifiques pour les quatre simulateurs même si elles sont encore au stade de prototype. Celles-ci peuvent être ajustées individuellement. La partie informatique a elle aussi été conçue pour une meilleure vitesse. Les moniteurs offrent un taux de rafraîchissement de 165 Hertz et une solution Nvidia G-sync élimine le déchirement de l’écran si le signal d’entrée ne parvient pas à fournir les 165 images par seconde nécessaires, bien que les quatre moniteurs par cockpit utilisent une carte graphique avec une mémoire vidéo de 11 gigaoctets. Un processeur Intel i9 à cinq cœurs fonctionne à 5 GHz. Les quatre ordinateurs sont identiques dans les moindres détails et sont connectés à un réseau partagé, avec toutes les données envoyées au centre de commande dirigé par Philip Stamm. 

« Comme dans les courses réelles, l’analyse des données joue un rôle essentiel si vous voulez réussir dans les courses sur simulateur », souligne Stamm. « Nous examinons toutes les informations qui sont également importantes dans le vrai véhicule. Et la Porsche 911 RSR, qui participe aux 24 Heures du Mans Virtuelles, contient beaucoup plus de données que la 911 GT3 Cup que nous utilisons normalement. Nous pouvons ajuster tous les paramètres, les comparer avec les performances individuelles des pilotes. C’est ainsi que nous résolvons les différences et trouvons des points à améliorer, comme dans la réalité. Sauf que nous n’avons pas à attendre la fin d’une session. Nos debriefings sont en live car nous ne sommes liés à aucun planning de préparation. » 

Coanda Simsport est habitué à utiliser iRacing mais pour cette course du Mans, la plateforme est rFactor 2, réputée plus complexe. « Au moment où j’arrive à Arnage, je dois annoncer l’arrêt pour le carburant pendant que je roule et je dois aussi organiser tout ce qui doit être fait », explique Güven. « Passer de l’un à l’autre pilote à mettre la quantité de carburant nécessaire, voir s’il faut changer les pneumatiques, et si oui, quel type. Avec iRacing, l’ingénieur de course le fait. Avec rFactor 2, il n’a pas accès au véhicule. Dans le même temps, je ne dois pas oublier d’activer le limiteur de vitesse à l’entrée de la voie des stands et je dois arrêter la voiture à un endroit bien précis pour ne pas perdre de temps. »