4 avril 2012, Nogaro : Le tracé gersois ouvrait le championnat FIA GT Series, monté après la fin du World GT1. Le patron de SRO Motorsports Group a dû séduire pour monter une grille de 18 autos pour le coup d’envoi.
Cette année, Stéphane Ratel Organisation fête son 20ème anniversaire. Le Président de SRO n’a certainement pas encore eu le temps de souffler les 20 bougies du gâteau d’anniversaire, étant trop occupé à mettre sur pied le Championnat du Monde GT1 mouture 2012. Après deux années passées avec les monstrueuses et magnifiques GT1, place aux GT3. Si durant l’hiver on a bien cru que l’affaire allait capoter devant le manque d’annonces, le championnat est bien sur pied. On connaît la ténacité de Stéphane Ratel, et 18 autos seront bien sur la grille de départ dimanche à Nogaro pour le coup d’envoi. A l’heure où les GT2 ne sont plus sous les feux de la rampe, même si on parle de l’arrivée possible de Audi, Nissan et Honda, ce sont bien les GT3 qui sont les reines des catégories GT actuelles. On peut dire sans se tromper que le GT3 est « copyright SRO », alors que tout le monde pensait en 2006 que les GT3 ne seraient qu’un feu de paille. Six ans plus tard, tous les championnats s’y sont mis, exceptés les labels Le Mans qui traînent encore les pieds, même si… Avant le coup d’envoi de la saison 2012, Stéphane Ratel fait le point avec nous sur les différents championnats.
Les nuits ont été courtes ces derniers temps ?
Stéphane Ratel : « (Il réfléchit) Oui on peut dire ça mais on oublie vite la recette car seul le résultat compte. Nous aurons bien les 18 autos promises ce week-end à Nogaro pour les Coupes de Pâques. C’était un pari insensé mais il est tenu. Je ne vais pas dire que cela a été facile de tout mettre en place. C’est ce que je voulais depuis des années et personne ne me croyait. Il a fallu attendre plus de temps que prévu mais nous y sommes parvenus. Faire ce championnat avec des GT3 plus « sonorisées » permet d’avoir plus de lisibilité et je suis convaincu que le produit sera un succès. Nous voulons que ce championnat soit professionnel, ce qui fait que si l’on ne met pas de gentlemen drivers dans les équipages, qui paie la différence ? C’est cela la grande question. On voit que la catégorie Pro-Am fonctionne à merveille en Blancpain Endurance Series. Il faut donc trouver les financements nécessaires. »
On voit pas mal de jeunes pilotes cette saison en World GT1…
« Oui les jeunes arrivent de plus en plus vite en GT car les séries typées monoplace sont très chères. Les jeunes pilotes ont les dents longues et je suis ravi que nous en ayons plusieurs qui sont promis à un bel avenir. »
Vous êtes satisfaits du plateau ?
« SRO n’a plus rien à prouver en matière de GT. Il est clair qu’une marque de plus serait bien. Il a fallu monter un plateau de 18 autos et cela n’a pas été simple, surtout compte tenu de la situation économique globale. Je suis quelqu’un de tenace et je vais au bout des choses. »
Le championnat fait la part belle aux manches hors d’Europe. C’était une volonté ?
« Les pays émergents sont devenus incontournables. Selon moi il faut la réunion de trois choses pour que la mayonnaise prenne : des autos de luxe, des pays émergents et des équipes indépendantes. C’est pour moi la recette du succès. On ne peut pas ignorer des pays comme la Chine, la Russie ou l’Inde pour ne citer qu’eux. Le monde du sport automobile n’est plus seulement en Europe. Malheureusement, nous n’irons pas en Argentine cette année car le nouveau gouverneur en place est plus attiré par le cyclisme que par le sport automobile. Ce sont les fluctuations politiques et nous n’y pouvons pas grand-chose. »
Pourquoi avoir gardé le nom World GT1 et non pas World GT3 ?
« On ne change pas un nom pour un simple changement de catégorie. Dans les années 50, la Formule 1 a bien fait rouler des Formule 2 et ce n’est pas pour cela que l’on a baptisé le championnat Formule 2. Le changement est simplement technique et il n’est pas question de modifier quoi que ce soit au niveau de l’identité. Nous avons fait 13 ans avec le FIA-GT et je compte bien faire encore plus avec le World GT1. »
Faut-il s’attendre à des modifications dans les années à venir ?
« Il n’est pas prévu de rester en GT3 de cette manière. Je souhaite que l’ensemble des équipes passe aux freins carbone, avec plus d’aéro sur les autos. L’idée est d’avoir des GT qui ressemblent à ce que l’on avait en GT1, sans que cela coûte le même prix des GT1 de l’époque. A ce moment-là, je n’ai été freiné que par l’aveuglement de certains constructeurs. J’ai encore en mémoire une discussion que nous avions eu ensemble sur ce même sujet. C’était en 2008 soit deux ans après l’arrivée des GT3 sur le marché. Je voulais déjà mettre en place un Championnat du Monde réservé aux GT3, mais Aston Martin, Porsche et Ferrari n’ont pas voulu suivre, pensant que le GT2 avait encore de l’avenir. Nous avons voulu mettre en place un Championnat d’Europe GT2 et cela n’a pas fonctionné. J’ai vite compris qu’il n’y avait pas d’avenir pour le GT2. Il faut suivre la réalité du marché. Le concept du GT3 est moins cher avec des autos qui sont plus rapides. Nous avons juste perdu du temps. »
« Il y a eu ensuite les deux années GT1 avec de très belles courses à la clé. Le problème est que nous avons trop écouté les ingénieurs partis sur des dogmes dépassés. J’ai toujours voulu mettre sur pied un championnat marketing et non technique. Il faut se battre pour prouver que l’on a raison. Le format est des plus clairs et il est le même avec les GT3. »
Des rumeurs parlent d’une arrivée possible de GT3 dans un championnat badgé Le Mans. C’est un peu un revirement de situation si cela devait se faire ?
« Je suis désolé mais le GT n’a rien à faire derrière des LMP2. Il y a toujours eu des suiveurs derrière des décideurs. Il n’y pas de place pour les GT3 dans ce genre de championnat. L’European Le Mans Series est une très belle série où les LMP2 sont là pour la gagne et il ne faut que des protos, pas de GT. »
Venons-en à la Blancpain Endurance Series. On peut dire que c’est le carton plein…
« Je dois avouer que c’est la première fois de ma carrière que des équipes sont prêtes à venir se mettre dans le paddock pour attendre de voir si l’une ou l’autre ne va pas déclarer forfait et prendre sa place. Nous aurons 56 autos à Monza dans une seule catégorie. En Europe il faut des produits clairs et la série Blancpain est légitime pour du GT Endurance. D’ailleurs pourquoi ceux qui roulent dans nos séries iraient voir ailleurs ? Pour le moment, notre problème vient du nombre d’engagés en Championnat d’Europe GT3. Dans chaque famille nombreuse, il y a souvent un enfant malade et chez nous c’est actuellement le FIA-GT3. Nous avons connu cela avec le British GT. A force de persévérance, le nombre d’engagés est nettement remonté et nous ne doutons pas qu’il va en être de même avec le FIA-GT3. Il est prévu 18 autos au mieux cette saison. Nous avons quelques idées pour 2013, avec pourquoi pas la mise en place de juniors teams. »
Ce championnat a donc toujours une légitimité ?
« Il n’est aucunement question d’arrêter. Si nous réussissons, il y aura plus d’implication des constructeurs. Des équipes peuvent débuter par le FIA-GT3 avant de passer à l’échelon supérieur et le World GT1. D’autres marques sont intéressées pour venir en GT3. »