25 ans SRO : le championnat FIA GT Series prend ses marques

FIA GT Series 2013 Nogaro

2 avril 2013, Nogaro : Les Coupes de Pâques lançaient le championnat FIA GT Series axé sur les manches européennes. A cette occasion, Stéphane Ratel était revenu avec nous sur la fin du World GT1.

Après trois saisons passées dans le giron de la FIA avec un Championnat du Monde GT1, Stéphane Ratel change de cap cette année avec les FIA GT Series. Pour faire court, on garde un label FIA, le même format que par le passé, les mêmes autos, mais avec un championnat plus européen. On ne parle plus de deux autos par marque mais bien d’une grille ouverte. Le coup d’envoi a été donné à Nogaro à l’occasion des traditionnelles Coupes de Pâques où le public est venu en masse pour voir rouler Sébastien Loeb et ses compères. La présence du nonuple Champion du Monde WRC a très certainement aidé au lancement de la série, avec l’arrivée du championnat sur de multiples canaux télévisés. Après Valentino Rossi en Blancpain, SRO fait dans les icônes qui sont en plus très loin d’être des « Am » dans le baquet d’une GT.

Il est trop tôt pour juger le niveau du FIA GT Series mais ce que l’on a vu à Nogaro nous a plu. Des teams de renom, des structures bien présentées, des pilotes de talent et du spectacle en piste. Dans moins de deux semaines, le staff SRO sera à pied d’œuvre à Monza pour la Blancpain Endurance Series qui joue « sold out ». Jouer à guichets fermés par les temps qui courent est du domaine de l’utopie, mais c’est bel et bien réel. De plus, le British GT a terminé sa période de purgatoire et là aussi les grilles sont pleines, ce qui en fait selon nous le championnat national GT le plus relevé d’Europe. Toutes ces bonnes nouvelles ont de quoi satisfaire Stéphane Ratel, président de SRO, même si le géniteur de la catégorie GT3 reste prudent.

La satisfaction est de mise après ce premier meeting ?

« Le meeting était bien préparé et les teams ont fait les choses bien. C’est magnifique pour les débuts du championnat. C’est l’année où l’on peut faire connaître la série au plus grand nombre, notamment grâce à Sébastien (Loeb). De plus, il s’est mis à remporter la première course. C’est lui qui a fait le dépassement pour prendre la tête de la course qualificative. J’ai de quoi être un promoteur heureux. Le championnat s’annonce disputé sachant que le lieu du dernier meeting sera annoncé sous peu. L’objectif est d’avoir une aide maximale pour les teams et nous avons une belle opportunité. »

Le nombre d’engagés est satisfaisant en FIA GT Series ?

« Avoir 24 autos est un bon départ même si nous aurions pu en avoir un peu plus. Il est dommage que Vita4One Racing Team et Saintéloc Racing n’aient pu être de la partie. C’est totalement inattendu pour le team de Michael Bartels et l’absence des troupes de Sébastien Chétail est due à la non homologation du kit 2013 de l’Audi R8 LMS ultra. Nous attendons d’autres équipes au gré des meetings, et pas des moindres. J’ai bien conscience que l’avenir se joue en partie sur les prochaines épreuves. Je sais que tout peut décoller. Il y a plusieurs écuries qui travaillent pour nous rejoindre. Il va être intéressant de voir comment le championnat va se développer. »

Il y a toujours un classement prévu cumulant FIA GT Series et Blancpain Endurance Series ?

« Oui avec le Pirelli GT Trophy. Le vainqueur Pro-Cup se verra offrir un prix qui sera dévoilé rapidement. Nous discutons avec un autre partenaire pour avoir la même chose en Pro-Am. A terme, l’objectif est de réunir un maximum d’équipes dans les deux championnats. »

Pourquoi ne pas avoir seulement gardé la Blancpain Endurance Series qui connaît un franc succès ?

« Les équipes que nous avons en FIA GT Series ne sont pas forcément en Blancpain Endurance Series. Le Championnat d’Europe GT3 a tenu le cap avec une quarantaine d’autos et nous continuons dans cette optique en réunissant World GT1 et European GT3. De plus, avoir seulement cinq manches Blancpain n’est pas assez pour garder tout le staff SRO. J’ai des gens merveilleux qui m’entourent et je me vois aussi dans l’obligation d’avoir autre chose en complément. »

Le Championnat du Monde GT1 n’aurait-il pas mieux fonctionné avec plus de deux autos par marque ?

« Je continue de penser que le World GT1 aurait pu fonctionner avec deux autos par marque. Le château de cartes s’est effondré. J’ai conscience que le concept est assez unique. Pour un rêveur comme moi, c’était l’idéal. Le coût du titre mondial était trop important et il était très compliqué de réunir plus de 12 autos en Pro. Il a donc été décidé de combiner les forces des deux championnats. C’est d’ailleurs ce qui était prévu si la Commission avait accepté ma demande faite initialement. La capacité des équipes à aller au bout du monde est devenue trop compliquée. Il faut faire de l’aérien car mettre des autos et du matériel dans des containers est plus dur à gérer. Nous avons mis en place un format qui ne demande qu’à se développer même si on doit rester prudent. On a su s’adapter ! En BPR on a connu des saisons comprenant 13 courses, en FIA GT 11 à 12. Nous réduisons la voilure cette année car il faut s’adapter à la crise. »

Les retransmissions télévisées sont en hausse, ce qui montre qu’il est encore possible de séduire avec du sport automobile autre que la F1…

« Sans avoir un Championnat du Monde FIA, il est possible de redistribuer une partie du budget pour avoir la télévision. Il est vrai qu’avec des ambassadeurs comme Loeb et Rossi, ça aide. Caca Bueno est une vraie star au Brésil, ce qui nous a amené Sport TV. C’est la grande chaîne de sport au Brésil. On espère d’ailleurs une autre annonce sous peu. »

La Blancpain Endurance Series s’annonce elle aussi sous de bons auspices ?

« Nous sommes en « surbooking » même si nous savons bien que l’on peut perdre quelques unités au gré des courses en fonction des casses mécaniques. C’est pour cela que nous allons mettre en place une liste d’attente. Le championnat Blancpain est quelque chose d’incroyable. »

La catégorie GT3 est devenue un succès planétaire…

« C’est le produit idéal et la revente des autos est bonne. Il y a une vraie circulation des voitures GT3, ce qui est assez rare en sport auto. Bien sûr, les sceptiques sont toujours là. Je me suis battu pour stopper les évolutions et c’est un chantier que je ne vais pas lâcher. J’ai cédé face aux constructeurs jusqu’à présent, mais ça ne va pas durer. »

Votre avis a-t-il changé suite à la réflexion engagée par la FIA et l’ACO pour le futur du GT ?

« Je défends le GTE qui a lieu d’être. C’est une formidable catégorie qui sera encore disputée cette saison. Le Championnat du Monde d’Endurance a un plateau magnifique et les 24 Heures du Mans réservent de belles batailles avec Corvette, Ferrari, Aston Martin, Porsche et Viper. Vouloir castrer la catégorie GT ne correspond pas à la réalité du marché. La catégorie GTE permet aux constructeurs de se mesurer entre eux. Les GTE sont pour les constructeurs et les GT3 dépendent d’une BOP avec l’aide de la FIA. Il y a deux marchés assez clairs et il n’y a pas besoin de tuer la concurrence pour grandir. Les produits sont différents. »

Le British GT a mangé son pain noir avec une grille 2013 bien garnie. C’est aussi une belle satisfaction ?

« De 12 autos, nous sommes passés à 34. Le niveau est très relevé et l’équipe d’SRO a fait un super travail pour redresser la barre en étant intransigeant sur le système Pro-Am. Nous avons M-Sport qui s’entraîne avant la Bentley GT3. On aimerait bien en avoir une en Blancpain Endurance Series avant la fin de saison. Chaque marque amène de nouveaux teams d’horizons divers et il en est de même avec Bentley et M-Sport. Fortec Motorsports et ART Grand Prix arrivent par exemple de la monoplace. Cela fait 20 ans que j’entreprends dans le domaine du GT. Il faut maintenant consolider le tout. »

Le public est aussi un facteur à prendre en compte dans les différents championnats…

« Il nous faut faire grandir les évènements et nous voulons du public. Avec la Blancpain Endurance Series, nous sommes arrivés au programme parfait avec l’arrivée des 1000 km du Nürburgring. L’objectif reste le même : il faut des spectateurs. Nogaro n’est pas un circuit de Formule 1 mais le public est venu en masse. Nos championnats ont toujours bien marché dans le Gers. Les meetings FIA GT Series se déroulent sur des circuits à taille humaine alors que le championnat Blancpain fait la part belle aux tracés plus réputés. »