24 août 2012, Silverstone : Stéphane Ratel faisait le déplacement à Silverstone pour la manche FIA WEC. Il nous parlait de la fin du GT1 et du fait d’avoir porté la croix jusqu’au bout du chemin.
Dans quelques jours Stéphane Ratel sera en Russie pour y voir le premier meeting GT organisé sur le tout nouveau Moscou Raceway qui marquera le septième rendez-vous de l’année du Championnat du Monde GT1. Si le Président de SRO Motorsports Group connaît un franc succès avec sa Blancpain Endurance Series, c’est en revanche un peu plus compliqué en World GT1 et European GT3 avec des plateaux de plus en plus squelettiques. C’est à Silverstone dans le cadre du Championnat du Monde d’Endurance que l’on a fait le point avec Stéphane Ratel sur le présent et l’avenir des deux championnats malades.
Stéphane, c’est un peu une surprise de vous voir ici, non ?
« Pas vraiment car je suis ici en voisin. Je suis un vrai passionné, donc tout m’intéresse. De plus j’ai de très bonnes relations avec l’ACO, le WEC et notamment Gérard Neveu. Il aurait été dommage de ne pas venir et je prends du plaisir à regarder. »
Quelles sont les dernières nouvelles du Championnat du Monde GT1 ?
« On porte la croix jusqu’au bout du chemin ! Il y a toujours des discussions concernant le meeting de Delhi. Le week-end slovaque a été très intéressant et la Russie va être une grande première. Nous sommes très contents d’aller au Nürburgring et on espère une certaine émulation pour remonter la grille de plusieurs unités. Il y aura une dizaine d’autos en Russie où le Championnat d’Europe viendra renforcer le plateau, ce qui fait que nous dépasserons les vingt autos. Nous espérons en avoir 26 à 28 au Nürburgring. »
N’aurait-il pas mieux valu mettre un terme aux deux championnats prématurément ?
« J’aurais pu effectivement choisir cette option et tout arrêter, mais j’ai voulu aller jusqu’au bout. Les teams qui nous font confiance ont des contrats qui les lient avec des partenaires et on se doit de respecter les équipes qui nous donnent cette confiance. Il faut finir et repartir sur d’autres bases. Cela n’a pas marché. C’est un peu comme une catastrophe aérienne. Il n’y a rarement qu’un seul facteur, mais une multitude. »
Pourquoi cela n’a pas marché ?
« Aller rouler autour du monde coûte beaucoup d’argent. La télévision et les spectateurs vont vivre une série, et sur ces sujets cela devient de plus en plus compliqué. Sans avoir la présence de constructeurs, la charge liée à la FIA est trop importante sur le plan financier. Un label mondial est fait pour les constructeurs, mais pour cela il faut qu’ils suivent. Je reste en revanche convaincu que l’on peut avoir de très belles courses de sprint dans un championnat mondial qui ne doit pas être exclusivement réservé à l’Endurance. Il suffit de voir la qualité des courses World GT1 de 2010 et 2011 pour s’en convaincre. Il faut aussi travailler avec les pays émergents, ce qui n’est pas simple. J’ai essayé mais cela n’a fonctionné qu’en partie. Aller rouler par exemple en Argentine à San Luis était quelque chose de sensationnel. C’était la même chose pour la Chine. Je vais maintenant me recentrer sur ce que je sais faire c’est-à-dire les courses européennes. Le championnat sprint GT va se faire. »
Quel est le premier retour des équipes sur ce nouveau championnat ?
« Pour le moment il faut voir si on va l’ouvrir comme on peut le faire en Blancpain Endurance Series ou avoir des teams qui aligneront deux autos par marque. Pour le moment rien n’est figé et on se donne jusqu’à fin septembre pour prendre une décision. Nous en saurons plus à l’occasion des meetings du Nürburgring où les équipes seront toutes présentes. Les écuries actuelles qui roulent en World GT1 sont favorables à l’idée. Disons que le socle est là. L’idée plaît mais il faut tout mettre en place. Des discussions sont aussi en cours pour avoir un sponsor titre afin d’avoir un nom qui brille. »
Quel avenir pour le GTE selon vous ?
« L’avenir du GTE est entre les mains du WEC. Si ce championnat fonctionne, alors pourquoi pas. J’ai prouvé pour ma part que le GT3 était une valeur sûre. Il faut s’occuper de cette catégorie et ne pas trop la réglementer. La Balance de Performance doit être au centre car le GT3 est un produit marketing. Bien sûr que l’on aimerait avoir des GT3+ qui font plus de bruit avec un look rappelant les GT1 mais pour le moment nous sommes convalescents et chaque chose en son temps. Nous devons remonter la pente petit à petit. »
Vous ne pensez pas que les deux championnats (sprint et endurance) vont dépeupler les séries nationales ?
« Il y a de la place pour tout le monde. Je ne pense pas que cela va changer grand-chose. Si l’on prend l’exemple du Nürburgring où on espère plus de vingt autos, cela ne va rien modifier à un quelconque championnat national. Pour nous, il est clair que les teams pourront faire les deux séries en ne changeant que les autocollants. Pour le reste, tout sera identique. »