3 juillet 2010, Paul Ricard : Stéphane Ratel faisait le point avec nous sur les débuts du Championnat du Monde GT1, la disparition des GT1 aux 24 Heures du Mans et le développement du GT3.
Pour la reprise du Championnat du Monde GT1, sur le circuit Paul Ricard HTTT, Stéphane Ratel a fait le point. Le Président de SRO est revenu sur la première partie de saison, dont la balance de performance, mais aussi sur le futur de la série, que ce soit au niveau du calendrier ou de l’arrivée de nouveaux constructeurs. Il a évoqué également l’avenir du FIA GT3, mais aussi la décision de l’ACO de ne plus autoriser les GT1 au Mans.
« C’est un long rêve qui est devenu réalité » rappelle Stéphane Ratel. « J’ai d’ailleurs félicité les teams hier lors du briefing : ils ont tous fait de gros efforts, notamment au niveau de la présentation des hospitalités et des stands, qui est de mieux en mieux. Le niveau des pilotes augmente également, avec des pilotes comme Olivier Panis ou Ricardo Zonta ce week-end. On progresse dans la compétitivité. C’est l’aboutissement d’un long travail, mais aussi le début de quelque chose. Il y a encore beaucoup à accomplir… Notre but est de devenir l’un des principaux championnats. »
On le voit, l’homme qui est à l’origine du Championnat du Monde GT1 est à la fois satisfait et ambitieux. Il n’en occulte pas moins les « problèmes » qui ont surgit durant les premiers meetings. « La balance de performance n’a pas été facile à trouver » avoue-t-il. « C’est l’un des ingrédients clés du GT. Ce n’était pas évident de trouver le bon équilibre entre les voitures de nouvelles et anciennes générations. Il y a également l’intégration d’un progrès, car je considère que c’est un progrès, avec l’ECU (boitier électronique standard). Ce système permet de contrôler la performance et de bannir le traction control. Il a causé quelques problèmes, notamment pour les anciennes autos. Mais je pense que depuis Brno la balance est bonne, et on l’a vu avec une compétition disputée. On le voit encore aujourd’hui avec cinq des six marques dans le Top 8. »
Prendre le meilleur de chaque série…
Comme il en l’habitude, Stéphane Ratel est revenu sur l’acte de naissance du GT1 World Championship. Le pourquoi du comment en quelque sorte… « Notre but a été de prendre le meilleur des meilleures séries » précise-t-il. « Nous avons pris la clarté de la F1, avec deux voitures par team, les mêmes couleurs, les numéros qui se suivent et pas plus de 24 autos. Cela simplifie la compréhension pour le public. Pour ce qui est du tourisme, nous avons pris le format, avec des courses courtes. C’est plus excitant. Ensuite, nous nous sommes inspirés de la Nascar, pour la balance de performance, avec des règles simples et peu couteuses. Comme pour le Moto GP, nous voulons avoir plusieurs championnats sur un seul meeting, du GT3 au GT1. Enfin, de l’Endurance, nous avons pris le système de deux pilotes. Cela permet à la marque qui gagne d’être mise en avant, plutôt qu’un pilote. »
La « marque », un terme cher à Stéphane Ratel, qui a toujours souhaité apporter une nuance à l’appellation constructeur. « Nous voulons des marques qui construisent des autos et qui soutiennent les teams, mais on ne veut pas d’engagement officiel » explique-t-il. « D’ailleurs, la FIA veut être certaine que l’argent ne vient pas des constructeurs. Nous espérons avoir plus de marques, mais nous n’irons pas à plus de 24 concurrents. Nous verrons qui remplacent les anciennes voitures à l’avenir. Si on reste à six marques, ce sera toujours quatre autos par marque. Mais mon rêve, ce serait d’avoir onze marques et deux voitures par marque. »
Une nouvelle marque en 2011 ?
Aujourd’hui, Ford, Lamborghini et Nissan sont présents avec des GT1-2010, tandis que Aston Martin, Corvette et Maserati alignent des modèles d’ancienne génération. La situation peut-elle évoluer la saison prochaine. Oui si l’on en croit le grand argentier du Championnat du Monde GT1 : « Pour 2011, si une nouvelle marque veut s’inscrire, elle devait se déclarer intéressée avant la fin juin. Un constructeur l’a fait, dont je ne peux pas communiquer le nom, en plus d’une initiative privée, visant à développer l’Alpina. Si nous y voyons un intérêt, si certains teams sont intéressés par ces autos, nous les proposerons à la commission GT.
« Matech mène le championnat : c’est la preuve qu’il ne faut pas forcément qu’un constructeur soit directement engagé. Je pense que l’Alpina peut ainsi être tout aussi victorieuse que Matech. D’ailleurs, chaque GT3 peut être une bonne GT1. Il faudrait deux mois et des moyens raisonnables pour faire une Audi R8 GT1. »
Bientôt les USA et la Chine !
Au niveau du calendrier, des ajustements devraient être apportés, comme il le souligne : « Nous souhaitons aller vers deux marchés importants. Les Etats-Unis, où je suis plutôt confiant qu’il y aura aune course en 2011. La China, où je suis également optimiste pour l’an prochain. C’est le début de tout car il faut un calendrier établi pour ce que veulent les constructeurs. Il doit y avoir le Golfe et l’Amérique du Sud. On aurait alors un calendrier global pour attirer des constructeurs. Il ne manque que la Russie, mais le marché n’est peut être pas encore prêt. J’espère pour l’horizon 2012/2013. »
A propos du programme 2010, une interrogation subsiste toujours sur le meeting de Durban, en Afrique du Sud : « Nous sommes dans l’attente d’une réponse pour l’homologation de la piste. A l’origine, ce devait être l’ancien circuit emprunté par le A1 GP. Mais compte tenu de la Coupe du Monde, un nouveau stade a été construit et les routes ont été modifiées. Il fallait donc trouver un budget supplémentaire pour modifier le circuit. Puis après la course à Marrakech, la FIA ne voulait plus trop d’épreuves en ville. Il a fallu revoir certaines choses, comme les dégagements. Ça me concerne aussi car je ne veux pas voir des voitures cassées qui pourraient compromettre la tournée en Amérique du Sud. Le Maire de Durban a dit publiquement qu’il voulait voir le Championnat du Monde dans sa ville. Politiquement, c’est OK. Nous attentons la réponse semaine prochaine. »
Merci l’ACO…
Stéphane Ratel a par ailleurs été questionné sur le choix de l’ACO de ne plus autoriser les GT1 aux 24 Heures du Mans et dans les séries Le Mans. Sa réponse est on ne peut plus claire : « La décision de l’ACO, c’est a meilleure nouvelle que je pouvais avoir. J’ai toujours voulu un produit unique. Avec le GT1, c’est fait. L’ACO veut que les P1 soient plus rapides que les P2, que les P2 soient plus rapides que les GT1… Cela nous a contraint à réduire la performance des GT1. Aujourd’hui, nous ne sommes plus obligés de les écouter. Quand nous en avions parlé, dès le début du projet GT1, le Président de l’ACO nous avait dit qu’il y avait toujours eu du GT1 et du GT2, et que cela continuerait. Ils ont participé à toutes les réunions, puis ils décident d’arrêter le GT1. Ils changent tout le temps d’avis. Nous avons une vision à long terme. Ils font leur chemin, pas de problème de mon côté. C’est une bonne nouvelle pour nous. »
Voilà pour le GT1. Le GT3 est aussi à l’ordre du jour avec un plateau réduit si l’on se réfère aux saisons précédentes. « L’économie est difficile en Europe » concède Stéphane Ratel. « Cela ne concerne pas une catégorie, mais le sport mécanique en général. En Le Mans Series, il y aura 32 voitures pour cinq catégories à Portimao. Nous avons 28 GT3 ici. On a simplement besoin d’une nouvelle Ferrari, ce qui représenterait six autos de plus. Le GT3 continue son développement, avec Mercedes. Il y aura en conséquence entre quatre et six voitures supplémentaires. On a simplement besoin d’une meilleure économie. L’Europe n’est pas le meilleur marché actuellement. »
Il poursuit : « Le GT3 a un gros potentiel. D’ailleurs, le GT3 est la formule qui a connu le plus de succès, et l’ACO n’a rien à voir là dedans Cela représente un marché pour les constructeurs, avec maintenant le Japon. Quand une marque construit un modèle pour le GT3, elle peut en vendre 20, 50, 100… C’est synonyme de bons de commandes et cela lui permet de rentabiliser les coûts pour développer une GT1. Le GT3 permet de vendre alors que le GT1 permet de faire de la promotion de la marque. C’est la parfaite combinaison. »
GT1, GT3… Quid du GT2 qui semble parfait pour les séries de Le Mans. « Nous allons introduire un nouveau projet à Spa » confie Stéphane Ratel, qui conclut. « C’est en cours de finalisation. Ce sera annoncé à Spa, à l’occasion de la traditionnelle conférence de presse. Ce sera un projet « mixte ». »