Deuxième volet de l’interview de Scott Atherton réalisée en 2015. Le président de l’IMSA nous parle de ses relations avec l’ACO et de sa vision du sport automobile.
Votre plus grande réussite ?
« Le résultat le plus satisfaisant a été le processus de l’arrivée de Honda/Acura en American Le Mans Series. Cela a débuté par une poignée de mains et des discussions trois années plus tôt au Salon de l’Auto à Détroit. Cette première prise de contact a abouti à la possibilité de faire une présentation officielle au siège en Californie. Robert Clarke en a pris conscience et nos relations se sont développées. Un groupe venant du Japon y a également participé. Tout est arrivé lorsque Robert a appelé pour dire qu’il avait le feu vert du programme. Ce fut un moment incroyable parce que nous avions aussi Audi, sans oublier Porsche avec Penske. Faire partie de ce processus qui est parti d’une poignée de mains au Salon de l’Auto à Détroit pour arriver au résultat final fait que c’est ce que je retiens le plus. »
Et la collaboration avec l’ACO ?
« Les premiers jours de l’American Le Mans Series ont été contrôlés d’une façon assez rigide de la part de l’ACO. C’était la première fois que l’ACO autorisait la marque Le Mans et ils étaient extrêmement protecteurs. Chaque week-end, nous avions trois, quatre, cinq et même jusqu’à six personnes de l’ACO. Chaque étape de Charlie Cook faite lors des vérifications était surveillée. Comment allions-nous présenter cet événement et le référencer à la télévision ? C’était très difficile.
« Je me souviens de la première fois où nous les avons approchés avec l’idée de mettre un partenaire titre pour Petit Le Mans, la réponse a été négative. « Ce qui n’est pas possible est interdit. » C’est la fameuse citation en agitant le doigt. Voilà le commencement. Nous étions contrôlés et même étouffés, mais nous avons ouvert à chaque fois que nous le pouvions. Il n’y avait pas de précédent dans tout ce que nous établissions. Si l’on passe directement à l’ère suivante avec Jean-Claude Plassart avec un environnement nettement plus souple. Ils nous ont fait confiance tout comme nous leur avons fait confiance. Nous avons montré que nous ne voulions pas abuser de la marque.
« Je pense que beaucoup diront que nous avons aidé l’ACO à la reconstruction de la marque Le Mans, certainement en Amérique. Le film de Steve McQueen était il y a bien longtemps. Il y avait toute une génération qui ne savait pas qui était Steve McQueen et qui n’avait jamais entendu parler du Mans jusqu’à ce que l’American Le Mans Series ne sorte de terre.
« J’ai le souvenir d’une soirée passée avec Jacky Ickx qui exprimait toute sa satisfaction sur ce qu’avait fait Don Panoz, pas seulement pour la marque Le Mans, mais réellement pour avoir revitaliser les 24 Heures du Mans. Venant de quelqu’un comme Jacky Ickx, cela signifiait beaucoup. Nous sommes maintenant avec Pierre Fillon, Vincent Beaumesnil et Gérard Neveu. La relation et le dynamisme entre les deux organisations n’ont quasiment plus rien en commun avec les débuts. Au cours de ces 15 dernières années, de véritables amitiés se sont liées et elles se sont développées. Je sais que lorsque nous avons annoncé la fusion, beaucoup pensaient que le glas avait sonné, surtout ceux qui étaient étroitement liés à l’American Le Mans Series. Nous avons entendu beaucoup de choses, comme le fait que Jim France voulait un contrôle total sur tous les domaines.
« Après l’annonce de la fusion, nous sommes allés en France pour introduire Jim à Pierre, ainsi que Ed Bennett à l’ensemble de l’équipe dirigeante. Je pense que la relation n’a jamais été aussi forte. Pierre est le troisième président avec qui j’ai travaillé, et toujours dans la bonne humeur. Je me sens très chanceux d’être là. »
Des regrets dans votre carrière ?
« Le seul regret est de ne pas avoir pu rassembler les deux plates-formes plus tôt. C’était légitime à deux reprises où de gros efforts ont été faits. Chaque année, il y avait une rumeur et par deux fois, il y a eu un vrai effort commun. Sachant tout ce que nous savons maintenant, toutes les personnes impliquées auraient souhaité que cela se fasse plus tôt. »
Où voyez-vous le sport automobile dans dix ans ?
« C’est très difficile de se projeter aussi loin dans le temps. Je crois que pour prospérer, le sport automobile doit rester pertinent, non seulement du point de vue technologique, mais aussi sur le plan du divertissement. La mentalité de la nouvelle génération est différente et il faut voir quelles sont leurs attentes pour le contenu. C’est un sacré défi pour nous parce que nous représentons les principes fondamentaux. Je pense que l’énergie continuera d’être un sujet de plus en plus important dans toute l’industrie. L’électrique deviendra un élément essentiel dans toutes les formes du sport automobile. Peut-être que dix ans, c’est trop court pour que cela devienne omniprésent mais je ne vois pas d’autres moyens de contourner la chose.
« Actuellement, nous sommes dans une période très agréable d’un coût de l’énergie extrêmement bas, mais penser que cela va continuer sans relâche est naïf. Nous devons trouver des solutions plutôt que d’acheter du temps et de maintenir le cap. Je suis intéressé par la Formula E et je suis un grand admirateur de la technologie montrée en LM P1. Je pense que ces exemples de pointe sont à suivre. Je suis également heureux de la façon dont nous sommes positionnés, spécialement dans l’implication des constructeurs qui offrent une opportunité intéressante pour la course de faire rouler ce qu’ils vendent et de développer ici les technologies qui seront sur les voitures de tous les jours. »