Troisième des dernières 4 Heures de Monza en ELMS avec DragonSpeed (ORECA 07 #27), Charles Milesi, 19 ans, associé à Ben Hanley et Henrik Hedman, a finalement été déclassé pour un problème de hauteur du diffuseur. Un peu avant, il avait eu son premier contact en Endurance en sautant directement dans le grand bain avec les 24 Heures du Mans. Il était sur l’ORECA 07 #39 de SO24 Has by Graff. Avant que le Français ne s’envole pour le Japon, Endurance-Info a fait un point avec ce jeune pilote…
Quel a été votre parcours avant de faire les 24 Heures du Mans ?
« J’ai débuté par le karting, participé aux Championnats de France puis d’Europe et enfin les mondiaux en 2016. En 2017, j’ai intégré l’Auto Sport Academy afin de disputer le Championnat de France de F4 où je termine 7ème mais j’ai eu un souci physique au milieu de l’année qui m’a éloigné des circuits pendant deux mois. La saison suivante, j’ai choisi la Formule Renault 2.0 Eurocup. J’étais rookie, le début a été un peu compliqué mais, à Monaco et à Silverstone, à chaque fois, je signe la pole position et la victoire. Alors 3e au championnat, je me suis mis une pression qui n’était pas nécessaire, j’ai fait des erreurs que je n’aurais pas dû faire. Je refais néanmoins quelques podiums et termine 7e au championnat.
En fin d’année 2018, j’ai eu l’opportunité de faire des tests en Super Formula. Sauter d’une Formule Renault à une Super Formula n’est pas facile, surtout avec trois heures pour faire ses preuves, mais l’équipe était assez satisfaite. Comme ils allaient changer de voiture la saison d’après, ils ne voulaient pas prendre le risque d’engager un Rookie car les circuits au Japon sont assez spéciaux, à l’ancienne avec peu de dégagements avec soit l’herbe, le rail ou le bac à gravier ! On a donc voulu partir sur la F3 Japonaise avec l’équipe Carlin. Ce fut assez compliqué car je me suis cassé le scaphoïde dès la 2e course et j’ai passé trois mois en dehors des circuits, manquant trois épreuves.
J’ai de nouveau pu refaire des tests en Super Formula cette fois ci avec B-Max with Motopark. Cela s’est bien passé, on a signé un contrat pour 2020. J’ai pu faire les tests de début de saison à Fuji en mars puis il y a eu la Covid-19. C’est là que les ennuis ont commencé. On a voulu rester au Japon jusqu’à ce que le championnat reprenne. Malheureusement, mon visa n’était valable que trois mois et impossible de le prolonger, j’ai préféré rentrer en France. On a ensuite attendu et ce n’est que début octobre que l’on a su que l’on pouvait de nouveau rentrer sur le territoire japonais. Je vais donc participer à la prochaine manche qui se tiendra à Autopolis, les 14 et 15 novembre. Trois courses sont déjà faites, mais deux ne seront pas comptabilisées, donc j’en aurai qu’une seule de retard. C’est comme cela, il faut s’adapter, de toute façon, je suis rookie, j’y vais pour apprendre ! »
Comment êtes vous passé de la Super Formula aux 24 Heures du Mans ? Comment se sont faits les contacts avec Graff ?
« Nous avons appris mi-août qu’un des pilotes ne participerait pas aux 24 Heures du Mans. Comme Graff savait que je ne pouvais pas me rendre au Japon, que je suis Français, donc pas de souci avec les frontières, ils m’ont alors appelé pour savoir si j’étais disponible. Même si j’étais rookie au Mans, mon profil les intéressait. Juste après la course du Paul Ricard ELMS, j’ai pu faire une demi-journée de test avec l’ORECA 07 de Graff. Comme ils étaient contents de mon travail, nous avons décidé de faire Le Mans ensemble. La semaine du Mans a été sans souci, je suis content de ce que j’ai pu réaliser que ce soit en essais ou en course. De plus, l’équipe s’est montrée satisfaite. »
Pour un jeune français, faire Le Mans a dû être une belle expérience ?
« Tout à fait ! Nous n’avons malheureusement pas pu finir la course (James Allen est sorti de la piste dans la dernière heure, ndlr), mais c’est le sport automobile, c’est comme cela. On fait tous des erreurs, moi-même j’en ai commise une avec un drive through. Nous étions 4e, nous avions déjà perdu du temps en début de course alors que nous étions en tête, nous n’étions pas vraiment là où on voulait être, mais cela aurait bien de finir la course. On n’a pas à regretter ce qu’il s’est passé, c’est surtout dommage pour toute l’équipe et les mécaniciens. On essaiera de revenir l’année prochaine pour faire mieux. »
Comment est une LMP2 par rapport à toutes les monoplaces que vous avez pilotées ?
« Déjà, c’est vraiment sympa à piloter. J’avais déjà connu les prototypes avec une LMP3 de CD Sport. La LMP2 est plus agréable, c’est une F3 fermée avec plus de puissance. Certes, c’est plus lourd, mais on ne le sent pas vraiment. Dans les virages Porsche au Mans, c’est vraiment très rapide et cela se rapproche beaucoup d’une F2 ou d’une F3. On arrive quand même à 330 km/h par endroit, donc c’est sympa à conduire. Les pneus Michelin sont très constants et cela donne un package vraiment bon à piloter. »
Les 24 Heures du Mans chez Graff, les 4 Heures de Monza chez DragonSpeed. Était-ce juste des opportunités ou l’Endurance vous intéresse vraiment ?
« Cela peut vraiment m’intéresser. Cette année, la priorité était vraiment le Japon car il pourrait y avoir une carrière là bas pour moi que ce soit en Super Formula ou en Super GT, deux très bons championnats. L’Endurance, j’y ai toujours pensé, mais je voulais prendre le temps de faire tout ce je pouvais en monoplace et au Japon avant de me tourner vers cette discipline. On m’aurait dit l’an dernier que j’allais disputer les 24 Heures du Mans 2020, je n’y aurais pas cru. Je ne pensais pas les faire avant trois ou quatre ans. C’est un peu un rêve car mon père les a faites il y a sept ans. Ce fut vraiment une très belle expérience et je suis ravi d’avoir pu faire cette épreuve mythique.»
Comme vous l’avez mentionné, votre ‘papa’ (Patrice Milesi) a disputé les 24 Heures du Mans en 2013 sur une Porsche 911 RSR d’IMSA Performance (avec Pascal Gibon et Wolf Henzler, 33e au général, 7e en GTE-Am). Quels conseils vous a-t-il donnés avant de faire votre premier Le Mans ?
« Il a fait Le Mans dans une GT et c’est vrai qu’il m’a donné quelques trucs dont il se souvenait. Tout ce qui est trafic, il m’avait un peu expliqué comment cela se passait avec les LMP1 même s’il n’y en avait pas beaucoup cette année. Il m’a dit de ne pas trop me précipiter car c’est une course de 24 heures. Le circuit a changé un peu depuis, mais il m’a parlé de certains virages. Au moment de la course, il m’avait dit de bien me reposer entre les relais car quand on revient de nuit, c’est un peu différent. »