Nicolas Perrin n’est pas homme à abdiquer. Après être passé tout près de mettre en chantier une LMP1 thermique, son nouveau chantier passe par le Project 424 qui doit être la voiture de course électrique la plus rapide au monde. Si l’objectif final reste une participation aux 24 Heures du Mans, la première étape sera de battre des records sur différents circuits. Nicolas Perrin compte bien sur son expérience acquise autour du projet NIO EP9, la supercar électrique chinoise. La ‘424’, nom de code de l’auto, est prête à entrer en fabrication avec ses trois moteurs issus de la Formula E. Avant cela, Perrinn doit trouver les fonds nécessaires pour un projet qui reste en open source et qui colle parfaitement à la politique actuelle de l’électrique. Nicolas Perrin est revenu avec nous sur l’avancée du programme.
“J’ai passé les derniers mois sur le dessin de l’auto. Maintenant, tout est prêt pour débuter la construction. J’ai différents contacts, j’enchaine les rendez-vous avec différents partenaires potentiels. C’est toujours compliqué de démarrer un programme de ce type. Tout est une question de temps mais je reste persuadé sur le bien-fondé du projet. Nous sommes passés tout près d’avoir une LMP1 essence mais le moment est venu de passer à autre chose. D’ici cinq ans, il faut s’attendre à voir un mouvement important vers l’électrique aux 24 Heures du Mans.”
Aller au Mans à court terme est impossible ?
“Il faut rentrer dans un cadre technique et sportif qui dit qu’il faut pouvoir boucler 70% de la distance. Aujourd’hui, c’est possible uniquement en changeant de batterie et nous sommes partis sur une autre voie. Avec la 424, on ne prend pas de risque. Le poids de l’auto est connu et les simulations montrent qu’elle est capable de rouler dans les temps d’une LMP1, voire entre une LMP1 et une LMP2. Il faut juste intégrer les composants de la Formula E.”
Les moteurs proviennent de la Formula E ?
“Le moteur roule actuellement en Formula E. Il développe 200 Kw alors qu’il fera 250 Kw dans la LMP1, soit environ 1000 chevaux. On ne veut pas changer les batteries, ce qui impose d’améliorer considérablement le temps de recharge. La technologie évolue rapidement et c’est la seule solution pour aller aussi vite qu’une LMP1. Avoir une autonomie suffisante est ce qui déclenchera le programme Le Mans. Les solutions vont venir de l’industrie automobile. Nous sommes capables d’intégrer nous-mêmes les composants électriques.”
“Une LMP1 non hybride est séparée entre un moteur et un châssis. Avec la 424, les choses sont simplifiées. Il n’y pas de boite de vitesses, pas d’embrayage. La fiabilité de l’auto n’en sera que meilleure. Il faut environ 6 mois de construction pour avoir l’auto. L’idée est de débuter sur les circuits britanniques avant de se rapprocher du Mans. Pour avoir cette première auto, il faut trouver environ 2,5 millions d’euros. Tout a été redessiné. Le châssis est plus long qu’une LMP1 actuelle (+200 mm) vu que les batteries sont installées dans le châssis. La suspension arrière est elle aussi toute nouvelle. On se retrouve avec une auto en carbone de bout en bout. Son poids est de 1200 kg, la vitesse maximale de 355 km/h. En théorie, il serait possible d’approcher les 400 km/h mais en rajoutant de la vitesse, on perd en accélération. On veut être le plus proche possible d’une LMP1.”
Le premier châssis ira au Mans ?
“Idéalement, l’objectif est de concevoir une auto par an. Le châssis qui serait susceptible d’aller au Mans serait le #4 ou #5. Chaque auto recevra des évolutions : batterie, freins, suspension. J’espère pouvoir réunir le tout pour concevoir la première auto dès cette année. J’ai une confiance énorme dans la qualité de l’auto. Le projet se veut réaliste car je suis resté dans un domaine que je maitrise. L’auto coûte 1,5 M d’euros. Il faut ajouter à cela des essais et une campagne médiatique.”