Être membre du collège des commissaires n’a rien d’un long fleuve tranquille. Il faut savoir écouter, regarder, discuter, échanger, être juste et faire preuve de discernement. Ce n’est parce que vous être convoqué “chez les commissaires” que vous avez fait quelque chose de mal car le collège n’a rien d’un tribunal. Il faut juste aller s’expliquer avant la prise de décision. Jean-François Veroux, président permanent Collège des Commissaires du FIA WEC, a accordé un entretien au site officiel du championnat.
Passionné de sport automobile depuis qu’il a vu la Corvette de Briggs Cunningham aux 24 Heures du Mans 1957, Jean-François Veroux est vite tombé dans le grand bain du sport automobile. Avocat au quotidien, Maître Veroux a plus de 200 courses internationales à son actif. Il compte aussi une participation aux 24 Heures du Mans 1995 sur une Porsche 911 GT2.
Quel est le rôle exact du Collège des Commissaires ?
“Le rôle des Commissaires est principalement de faire respecter le règlement et de s’assurer que tel est bien le cas. Nous sommes également chargés d’appliquer les pénalités pour toute infraction, qu’elle soit sportive ou technique”.
“Dans le cas du sport automobile, c’est très particulier. En ce qui concerne l’activité en piste, la gestion en incombe au Directeur de Course. Il en a l’intégralité de la charge, spécialement en ce qui concerne les aspects de la sécurité en course. Toutefois, s’il remarque quelque chose qui pourrait faire l’objet d’une infraction ou ne correspondrait pas au règlement, il peut transmettre le cas aux Commissaires.
“Le Directeur de Course peut continuer à surveiller ce qui se passe en course et sur la piste, et cela devient alors la fonction des Commissaires – qui fonctionnent comme une sorte de tribunal ou de cour d’arbitrage – d’enquêter sur chaque cas individuel qui leur est présenté.
“Ces trois Commissaires, qui dans la vie sociétale, commerciale ou juridique seraient chargés d’arbitrages, sont là pour examiner les faits et aboutir à une décision concernant la pénalité – s’il y en a une – à appliquer.”
Comment le Collège des Commissaires est-il sélectionné ?
“Tous les Commissaires de la FIA doivent être titulaires d’une licence accordée à la fois par leur ASN (Autorité Sportive Nationale, ici celle du sport automobile, ndlr) et la FIA. J’ai été nommé Président Permanent du Collège des Commissaires du WEC en 2012”.
“Depuis 2012, nous avons eu un petit groupe de quatre commissaires internationaux permanents, qui travaille en roulement avec moi. A chaque course, le Collège est composé du Président, d’une autre personne parmi Tim Mayer, Michael Schwaegerl ou Yves Bacquelaine, ainsi que d’un commissaire appointé par l’ASN du pays dans lequel nous courons. Nous avons également à nos côtés un Secrétaire Permanent des Commissaires, Irmi Quendler, qui nous aide pour l’aspect administratif, et aussi le Pilote Conseiller de la FIA, Yannick Dalmas qui, en cas de besoin, peut être amené à apporter un point de vue spécifique”.
“Les Commissaires Internationaux de la FIA doivent suivre une formation et passer un examen afin d’obtenir leur licence, puis assister à plusieurs séminaires organisés par la FIA. Tous doivent avoir derrière eux une très grande expérience du sport automobile. Par exemple, pour les 6 Heures de Fuji, nous avions à nos côtés un collègue australien, qui était en formation pour l’obtention de sa licence internationale, et il nous accompagnait à toutes les étapes du week-end de course. Il n’est pas obligatoire pour un Commissaire d’avoir été lui-même concurrent, mais cela peut être considéré comme un avantage. Nous sommes les seuls Commissaires internationaux à travailler de manière permanente en endurance, et je crois que ce niveau d’assiduité et les connaissances spécifiques que nous apportons à ce rôle est très important.”
Quelles sont les autres missions du Collège des Commissaires pendant un week-end de course ?
“Il y a beaucoup de formalités administratives qui doivent être officiellement vérifiées au début de chaque week-end de course. Par exemple, s’assurer que telle licence est valide, y compris celle du circuit, que les Juges de Fait sont autorisés, que les bonnes assurances ont bien été contractées, que les licences et les certificats médicaux des pilotes sont corrects, etc.
“Il y a un énorme travail de formalités qui doit être effectué en vue et à partir de chaque course, et nous détenons depuis 2012 tous les dossiers pour chaque course, qui sont également envoyés à la FIA. Chaque décision des Commissaires fait l’objet d’un document juridique officiel qui peut être utilisé par la suite comme preuve devant tout Tribunal. En conséquence, le travail de réflexion et de formulation fait l’objet d’un soin extrême dans la mise en forme de nos décisions.”