Fabien Lavergne est l’une des révélations de ce début de saison en catégorie GTE en European Le Mans Series. Le pilote Bronze a fait forte impression au Castellet (victoire) où il faisait équipe avec Nicklas Nielsen et Alessandro Pier Guidi sur la Ferrari F488 GTE #51 de Luzich Racing. Il est actuellement 2e au championnat et a depuis remporté Road To Le Mans il y a quelques semaines en GT3 puisqu’il dispute aussi l’intégralité du championnat Michelin Le Mans Cup, toujours avec Luzich Racing.
Quel a été votre parcours avant d’arriver en ELMS ?
« J’ai fait pas mal de karting pendant plus de 15 ans au niveau national. J’ai ensuite roulé en Legends Cars pendant deux ans, j’ai gagné pas mal de courses, mais je n’ai jamais fait de championnat entier. Je suis passé en Formule Renault en Coupe de France des Circuits. J’ai appris beaucoup de choses, cela reste la meilleure école pour moi. J’ai aussi fait de la Mitjet 2 litres pendant une saison, remportant le championnat en 2017. J’ai eu par la suite l’opportunité de faire une course de LMP3 en VdeV à Dijon avec CD Sport. Il se trouve que Claude Degrémont et Laurent Cazenave sont des amis. Ça devait être un one shot, j’avais mis toutes mes économies pour la faire. Ça s’est super bien passé, lors de mon premier relais, j’ai pris la tête et signé le meilleur tour en course alors que des pilotes, comme Mathias Beche, étaient là. Suite à cette expérience, lorsque CD Sport a eu besoin d’un pilote pour la Michelin Le Mans Cup pour la manche du Red Bull Ring, Anthony Pons ne pouvant pas être là, ils m’ont contacté pour me donner ma chance en tant que pilote Bronze. »
Comment se sont faits les contacts avec Luzich Racing ?
« Je les ai contactés car j’ai vu qu’ils n’avaient pas de pilote bronze en Michelin Le Mans Cup. Au culot, j’ai fait des recherches sur Internet et j’ai réussi à trouver le mail, ce ne fut pas vraiment simple, puis j’ai contacté Mr Luzich. Je lui ai dit que je savais qu’il n’avait pas de pilote Bronze pour la saison, je me suis vendu. Suite à cela, je n’ai pas eu de retour, mais une semaine plus tard, Philippe Dumas, qui travaille maintenant pour AF Corse, m’a contacté. Il était chargé, par Amato Ferrari, d’avoir des infos sur moi. Il avait aussi appelé Claude Degrémont de CD Sport.
Il m’a alors proposé un test au Castellet au mois de mars avec trois autres très bons pilotes Bronze pour une place sur la Ferrari GTE. C’était pour l’ELMS et non pour la Michelin Le Mans Cup. C’était vraiment la cerise sur le gâteau. Rien que ce test était fantastique pour moi, une opportunité incroyable. Cette GTE est une auto fantastique, jamais je n’avais piloté une GT de ma vie et c’est bien différent que ce que je connaissais auparavant. Ça m’a bien réussi, j’ai été, de loin, le plus rapide. Trois jours plus tard, Philippe m’a appelé pour me dire que j’étais pris. Venant du monde amateur, me retrouver là en ELMS, chez Luzich Racing est incroyable, c’est vraiment une belle histoire ! »
Comment se sont passées vous deux premières courses en ELMS ?
« Très bien ! On gagne la première course au Castellet, j’étais assez content de mes relais. Je rends la voiture avec une minute d’avance sur le 2e après plus de deux heures. C’était une belle preuve de confiance en moi de la part de l’équipe. J’ai bien géré les pneus car nous avions beaucoup de « graining » avec. Il fallait attaquer, mais pas trop non plus. Tout s’est passé comme dans un rêve après des essais libres un peu compliqués pourtant. Cela m’a donné une vraie crédibilité aux yeux de l’équipe.
A Monza, on termine 3e en dépit d’une BOP plus favorable aux Porsche et un lest embarqué de 20 kilos. La Porsche a plus de puissance que la Ferrari. En vitesse de pointe, nous étions pas mal, mais au niveau des accélérations, ce n’était pas possible. Cependant, nous prenons des points et avons limité les dégâts. Nous allons perdre du lest pour Barcelone, c’est une bonne nouvelle. Cela va permettre de mettre en valeur notre équipage car Nicklas Nielsen est un des meilleurs Silver, si ce n’est le meilleur. Je pense ne pas avoir à présenter Alessandro Pier Guidi qui vient de gagner les 24 Heures du Mans (rire) ! On ne peut pas faire mieux comme pilote officiel Ferrari. Le circuit espagnol va mettre plus en valeur les qualités de châssis Ferrari. De plus, je connais bien Barcelone alors que je découvrais Monza. »
Que vous apporte un pilote comme Alessandro Pier Guidi ?
« Il est très sympa, très humble et abordable. Il apporte une base, on sait où on en est avec lui et avec l’auto. Il est toujours extrêmement performant. Ce qui est impressionnant, c’est que dés qu’il monte dans la voiture, il est toujours à la limite ultime, il ne va pas freiner 50 mètres trop tôt ni trop tard. C’est impressionnant quand on regarde ses datas ! Quand je suis avec lui, j’essaie de faire “l’éponge”, d’emmagasiner le maximum d’informations, de progresser. Je m’améliore à grands pas à ses côtés. Il est de bons conseils et est assez ouvert avec moi. Il a bien conscience de mon statut et sait à quel point le pilote bronze est important, je fais la moitié de la course ! C’est plus moi qui vais vers lui, il n’est pas d’un naturel à venir coacher quelqu’un. Il sait que j’ai un certain niveau, que je n’ai pas besoin qu’on me tienne la main. C’est plus moi qui vais lui demander des trucs. »
Vous faites la Michelin Le Mans Cup également et venez de disputer Road To Le Mans. Comment s’est passé cet événement pour vous ?
« A Monza, on a gagné en Michelin Le Mans Cup et tout s’est bien passé à Road To Le Mans. Au début, ce fut difficile pour un débutant pour moi car je n’avais jamais roulé au Mans. Notre plus dangereux adversaire au championnat est la Ferrari de Kessel Racing avec Sergio Pianezzola et Giacomo Piccini. Ils ont vraiment beaucoup d’expérience au Mans. Je me suis donc reposé sur les conseils de mon coéquipier, Mikkel Mac, qui a fait les 24 Heures du Mans il y a trois ans et qui connait bien la piste. Il m’a bien coaché, mais, pendant les essais libres, entre les Slow Zones et la pluie, ce ne fut pas facile à gérer. Avant les qualifications, je n’avais pas eu la possibilité de passer les Virages Porsche à fond ! J’ai réussi à me mettre dans le rythme, je fais la pole dans ma qualification et, en course, on remporte les deux manches ! »
A l’issue de Road To Le Mans, Fabien Lavergne et son coéquipier sont en tête de la Michelin Le Mans Cup avec 17 points d’avance…
Quelles sont vos impressions après avoir roulé sur ce circuit ?
« C’est magique ! Ensuite, gagner, monter sur la plus haute marche avec tout ce public, c’est juste incroyable ! Le tracé en lui-même est fantastique mais ce qui est difficile, c’est que nous roulons avec des voitures qui sont extrêmement déchargées en aéro. Cela veut dire, pour faire simple, que nous avons un peu l’aileron à l’envers, il a plus tendance à soulever la voiture qu’à la plaquer pour avoir davantage de vitesse de pointe. Il est donc très facile de faire une erreur surtout dans les Virages Porsche. On doit donc appréhender cela ainsi que la pression. Il ne faut pas trop s’en mettre. Nous ne sommes pas habitués à évoluer devant autant de monde. J’ai réussi à évacuer tout ça ce qui n’a pas toujours été le cas des gars qui partaient autour de moi. »
Votre objectif est de remporter le titre ELMS pour gagner l’invitation aux 24 Heures du Mans 2020 !?
« Tout à fait ! Je dirais même que l’objectif est de gagner les deux championnats pour décrocher deux invitations. L’ELMS est certes un cran au dessus et est le rêve ultime… maintenant. Si on m’avait dit il y a un an que je me retrouverais à faire Road To Le Mans, disputer l’ELMS, j’aurais pris le gars pour un fou ! Désormais, je ne m’interdis plus aucun rêve. Décrocher ce titre serait génial pour aller aux 24 Heures du Mans avec l’équipe l’année prochaine !