Après la partie GT3 avec Tech 1 Racing, Olivier Panis est revenu sur le programme LMP2 pour Endurance-Info. Au menu de la saison, une ORECA 07 en European Le Mans Series et aux 24 Heures du Mans pour Julien Canal, Will Stevens et Nico Jamin, un trio qui a le potentiel pour jouer aux avant-postes.
Depuis vos débuts en LMP2, les choses ont changé ?
“Au début, nous étions dans un schéma de championnat Pro-Am pour des teams privés avec des budgets cohérents. Les Pros étaient en WEC. Maintenant, certaines équipes, qui étaient devant en WEC, sont redescendues en ELMS avec toujours de très bons pilotes. Il n’y a plus de place pour les Am, ce qui est bien dommage. Le business plan n’est plus là. Nous ne sommes pas des milliardaires et tant mieux pour ceux qui le sont car il en faut.”
L’intersaison a été compliquée ?
“Avec Sarah et Simon (Abadie), nous avons passé l’hiver le plus compliqué pour trouver les budgets et réunir l’équipage pour gagner. C’était un combat quotidien. Par chance, nous avons un très bon partenariat avec Goodyear et Total continue de nous soutenir avec Elf cette année. Financièrement, il était impossible de faire rouler une deuxième auto.”
Les choses doivent bouger ?
“Il va falloir que tout le monde prenne place autour d’une table pour une vraie remise en question. On a des essais le jeudi précédant les meetings qui coûtent 50 000 euros. Si tu ne fais pas ces essais, alors tu n’es pas performant car la concurrence a une journée d’avance. Tu es donc obligé de rouler. Peut-être que la solution serait de faire comme en Formule 1 avec quelques jours de roulage avant la saison et ensuite plus d’essais. Si on continue, on va vers une situation où on ne pourra plus être là. La passion ne doit pas dépasser la raison. Pour nous, la saison 2020 est importante (interview réalisée avant le confinement, ndlr) car elle va définir ce qu’on fera en 2021. Je suis convaincu que nous pourrons poursuivre en GT car le programme est plus facile à gérer que le LMP2. Pourtant, nous sommes ravis de disputer ces deux championnats.”
Panis-Barthez Compétition a laissé sa place à Panis Racing, Tech 1 Racing est toujours là en GT. Est-il prévu d’avoir une seule entité ?
“Les associés ne sont pas les mêmes sur les deux programmes. A terme, la fusion sera la normalité. Fabien a souhaité partir sachant qu’il n’était pas associé dans l’équipe. Il prêtait son nom et avait envie de faire autre chose. Fabien a beaucoup travaillé avec nous, je comprends sa décision et rien ne dit qu’il ne roulera pas à nouveau pour l’équipe plus tard. Avec Fabien, la relation est plus amicale que de travail. Les objectifs restent les mêmes : gagner des courses.”
Selon vous, le sport auto est à un tournant ?
“L’hiver dernier a été compliqué pour tout le monde. Les deux ou trois prochaines années s’annoncent cruciales. Il faut impérativement une remise en question de tout le monde : FIA, ACO, SRO, équipes, constructeurs. Si on prend le WTCR, on passe de 22 à une douzaine d’autos en un an. Ce n’est pas logique, il y a bien quelque chose qui ne va pas. Tout le monde se cherche.”
Tout le monde devra y mettre du sien ?
“Selon moi, la catégorie la plus stable est le GT avec Stéphane Ratel. C’est son championnat, son argent et ça change beaucoup de choses. C’est lui qui décide des choses. Quand tu fais une réunion avec lui, tu as une vraie réunion de travail. Il te pose des questions : ce qu’on peut améliorer, comment on peut faire, nos problématiques.”
Les constructeurs sont trop présents ?
“Le Mans, le WEC et l’ELMS sont fantastiques avec les plus belles voitures avec la Formule 1. Le souci est que j’ai l’impression que les constructeurs donnent trop la direction à prendre. On l’a vu dans le passé. Les constructeurs viennent et partent sans se soucier des conséquences. Gérard Neveu et Pierre Fillon en ont conscience. Si un constructeur n’est pas content, alors il ne vient pas. On ne peut pas en privilégier un et en faire partir trois. Toyota est fidèle, mais il faut de la compétition en face. Attention, je ne dis pas que c’est simple et peut-être que je ne ferais pas mieux.”
Les privés sont plus fidèles ?
“Les constructeurs font Le Mans pour l’image et le marketing, mais au final les teams privés sont plus importants car ils seront toujours là s’ils le peuvent. Tout le monde doit être respecté. Il faut quelqu’un avec du répondant face aux constructeurs : “voilà, le règlement est là et nous serions heureux de vous accueillir. Si vous ne voulez pas, nous en sommes désolés, mais tel est le règlement’. Le plus souvent, ce sont les championnats gérés de cette façon qui s’en sortent le mieux.”