Avec des concessions fermées, Porsche est à l’arrêt. Le constructeur allemand s’est organisé pour faire face à la pandémie. Les Porsche ne sortent plus des chaînes de montage même si une reprise partielle des activités est dans tous les esprits. La marque travaille avec les politiciens locaux pour sortir de la crise.
« Nous n’avons demandé de l’aide qu’à environ 1/3 de la main-d’œuvre, pour ceux qui travaillent à temps partiel comme dans de nombreuses autres entreprises », a expliqué Oliver Blume, CEO de Porsche. « Il ne s’agit pas d’une aide d’état, mais d’une prestation d’assurance que les employeurs et les employés ont eux-mêmes versés à l’Agence Fédérale au fil des ans. Globalement, nous avons une liquidité solide qui est suffisante pour plusieurs mois, mais qui naturellement a une fin. Je suis plus préoccupé par nos fournisseurs dans le monde et nos partenaires détaillants : dans quelles mesures restent-ils en place ? Combien de temps durera leur liquidité ? Comment organiseront-ils le démarrage ? Nous surveillons cela. »
Les commandes de Porsche se poursuivent en fonction des pays : « La situation varie considérablement selon les régions du monde. En Chine, où tous les concessionnaires ont été fermés en février, la demande est en cours. En Europe, les activités des concessionnaires sont considérablement restreintes. Mais c’est dans des phases comme celles-ci que les gens développent des rêves et des envies. Après la crise, la demande de voitures de sport pourrait être encore plus élevée qu’auparavant, c’est du moins mon souhait. »
L’Allemagne n’a pas encore remporté la victoire face au Covid-19, comme l’explique Michael Kretschmer, Ministre-président de Saxe : « Le monde entier fait ce que nous faisons pour se protéger contre la propagation du virus. Les mesures ne sont pas simplement des restrictions arbitraires imposées par l’état. Elles sauvent des vies. C’est la raison pour laquelle nous avons pu contrôler la propagation du virus jusqu’à présent. Cependant, il est possible que nous constations à nouveau des taux d’infection plus élevés dans quelques jours, et nous devons au moins être préparés à cela. Une chose est sûre, toute autre voie aurait des conséquences beaucoup plus dramatiques. »
« Les restrictions seront levées par étapes, c’est certain », a confié Winfried Kretschmann, Ministre-président de Bade-Wurtemberg. « Les équipes travaillent sur ce à quoi cela ressemblera exactement dans la pratique. Les facteurs influent le risque d’infection dans différentes zones. Un concessionnaire automobile doit être vu différemment d’un pub, par exemple, car il est beaucoup plus difficile de maintenir une distance physique dans ce dernier cas. Nous pouvons aussi voir dès maintenant ce qui est nécessaire pour démarrer les choses rapidement et comment une bureaucratie excessive n’est pas nécessaire dans certains cas. »
L’industrie automobile allemande exige que des contraintes écologiques soient assouplies en raison des charges engendrées par la crise ce à quoi Kretschmer répond : « Nous ne devons pas commencer tout de suite sur un sujet aussi controversé. Les entreprises ont besoin de plus de liberté. Après 1945 et 1989, nous n’avons pas bâti le pays grâce à une réglementation très élevée, mais avec beaucoup de liberté. Nous devons veiller à ne pas tirer de conclusions erronées de la crise, comme faire reculer le processus de mondialisation car il n’a pas été possible de livrer des masques assez rapidement pour le moment. Je ne pense pas que ce serait la bonne leçon apprise si nous voulons nous efforcer d’atteindre 100% d’autosuffisance en Allemagne. »
Porsche compte investir 15 milliards d’euros au cours des cinq prochaines années dans des domaines tels que la mobilité électrique, la production durable. Oliver Blume a précisé que le coronavirus ne changera rien à cet investissement.
Le climat reste une priorité pour Kretschmann : « La crise climatique ne disparaîtra pas. Nous mettrons fin à la crise du coronavirus au plus tard lorsqu’un vaccin sera disponible, mais il n’y a pas de vaccination contre le réchauffement climatique et cela restera. Nous devons donc y voir une opportunité d’inclure cet aspect dans nos calculs lors du redémarrage de l’économie. Dans le même temps, nous devons tenir compte du fait que l’industrie a été gravement ébranlée. Il peut donc être nécessaire de procéder à quelques ajustements au niveau politique, mais nous ne devons pas abandonner nos efforts de protection du climat. Si nous devions abandonner l’objectif de réchauffement planétaire à deux degrés, cela aurait des conséquences dévastatrices pour les gens, l’économie, pour nous tous. Nous devons toujours garder cela à l’esprit, même si nous avons actuellement d’autres priorités. »
La région du Bade-Wurtemberg a injecté cinq milliards d’euros, somme qui devra être remboursée d’ici 10 ans. Il faudra donc économiser un demi-milliard par an dans le budget. Porsche offre la possibilité à ses employés de faire don d’une partie de leur bonus d’intéressement. Le directoire de Porsche a fait un don privé d’un demi-million d’euros aux hôpitaux et aux associations caritatives.