Son visage vous est familier. Entre la Formule 1 et le LMP1, Manfredi Ravetto est connu dans les différents paddocks. Jusqu’à juin dernier, on le retrouvait en LMP1 chez ByKolles au poste de team principal. Depuis novembre dernier, Manfredi Ravetto a une nouvelle casquette, celle-ci plus politique. Il est à la tête de la Confapi Veneto de la région de Padoue (Vénétie). L’association des petites et moyennes entreprises privées de la région représente plus de 6000 entreprises. A ce titre, il travaille avec les autorités italiennes durant cette période de pandémie via la mise en place d’un cabinet qui a notamment pour mission de soutenir les entreprises qui doivent payer les salaires des employés. La Confapi est également en charge les protocoles de sécurité dans l’attente de la reprise du travail. Manfredi Ravetto a gentiment répondu à nos questions sur la situation dans son pays avec, bien entendu, son avis sur le sport automobile.
La situation s’améliore en Italie ?
« Elle est meilleure qu’il y a quelques semaines. L’objectif de diminuer le nombre de personnes en soins intensifs a été atteint. La courbe commence à descendre, mais il y a encore beaucoup de personnes atteintes. Le confinement a été respecté. Le pays devrait se rouvrir petit à petit dans les prochaines semaines, étape par étape. Dès demain (mardi 14 avril, ndlr), les librairies doivent rouvrir, ainsi que les magasins pour enfants. Le confinement doit durer jusqu’au 3 mai. Dès le 4, il devrait être possible de reprendre les entraînements au football, et donc j’espère les essais privés sur circuit. Si tel est le cas, ce sera un signe positif. »
Vous êtes confiant sur la reprise du sport auto en Italie ?
« La situation n’est pas simple, mais je suis confiant. A moi d’utiliser mes connaissances sur le sujet afin d’aider à cette reprise même si je sais que le gouvernement a beaucoup d’autres priorités. Il faut bien comprendre que le sport auto fait vivre, directement ou indirectement, beaucoup de personnes. Le problème de la distance sociale en sport auto est différent de la majorité des autres sports. Il y a un habitacle, une personne par voiture et un casque pour chaque pilote. Il faut aussi réfléchir à la sécurité des équipes. Les accès aux circuits peuvent être limité aux acteurs. »
La question des voyages va aussi se poser…
« Le problème est que tout cela manque de coordination en Europe. L’Italie rouvre les librairies, l’Autriche les magasins et le Danemark les écoles. Si tout est coordonné, on peut rouvrir les frontières en respectant des procédures. Dans un premier temps, peut-être que l’on peut se limiter aux compétitions nationales telles que l’Italian GT chez nous. Il faut espérer qu’au début de l’été, les choses rentreront petit à petit dans l’ordre. Les grands rassemblements vont être compliqués en 2020, donc faire des courses avec des spectateurs ne sera pas simple. Si le streaming est bon, cela permettra aux gens de suivre les courses à domicile. C’est important de rouler, même à huis clos. »
Rouler dès 2020 est primordial ?
« Il doit y avoir du sport auto en 2020. Dans le cas contraire, je redoute 2021 qui sera tout aussi compliqué. On ne pourra pas attendre indéfiniment. Attendre un vaccin va demander trop de temps. On doit apprendre des autres sports. Le football reprendra sans public, alors pourquoi pas le sport auto… Bien entendu, il faudra loger et restaurer les gens. Si les hôtels/restaurants sont fermés un mois ou deux, on peut dire ‘ok’. Si cela dure cinq mois, on peut oublier tout un secteur professionnel. Le monde s’est arrêté, mais il ne peut pas s’arrêter indéfiniment, sinon on revient au Moyen Âge. En Italie, les hôtels vont rouvrir pour les déplacements professionnels. On ne pourra pas aller à Milan pour faire du tourisme, mais bien pour travailler. Je pense que d’ici août, les choses vont encore évoluer car la vie doit continuer. »
Cette crise mondiale doit aussi servir à repenser le sport auto ?
« Le sport automobile a une forte communauté et il est vrai qu’on doit repenser beaucoup de choses. Je prépare ma compagnie à cela avec la mise en place d’un hub qui regroupe les équipes, les pilotes et les partenaires. Il faut faire en sorte que les choses puissent se mettre ensemble. Si quelqu’un a besoin d’aide, il ne faut pas hésiter à nous contacter (www.sport21.com) (JM Littman, Manfredi Ravetto et Sami Moutran sont à la tête de Sport 21, ndlr). On discute avec des gens de différentes disciplines : F1, LMP, GT, karting. Le sport auto m’a beaucoup apporté et il est temps pour moi de rendre quelque chose au sport auto. Sport 21 est une activité supplémentaire à Ravetto Group. »