Frédéric Barozier (Pipo Moteurs) : “Le challenge Le Mans Hypercar est intéressant”

En 1975, Pipo Moteurs était Champion d’Europe de Formule 2 avec le moteur de la Martini-BMW de Jacques Laffite. Depuis cette date, le motoriste du sud de la France a décroché bien des couronnes dans différentes disciplines. Il y a eu les rallyes, mais aussi les courses sur circuit. Le titre STW de Laurent Aïello en 1997 sur une Peugeot 406, c’est Pipo Moteurs. La victoire aux 24 Heures de Spa 1999 de la Peugeot 306 GTI avec Bouvy/Defourny/Mollekens, c’est aussi Pipo Moteurs. Pour ce qui est du rallye, la liste des succès et des titres est longue comme le bras. C’est maintenant un tout nouveau challenge qui attend Pipo Moteurs, dirigé par Frédéric Barozier : les 24 Heures du Mans !

Pour la première fois de son histoire, Pipo Moteurs s’attaque à la classique mancelle qui plus est avec un nouveau constructeur. La Scuderia Cameron Glickenhaus fait confiance au motoriste français pour propulser son prototype Le Mans Hypercar. « Jusqu’à maintenant, notre présence en Endurance se limitait à la Hyundai TCR qui dispute des courses de 24 heures, a déclaré Frédéric Barozier à Endurance-Info. « Nous avons également travaillé pour Bentley sur le moteur GT3, mais, à chaque fois, on partait d’un moteur de série. » Pipo Moteurs est également présent au Dakar, notamment avec le Buggy développé par Romain Dumas. C’est d’ailleurs au retour d’une séance d’essais sur un aérodrome avec le Buggy que Frédéric Barozier nous a parlé du futur moteur de la 007C. 

Dans le cas de la SCG 007C de la Scuderia Cameron Glickenhaus, Pipo Moteurs fait toute l’étude du moteur V8 biturbo qui équipera le prototype qui débutera en WEC au printemps prochain. « Les règles édictées par l’ACO et la FIA nous ont séduit », poursuit Frédéric Barozier. « Lorsque j’ai repris Pipo Moteurs, je me suis mis en tête de diversifier l’activité et nous avons regardé quelle(s) direction(s) nous pourrions prendre. Fournir un moteur à un constructeur n’est pas quelque chose de simple »

Le salut est donc venu de la Scuderia Cameron Glickenhaus : « Podium Advanced Technologies a pris contact avec nous en décembre. Ils sont venus à l’usine et le courant est de suite passé entre nous. J’ai bien aimé leur approche. Avant la signature du contrat, nous avons commencé à poser des bases sur Catia avec de bons résultats à la clé. Un moteur proto 4 cylindres tourne actuellement, ce qui permet d’avancer sur le projet. Il n’est pas nécessaire d’attendre que le V8 soit dessiné. »

Avec un début de saison WEC 2021 prévu en mars prochain, Pipo Moteurs dispose d’un peu plus de temps pour développer et peaufiner le moteur sachant qu’il faut maintenir la pression sur les sous-traitants durant cette période actuelle inédite. 

« Nous sommes dans le timing même si la situation actuelle est plutôt inhabituelle », précise Frédéric Barozier. « J’espère que le moteur pourra tourner au banc en septembre ou octobre. Deux dessinateurs ont planché sur le dossier avant la signature du contrat. » 

Avec Glickenhaus, Pipo Moteurs a l’avantage de travailler pour un constructeur à taille humaine : « Nous avons plus de liberté car le cahier des charges n’est pas celui d’un grand constructeur. Là, nous sommes en amont et nous avons les bases sur le centre de gravité et la position du moteur dans l’auto. Pour nous, le challenge est très intéressant. »

Pipo Moteurs n’est pas fermé à travailler pour un constructeur en vue d’un engagement en DPi à l’avenir : « En vertu de notre accord, le moteur nous appartient. Si des constructeurs sont intéressés, on peut étudier une collaboration. Une version ‘dégradée’ est possible pour le championnat IMSA. » Pipo Moteurs a travaillé, dans le passé, aux Etats-Unis en Rallycross avec Ken Block, Bryan Herta ou encore Ganassi. 

« Pipo Moteurs va débuter au Mans », souligne le motoriste. « On discute avec des gens qui connaissent l’épreuve. Je suis ravi de collaborer avec Glickenhaus qui est quelqu’un de passionné, avec une vraie envie de gagner. » 

Le moteur V8 biturbo qui équipera la SCG 007C développera environ 850 chevaux. Comme la concurrence, Pipo Moteurs sait que la BOP interviendra dans la catégorie : « Avoir une BOP n’est pas frustrant car il y a toujours un règlement. Au début, on a cherché la performance, mais l’objectif sera d’être au plus près de ce que les règles imposent. Sans BOP, il faudrait un budget de millions d’euros. Le choix de l’ACO est judicieux. »