L’Endurance vit actuellement de belles annonces. Entre Audi, Peugeot et Porsche, il y a de quoi parler en cette fin d’année 2020. De quoi donner un peu de baume au coeur aux fans qui sont restés hors des circuits pour la raison que tout le monde connaît.
Après les 905 et 908, Peugeot fait son retour dans la catégorie reine de l’Endurance avec deux objectifs : les 24 Heures du Mans et le WEC. Contrairement à Audi et Porsche, la marque au Lion part sur un projet Hypercar et non LMDh. Pour les non initiés, les Allemands devront s’équiper d’un des quatre châssis homologués : Dallara, Ligier, Multimatic ou ORECA. Peugeot a, par contre, les mains libres pour créer son propre prototype. Afin d’harmoniser le tout, une Balance de Performance (BoP) sera en place dans la catégorie Le Mans Hypercar qui regroupe les LMDh (Audi, Porsche) et “Hypercars” (Toyota, Glickenhaus, Kolles, Peugeot).
Peugeot a annoncé son retour en Endurance il y a maintenant un an. Chez PSA Motorsport, on ne s’est jamais caché pour dire que la réglementation “Le Mans Hypercar” était pertinente. La finalisation du LMDh présentée en janvier dernier à Daytona auraient pu rebattre les cartes, mais la marque française poursuivra bien en Hypercar avec un moteur V6 2.6 litres biturbo entièrement nouveau.
“Depuis le lancement du programme, le règlement a évolué du fait de la convergence avec le LMDh”, a déclaré François Coudrain, en charge de la partie groupe motopropulseur sur le programme WEC, à Endurance-Info. “Plusieurs scénarios ont été envisagés et le choix d’un V6 est le meilleur compromis performance, masse, centre de gravité et fiabilité.”
PSA Motorsport ne va pas se précipiter pour mettre son prototype en compétition comme nous l’a précisé Jean-Marc Finot, son patron : “Nous aurons une disponibilité du moteur au début du printemps. L’auto sera montée à l’automne pour un roulage en fin d’année. La date d’arrivée en compétition sera communiquée ultérieurement. L’homologation de l’auto est pour 5 ans, donc nous ne prendrons pas le moindre risque.” Il reste une probabilité de voir Peugeot aux 24 Heures du Mans 2022 même si rien n’est finalisé.
Fidèle aux différents programmes avec Peugeot, Total apportera un soutien appuyé au constructeur français. Total fera partie intégrante de l’équipe en effectuant des prélèvements et en procédant à des analyses afin de suivre l’évolution de la vie des organes de la voiture. “Au-delà d’un partenariat qui dure depuis 25 ans, Total rajoute une compétence supplémentaire via sa filiale Saft”, a déclaré Romain Aubry, responsable technique Total Compétition. “Nous allons partager différentes tâches avec un partenariat plus renforcé que par le passé.”
La batterie a été co-développée par Peugeot Sport et Saft, filiale de Total. De haute densité, de forte puissance et à haute tension (900 volts), elle est l’un des éléments clé de la performance. Elle devra s’intégrer parfaitement dans la voiture et dans le processus de management énergétique de la chaîne de traction. Total et Saft vont utiliser leur savoir-faire acquis en Formule 1. Les batteries de F1 développées par Saft ont pour origine celles mise au point pour le F35, l’avion de combat interarmées de Lockheed Martin, dans le secteur de la défense. L’assemblage final aura lieu dans un atelier commun dédié chez PSA.
Peugeot va mutualiser ses compétences techniques avec du personnel qui a l’expérience de la Formula E chez DS.
“Le championnat s’annonce très intéressant”, souligne Jean-Marc Finot. “On savait qu’on serait face à Toyota et que le fait que Peugeot s’engage allait créer encore plus d’engouement. C’est différent du LMP1. A titre d’exemple, nous arrivons avec beaucoup d’humilité dans la technologie où il faut tenir compte d’une BoP. Nos adversaires ont de l’expérience dans ce domaine.”
“Il nous fallu du temps pour bien décrypter le règlement”, confie Olivier Jansonnie, directeur technique de Peugeot Sport. “La BoP est une bonne chose car elle pousse à se remettre en question sur les processus de développement en faisant les choses d’une manière différente. Cela offre de la liberté sur la forme et l’architecture. Le challenge est différent, ce qui oblige à se forcer à utiliser de nouveaux leviers.”
François Coudrain, qui était déjà responsable des moteurs du temps de la Peugeot 908, doit faire un reset avec le programme Le Mans Hypercar : “Les règles ont beaucoup évolué depuis la 908. Nous ne parlons plus d’un V12 mais bien d’un V6. Là, on est face à un règlement totalement inédit en étant cadré par une puissance qu’on restitue aux roues. Toute la performance de l’auto est guidée par la capacité à gérer au mieux la captation de l’énergie au freinage.”