Le titre est volontairement fort. On ne va pas se plaindre d’avoir des grilles conséquentes dans la plupart des championnats majeurs. Le développement de la discipline Endurance est plus que jamais d’actualité. L’arrivée de la catégorie Hypercar signe le retour des constructeurs et la catégorie GT3 se porte toujours aussi bien. Il suffirait que ces GT3 arrivent au Mans à moyen terme pour redonner un nouveau coup de boost aux différents championnats GT3.
Cependant, ce renouveau n’est pas sans laisser des traces et plus précisément des pilotes sur le carreau. Les pilotes viennent de plus en plus jeunes en LMP et GT. La raison ? Les jeunes, qui dépensent beaucoup (trop) d’argent en monoplace, ont conscience que ce n’est pas synonyme de Formule 1. Une fois qu’ils ont compris que la F1 n’était pas au bout de la ligne droite, il vaut mieux prendre un virage pour réorienter sa carrière. Pour tous ces pilotes, l’Endurance est ‘cheap’ compte tenu de l’investissement comparé à la F3 ou la F2. L’attrait des constructeurs en LMP et GT est forcément un atout non négligeable pour les managers de pilotes qui n’hésitent pas à dire à leurs poulains que faire carrière en Endurance est possible. Pour résumer, on vous dit : “tu paies une saison ou deux et tu deviens pilote payé par un constructeur”. La réalité est un poil moins évidente.
Quelques-uns y arriveront mais pas tous. Là aussi, certains resteront dans les stands. Une fois que vous avez l’étiquette de pilote payant, difficile de l’ôter. Vous seriez surpris de savoir combien de pilotes amènent un budget directement ou indirectement via des partenaires. Si vous n’amenez pas d’argent, vous devez amener avec vous un Silver qui paie pour deux.
Durant l’hiver, nous avons échangé avec des dizaines de pilotes, qu’ils soient classés Bronze, Silver, Gold ou Platinum. Aucune caste n’est épargnée. Certaines équipes sont prêtes à payer un bon Bronze pour compléter un équipage ou au pire qu’il roule gratuitement. Qui dit Bronze dit gentleman. Au fil des saisons, le gentleman est devenu une denrée très prisée, alors que la tradition veut que “l’amateur” finance une grosse partie du programme.
Si on regarde les listes des engagés WEC, ELMS et GTWC Europe 2020, où sont les Bruno Senna (Platinum), Jonathan Hirschi (Gold), Ho-Pin Tung (Gold), Thomas Laurent (Gold), Toni Vilander (Platinum), Marco Sorensen (Platinum), Maxime Martin (Platinum), Nicki Thiim (Platinum), Niko Kari (Gold), Jon Lancaster (Gold), Alvaro Parente (Platinum), Maxime Soulet (Gold), Seb Morris (Gold), Daniel Keilwitz (Gold), Mikkel Mac (Gold) ?
Mettez Maxime Martin, Alvaro Parente et Maxime Soulet dans la même auto, croyez-nous que ça va aller très vite. Mais qui paie ?
Il y a bien longtemps que l’argent a pris le dessus dans tous les sports et que l’humanité est un mot rayé du dictionnaire. Le pauvre Charly Lamm, que BMW a pourtant mis à l’honneur sur les M6 GT3 dès son décès, doit se retourner dans sa tombe en voyant ce qui arrive à Schnitzer.
Le futur de l’Endurance attire les jeunes qui arrivent de plus en plus jeunes. Il suffit de regarder les engagés 2021 : Callum Illott (22 ans), Jack Aitken (25 ans), Joonas Lappalainen (23 ans), Ferdinand Habsburg (23 ans), Rui Andrade (21 ans), Franco Colapinto (17 ans), Manuel Maldonado (21 ans), Louis Delétraz (23 ans), Yifei Ye (20 ans), Sean Gelael (24 ans), Fabio Scherer (21 ans). Robert Kubica (36 ans) et Stoffel Vandoorne (29 ans) font figure de vieux de la vieille par rapport aux jeunes pousses.
Les pilotes cherchent tous la précieuse équipe. En LMP2, vous avez deux gros piliers : Filipe Albuquerque, Nicolas Lapierre. En GT3, vous pouvez compter sur Maro Engel, Raffaele Marciello et Dries Vanthoor pour enchaîner les années sans avoir à se creuser la tête pour trouver refuge quelque part. Pour une majorité de pilotes, le lendemain n’est jamais assuré. Le plus souvent, il faut prendre son bâton de pèlerin, aller taper aux portes avec un baise-en-ville bien plus garni que pour une simple nuit. Et le sport dans tout ça ?