Après Laguna Seca en Bentley Continental GT3, vous pensez bien qu’un tour du tracé de Bathurst ne se refuse pas (merci à Sophie Peyrat, ndlr). Point de voiture de course pour cette découverte du circuit australien mais une Mercedes C43 AMG en passager du directeur de course. Il n’était pas question de faire claquer un chrono, juste un tour pour que le directeur de course contrôle l’état de la piste.
Tous les pilotes qui ont roulé ou qui roulent à Bathurst vous diront le plus grand bien de ce circuit long de 6.213 km avec ses 23 virages. Le cyclisme a L’Alpe d’Huez, le GT a le Mont Panorama Circuit. Le circuit australien, ouvert en 1938 et classé Grade 3 par la FIA, est à mi-chemin entre Macau et la Nordschleife. L’avis des pilotes est unanime.
La longue montée en sortant des stands est interminable et le rendu est bien différent de ce que donne la télévision. On monte, on tourne, on descend, toujours entre des rails. Pour résumer, il est impossible de décrire l’expérience de Bathurst sans être venu sur place pour le voir de ses propres yeux. Les noms Conrod Straight, Skyline, Murray’s Corner, Hell Corner, The Esses, The Chase, ne sont pas les plus connus en Europe, mais ils n’ont rien à envier à nos virages européens.
Chaque course a ses spécificités mais Bathurst est à part. Ici, tout est fait pour le confort des fans. Photographe professionnel accrédité ou amateur, il est possible de prendre des photos sans grillage. Un bus attend les fans pour les monter à Skyline. Il redescend une fois que vous en aurez pris plein les yeux dans la ‘montagne’.
Le paddock vous permet d’être acteur. Aucune barrière, aucun panneau de camouflage à l’arrière des stands et un profond respect des fans envers les équipes et les pilotes. Tout le monde regarde, personne n’outrepasse ses droits. Vous pouvez même suivre la stratégie d’Audi Sport Team Valvoline, Craft-Bamboo Racing, Black Falcon ou KCMG. Vous êtes si près des ingénieurs que vous avez un oeil sur les ordinateurs. Impensable en Europe car en Australie il existe toujours une chose qui se fait de plus en plus rare en Europe : le respect ! Pirelli a mis en place une animation qui permet de suivre en temps réel le temps de conduite des pilotes, l’utilisation des pneumatiques par voiture et un tas d’autres paramètres.
Que dire du village à l’entrée du circuit ? Tous les constructeurs exposent leurs modèles sportifs. Pendant que la Mercedes-AMG GT3 roule en course, vous pouvez vous installer au volant de celle qui est sur la scène. On a beau nous dire que cela coûte de l’argent aux marques d’exposer leurs autos et qu’ici le focus est mis sur les 12 Heures de Bathurst, mais quand on voit les investissements consentis, qu’on ne vienne pas nous dire que cela mettrait en péril la santé des marques de faire la même chose en Europe. On fait du sport automobile, pas une kermesse avec du tir au pigeon. Les Etats-Unis l’ont compris, l’Australie également.
De tous les pilotes avec qui nous avons discuté durant les cinq jours passés sur place, pas un seul nous a parlé de Balance de Performance. Pas un ! En même temps, avec près de 20 GT3 dans la même seconde en qualif’… On a pourtant des V6, des V8, des V10, des V12. A Bathurst, le pilote oublie la BOP tant il prend du plaisir en piste.
Alors oui il faut faire près de 20 heures d’avion pour venir en Australie, oui on roule à gauche dans le pays, oui il faut faire attention aux kangourous sur le bord des routes, oui la crème solaire est obligatoire pour éviter de brûler, oui il faut se lever à 3 heures pour assister au départ et oui la température en salle de presse est digne d’un congélateur. Malgré tout cela, l’expérience ne peut pas être décrite à distance, elle se vit sur place.
A Bathurst, il n’y a pas de de mauvais ou de bons pilotes, il n’y a que des vrais pilotes car si vous ne l’êtes pas, vous ne roulez pas sur le Mont Panorama Circuit…