Adrian Newey : “Revenir à quelque chose de plus simple est important”

ADRIAN NEWEY (GBR) DESIGNER

Adrian Newey est un célèbre ingénieur, certainement l’un des plus doués de sa génération. Il a notamment officié en Formule 1 pour Williams puis McLaren dans les années 90 et 2000 et finalement Red Bull Racing. Il est toujours directeur technique de cette dernière. Le Britannique est aussi le père d’Harrison Newey qui a remporté le titre 2017/2018 d’Asian Le Mans Series et qui évolue maintenant au sein d’APR Rebellion Racing sur l’ORECA 07 n°31 en ELMS.

Quel est votre regard sur la carrière que mène votre fils Harrison jusqu’à présent ?

« Je trouve qu’il se débrouille très bien. Il a commencé par le karting et Harrison fait partie de cette nouvelle génération de pilotes qui a continué ses études. Il a pu garder ce contact social avec les gens de son âge et certes, par rapport à d’autres pilotes, il n’a pas roulé autant qu’eux mais il a un certain équilibre dans son éducation. C’est ce que nous voulions sa mère et moi. Nous sommes ravis de le soutenir dans sa carrière et ce type d’éducation les rend plus matures, plus équilibrés. Ils apprennent beaucoup tout au long de leur carrière. Ils savent gérer leur déception, la pression, pas mal de choses de la vie. Harrison n’a pas toujours le matériel adéquat mais il en tire le maximum. »

Que pensez-vous de l’endurance en général ?

« J’aime bien cette discipline, pour être honnête. C’est certes différent de ce que je côtoie d’habitude car il y a plus d’un pilote dans la voiture, mais cela offre une dynamique différente. J’apprécie cet esprit d’équipe. En fait, l’une des toutes premières voitures que j’ai dessinée était une GTP en IMSA (une March GTP), ce qui montre que j’ai toujours aimé ça. J’ai ensuite piloté un peu moi-même et le fait de partager l’auto sur des courses de 6, 12 ou 24 heures était vraiment sympa. »

Que pensez-vous de l’évolution des LMP1 avec l’apparition de l’hybride ?

« Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas fan de tout ce côté hybride. Quand les voitures deviennent coûteuses, pas seulement en tant qu’auto mais aussi à cause de toute la partie recherche qui se trouve autour, ça devient alors très lourd. Il y a une image du sport automobile qui a tendance à être véhiculée, qui tend à dire que l’on développe ces voitures pour améliorer celles de série, mais ce n’est qu’un exercice de marketing. Transformer des voitures de route en GT de course n’a rien à voir avec une voiture de route qui est bloquée dans un embouteillage ou qui roule sur une autoroute, ce qui est leur vraie utilisation. L’engineering se trouve maintenant à un niveau complètement différent. Revenir à quelque chose de plus simple est important, d’abord d’un point de vue des coûts mais il faudrait aussi rendre ces voitures plus agiles, plus sympa à piloter. Le poids est devenu un ennemi, en particulier en F1, avec leurs 730 kilos maintenant. En 1998, la règle était de 600 kilos et avec du poids embarqué, ce qui la faisait 560 à vide. »

et du GTE-Pro ?

« La catégorie GTE se porte bien, ce qui est une bonne nouvelle. La Balance de Performance est bien dommage, je trouve, mais nécessaire dans ce type de formule. Elle attire beaucoup de constructeurs et ce type de voitures permet aux pilotes d’évoluer à un haut niveau. »

Vous avez-vous-même couru aux 24 Heures du Mans en 2007 sur une Ferrari 430/AF Corse (en compagnie de Joe Macari et Ben Aucott, 22e au général). Que gardez-vous en tête ?

« C’est un événement tout à fait extraordinaire. On les compare souvent mais Le Mans est dans la lignée du Grand Prix de Monaco de F1 et des 500 Miles d’Indianapolis. C’est l’une des plus grandes courses du monde, sans aucun doute. C’est aussi une épreuve qui, en tant que pilote amateur, est toujours accessible. C’est ce qui la rend assez spéciale. Nous étions trois amateurs au départ, c’était avant que la catégorie GTE-Am n’existe et nous nous sommes bien amusés. »

Aimeriez-vous un jour faire équipe avec votre fils aux 24 Heures du Mans ?

« Oui, j’adorerais ça et j’aimerais avant tout que Harrison fasse Le Mans. »

Vous êtes aussi très intéressé par les courses historiques. Aura-t-on la chance de vous voir au Mans Classic ?

« Cette année, je vais participer à Monaco Classic et peut être Le Mans Classic, épreuve que j’ai effectivement déjà disputée dans le passé. »