Quand vous disputez les 24 Heures de Spa, vous savez que vous devez vous attendre à toutes les conditions de piste. L’édition 2019 est passée de la canicule à la grosse pluie. Les conditions étaient tellement catastrophiques que la direction de course a été décidé d’interrompre la course durant plusieurs heures peu avant le petit matin.
On attendait un retour à la normale en début de matinée mais la direction de course, en accord avec les équipes, a attendu jusqu’à 11h30 pour relancer les débats. Un peu trop tard si on en croit les pilotes… Une fois la course relancée, plusieurs neutralisations ont eu lieu avec des Full Course Yellow suivis de safety-cars. La machine s’est enrayée quand le safety-car n’a pas pris la bonne voiture de tête. Alain Adam, directeur de course, a joué la transparence en nous recevant chez lui lundi matin pour nous éclaircir.
La course n’aurait pas pu reprendre plus tôt ?
“Certaines prédictions annonçaient une amélioration à 9h30, d’autres à 12h. Des équipes ont souhaité reprendre à 9h30. Un meeting a eu lieu avec les différents acteurs pour la marche à suivre. Il y avait deux possibilités : un nouveau meeting à 11h30 ou un nouveau départ à 11h30. Nous sommes partis sur la deuxième option.”
Le fait que les conditions s’améliorent n’a rien changé ?
“Il y a bien eu une amélioration vers 9h30 mais elle n’était pas suffisante. Spa est un circuit compliqué. On s’est renseigné et il y avait encore pas mal de brouillard autour du circuit. Toutes les équipes étaient d’accord pour un départ à 11h30. WRT a tout de même demandé si on pouvait repartir vers 9h30.”
L’avis des pilotes semblait unanime sur le sujet avec un départ possible vers 9h30…
“J’ai bien conscience que l’adrénaline a été coupée et je comprends les remarques des pilotes. Durant cette interruption, il a aussi fallu régler des questions techniques qui ont pris du temps.”
Lesquelles ?
“Les autos étaient sous régime de parc fermé dans la voie des stands. Il a déjà fallu couvrir les voitures, voir si on pouvait les mettre dans les stands, comment faire chauffer les moteurs avant de repartir. Est-ce qu’il fallait faire chauffer les boîtes de vitesses ? Fallait-il faire tourner les roues ? Quand le parc est fermé, il est clairement fermé. Il a aussi fallu revoir les temps de conduite mini. En premier lieu, on ne pouvait pas laisser indéfiniment les autos à l’extérieur sous la pluie. Une voiture de course n’est pas une voiture de série. De l’eau s’infiltre facilement à l’intérieur. Pour que tout le monde ait le temps de se préparer, on a ouvert le parc fermé cinq minutes plus tôt avant de relâcher les autos.”
Pourquoi ne pas avoir remis les relais à zéro ?
“On ne peut pas remettre un relais à zéro à cause de la météo car certains seraient avantagés, d’autres désavantagés. Quand on sort le drapeau rouge, on ne regarde pas depuis quand le relais des équipes est commencé. Il faut surveiller ceux qui sont sur la piste, ceux qui rentrent dans les stands, ceux qui font de la mécanique. On se doit d’être honnête avec tout le monde.”
On ne savait plus trop quelle était la hiérarchie à ce moment-là. Il faut surveiller ceux qui ont fait l’arrêt technique, l’arrêt joker, etc…
“Quand on sort un drapeau rouge, il faut avoir une vue d’ensemble. Tout le monde vient poser des questions en direction de course et bien entendu tout le monde prêche pour sa paroisse. Une équipe comme Grasser était dans le haut de tableau mais allait devoir s’arrêter. On a bien prévenu les équipes qu’il y aurait au moins deux tours derrière safety-car à la relance.”
Une fois la course relancée, on a vu le safety-car qui n’a pas pris la bonne voiture de tête lors d’une neutralisation. Que s’est-il passé ?
“Je ne suis pas seul en direction de course et on ne suit pas la course comme on peut la suivre devant sa télévision ou son ordinateur. Nous n’avons pas le retour de la télévision. On travaille par module et on prend les ordres de passage en regardant ls secteurs. Le principe de base est de prendre le leader dans le tour et la voiture de sécurité a certainement été appelée trop tard en piste, d’où l’avance de l’Audi #1 (56s). Ce problème de safety-car m’a profondément touché car cela peut influer le résultat final. Vingt mètres de différence peuvent tout changer sur une telle course…”