Alain Tannier : « Tout ce qui n’est pas spécifiquement autorisé par le règlement est interdit »

Les vérifications administratives et techniques – autrefois appelées « pesage »- servent à valider la conformité des voitures par rapport au règlement des 24 Heures du Mans. Un rituel cher aux spectateurs et redouté par les concurrents.

Autrefois, les contrôles techniques pré-course étaient assez sommaires. Ils consistaient principalement à peser les voitures, d’où cette ancienne dénomination de « pesage ». Aujourd’hui les choses sont bien différentes : les bolides des 24 Heures du Mans sont scrutés dans leurs moindres détails avant la course, et parfois littéralement disséqués après la compétition ! Il y a deux vérifications techniques : la première avant la Journée Test (qui n’aura pas lieu cette année, ndlr), et la seconde avant la course en elle-même.

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Les vérifications techniques se déroulent en quatre étapes. Bénévole à l’ACO depuis près de 40 ans, cet ancien employé d’une compagnie d’assurance fait office de « secrétaire » durant cette étape cruciale de l’avant course. C’est Alain qui, à la fin des vérifications, remet aux responsables des équipes un document leur donnant le feu vert pour participer aux 24 Heures, ou les sommant de procéder à des modifications sur leur voiture, faute de quoi le départ leur serait interdit ! Aimable mais inflexible : tel est Alain Tannier, surnommé « le Sheriff » par Henri Pescarolo, un petit nom qui lui est resté !

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Le premier poste de vérification concerne le poids du véhicule : un prototype de la catégorie LM P1 ne peut pas afficher moins de 855 kg sur la balance par exemple. « Ses dimensions, sa hauteur de caisse, tout doit être conforme au règlement de la catégorie. On emploie des lasers et les mesures se font donc au millimètre près ! Si un aileron est trop long, même d’un demi-centimètre, il doit être ajusté », indique Alain Tannier.

Puis la voiture est dirigée vers un deuxième poste, où on la place sur un pont pour examiner ses « dessous » : le fond est-il bien plat, les mesures correctes, la solidité dans les normes… Et pour les Prototypes l’épaisseur et la forme de la planche sont-ils bien conformes ?

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Le troisième poste de contrôle concerne la sécurité extérieure : les numéros de course qui doivent être rétroéclairant de même que tous les feux de la voiture. Les phares par exemple sont-ils bien ceux homologués ? « On vérifie également toute la sécurité intérieure de la voiture : l’extincteur, le harnais du pilote, les sièges, la bonne fixation des caméras… » détaille Alain.

Enfin, le quatrième poste de contrôle concerne le chronométrage et la communication informatique entre la voiture et la Direction de course. Les pilotes doivent être en mesure de recevoir des informations officielles : annonce d’une neutralisation de la course, etc…

Alain Tannier détaille : « La direction de course reçoit également en temps réel des informations sur la position de la voiture sur le circuit , la consommation des LM P1 et la vitesse des voitures à tout moment, et surtout lors des neutralisations. Si la température dans l’habitacle est trop élevée le Directeur de course a la possibilité de stopper un concurrent pour préserver la santé du pilote. D’autres information concernent les pressions du turbo ou les pneumatiques par exemple. »

Le passage aux vérifications techniques prend entre 45 mn et une heure par voiture. Outre la quinzaine « d’examinateurs », des représentants de la Fédération Internationale Automobile et de l’ACO sont présents.

Concernant les moteurs, toutes leurs caractéristiques techniques doivent être annoncées en amont par les équipes, et comme pour les autres aspects de la voiture, « Tout ce qui n’est pas spécifiquement autorisé par le règlement est interdit ».

Les moteurs et boites de vitesse peuvent être « décortiqués » après la course afin de vérifier leur conformité. Les voitures réalisant les podiums de chaque catégorie sont systématiquement et complètement vérifiées. « On pense que la voiture qui franchit la ligne en tête après 24 Heures de course est la gagnante, mais en fait ce n’est que le lendemain ou le surlendemain, à l’issue des vérifications techniques, qu’on est vraiment sûr de l’identité du vainqueur ! », sourit le Sheriff du Mans.