Alan Queille (Racing Engineering) : “Il peut se produire plus de choses qu’en F2”

#24 RACING ENGINEERING (ESP) LIGIER JSP217 GIBSON LMP2 ORECA 07 GIBSON LMP2 NORMAN NATO (FRA)

Pour son transfert F2/LMP2, Racing Engineering a gardé le même staff technique. L’ORECA 07 est forcément différente d’une monoplace de F2, si bien que l’écurie ibérique doit s’acclimater à sa nouvelle monture. Alan Queille, directeur technique, a conscience de la complexité de la nouvelle discipline.

Racing Engineering passe du championnat de la F2 à l’European Le Mans Series. Qu’est-ce que cela signifie sur le plan technique ? Quelles sont les principales différences entre les deux types de voitures ?

« Outre les différences évidentes comme les passages de roues, le toit et les portes, une F2 et une LMP2 sont relativement proches en termes d’architecture. Ce sont deux voitures avec beaucoup d’aérodynamisme, une monocoque en carbone, une suspension à double triangle. Le groupe motopropulseur est également similaire à celui que nous utilisions en F2 avec une boîte séquentielle à 6 rapports avec palettes au volant et un moteur V8. Même si la LMP2 est plus lourde et moins puissante, l’adhérence dans les virages est assez élevée. La LMP2 est beaucoup plus complexe en termes d’électronique. Les équipes et les pilotes ont plus d’outils pour « jouer » avant et pendant la séance : système de contrôle de traction, direction assistée électrique, des cartographies moteur et boîte de vitesses. Nous disposons maintenant d’une télémétrie en temps réel, ce qui nous permet de visualiser en direct les réglages de la voiture. »

Au-delà de la voiture, quels sont les défis lorsqu’il s’agit de faire rouler une LMP2 ?

« Fondamentalement, les principaux défis et différences viennent de l’essence même d’une course d’endurance : des courses plus longues et plusieurs pilotes partageant une voiture. Le fait que les courses soient de  quatre heures contre une seule en F2 signifie qu’il peut se produire plus de choses (changements de temps, voiture de sécurité, etc). Nous avons plus de paramètres à prendre en compte pour la stratégie de course : durée de la course, ravitaillement, nombre de pneus, temps de conduite pour chaque pilote en fonction de sa catégorie. Même si elles sont encore vitales, les séances qualificatives ont moins d’importance qu’en F2. Nous devrons également ajuster notre stratégie tout au long de la course afin de nous adapter à l’évolution des circonstances alors qu’en F2, une fois le changement de pneus effectué, nous avons rarement eu à faire un nouvel arrêt au stand. Alors qu’en monoplace, nous avons été capables d’ajuster complètement la voiture à son pilote, nous devons apprendre à travailler avec trois pilotes utilisant la même voiture et trouver un équilibre qui convient bien aux trois, donnant du temps de piste à chacun d’entre eux. Les défis viennent aussi du calendrier lui-même. Dans le championnat de Formule 2 de la FIA, nous avions entre 10 et 12 épreuves par saison (2 courses par week-end). En European Le Mans Series, nous avons six meetings avec une course de 4 heures le dimanche. »

S’inscrire dans un nouveau championnat est toujours un défi. Comment l’équipe prépare-t-elle la saison à venir ?

« La première étape pour se préparer à ce défi est de définir les besoins de l’équipe en termes d’organisation, de matériel et de pièces pour s’assurer que tout sera prêt lors de la première course. Ensuite, nous sommes entrés dans une phase plus concertée à partir du moment où nous avons reçu la voiture. Les mécaniciens ont commencé à travailler dessus pour apprendre les opérations de maintenance, l’ajustement des réglages. Du côté de l’ingénierie, nous avons entré les paramètres de la voiture dans notre logiciel de simulation ainsi que dans notre simulateur de conduite et nous avons étudié les faits de course de l’année dernière. Nous avons évidemment pratiqué le nouveau système d’arrêt au stand avec des règles complètement différentes de celles auxquelles nous étions habitués. Après un premier shakedown, nous avons récemment eu une journée d’essais avec les trois pilotes. Cela nous a permis de commencer à travailler sur la voiture, en apprenant sa sensibilité aux réglages, son  équilibre. Nous sommes en train de finaliser toutes nos préparations pour être prêts pour le premier événement au Paul Ricard. »

Racing Engineering a disputé des courses d’endurance dans les années 90 et maintenant. Avec ce retour aux sources, quelles sont vos attentes pour la première saison en ELMS ?

« Nous sommes très heureux de faire partie de l’European Le Mans Series. La liste d’engagés en LMP2 est assez impressionnante avec près de 20 voitures gérées par des équipes très expérimentées, avec de bons équipages. Pour notre première année dans cette nouvelle catégorie, avec une nouvelle voiture, ce sera évidemment une courbe d’apprentissage très dure. Il faut d’abord s’assurer de maximiser tous les aspects d’un week-end de course (configuration de la voiture, stratégie, arrêt au stand) avant d’envisager de faire de bons résultats. La première étape a été d’avoir deux journées d’essais productives pendant les essais officiels ELMS au Paul Ricard avant de nous aligner pour notre première course. »