Cette année, Albert Costa a évolué au sein de l’équipe Emil Frey Lexus Racing en Blancpain GT Endurance. Il pilotait l’une des deux Lexus RC F GT3 de l’écurie suisse en compagnie de Marco Seefried et de l’ancien pilote de Formule 1, Christian Klien. Il s’est classé 15e au championnat Pilotes 2018 mais il se montre satisfait de sa saison. Débriefing avec le pilote espagnol, l’un des plus doués de sa génération.
Vous avez beaucoup roulé en monoplace, particulièrement en Formule Renault 3.5 ! Pourquoi avez-vous décidé de bifurquer vers le GT ?
«Au début, j’étais complètement focalisé sur ma carrière en monoplace. Cependant, comme tout le monde le sait, lorsque vous êtes à une étape de la Formule 1, les choses sont compliquées, vous avez besoin de gros partenaires. J’ai gagné plusieurs championnats en monoplace (Formule Renault 2.0 Eurocup et 2.0 WEC en 2009), quelques courses en 3.5 me battant pour le championnat à deux reprises jusqu’à la dernière manche. J’ai continué en Eurocup Megane Trophy (championnat qu’il remporte en 2012, ndlr) tout en continuant à chercher un baquet en GP2, GP3 ou dans n’importe quelle autre monoplace. Un jour, je me suis réveillé en me disant qu’il était peut être temps d’aller voir d’autres équipes, d’autres championnats ! J’ai alors fait du coaching de jeunes pilotes en Championnat d’Europe F3 (qui était parfois en support d’autres séries) avec l’équipe Carlin et ça m’a permis d’aller discuter avec des écuries WEC, de Blancpain GT Series. J’ai eu pas mal de contacts dont Emil Frey Racing, j’ai alors dit ok ! J’ai découvert l’auto, l’équipe, j’ai fait des essais et nous sommes tombés d’accord pour faire la saison 2016.»
Vous n’avez donc pas de regrets ?
« Pas du tout, c’est un rêve pour moi ! Ma vie est maintenant celle que j’ai toujours voulu avoir lorsque j’étais bien plus jeune, c’est à dire devenir pilote professionnel. Je suis payé pour le faire et tout se passe bien. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour en arriver là et je prends beaucoup de plaisir. Je travaille dur pour rester au plus haut niveau. »
Le GT3 en général est-il loin de ce que vous pilotiez auparavant ou y-a-t-il des ressemblances ?
« J’adore les sensations avec les GT3, quand on arrive dans un virages rapides, ce n’est que du plaisir ! On sent vraiment bien l’appui aérodynamique, en particulier avec la Lexus. Parfois on me demande si certains aspects du pilotage de monoplace me manquent, mais ça fait partie de mon passé maintenant. Je suis heureux du championnat dans lequel j’évolue, je profite de chaque seconde. »
Quel bilan tirez-vous de votre saison Blancpain GT Series avec cette nouvelle auto ?
« C’est une saison satisfaisante. Je suis surtout très fier de l’équipe car nous avons débuté l’année en fond de grille, complètement perdu en termes de pneus et de set-up. Les gars ont travaillé tellement dur sur et en dehors des circuits. Ils ont rendu les choses possibles avec maintenant une bonne auto, avec laquelle on se sent bien. Cela s’est concrétisé par cette victoire décrochée au Paul Ricard. »
Comment se sont déroulées les 24 Heures de Spa pour vous ?
« Elles se sont bien passées même si nous n’avions pas forcément la meilleure auto, en tout cas autant que nous le voulions. Nous avons lutté avec la voiture, mais lors des qualifications, j’arrive à signer le 3e temps à deux dixièmes du meilleur chrono. Lors de la Super Pole, les pneus n’étaient pas assez bons (il signe le 19e temps, ndlr). En ce qui concerne la course, je suis satisfait car c’est la première fois que je finis les 24 Heures de Spa. Nous nous sommes bien battus et terminons 13e ! Je suis content de mes performances et de la façon dont mon corps a réagi. Je sais maintenant dans quels secteurs je dois encore travailler. Avec mes coéquipiers et l’ensemble de l’équipe, nous avons vraiment fait du bon travail. »
Comment est cette Lexus RC F GT3 à piloter ?
« Après le Paul Ricard, nous avons eu quelques difficultés avec les circuits suivants. Ce fut difficile, mais quand la voiture est bien, elle est vraiment impressionnante. Je ne veux pas trop m’étendre car tout cela est en relation avec la BOP (rire). Tout ce que je demande, c’est d’être en mesure de me battre en qualification et pour la victoire ! Si tel est le cas, je peux alors montrer mon habileté au volant et mes coéquipiers peuvent s‘exprimer. »
Quels sont vos projets pour 2019 ?
« J’aimerais rester dans ce championnat car je m’y sens bien, j’y suis heureux ! L’équipe est vraiment super avec moi. Cependant, j’ai eu quelques appels ces derniers temps et je dois étudier ces propositions. »
Regardez vous aussi l’ELMS ou le WEC ?
« Oui et je regarde tous les championnats. Je suis ouvert à tout même à la Formula E, le DTM. Ce qui m’intéresse, c’est une équipe avec des projets pour le futur comme c’est le cas avec Emil Frey Racing ! »
En juillet dernier, vous avez participé au Mans Classic sur une Porsche 904 Carrera GTS de 1964. Comment ça s’est passé ?
“Ce fut juste incroyable. Un de mes sponsors possède une société d’historique et il m’a demandé si je voulais faire Le Mans Classic. Je lui ai demandé s’il ne plaisantait pas ! Je me suis retrouvé dans cette Porsche et tout le monde m’a dit : “attention, c’est une voiture qui vaut très cher !” En plus, il y avait beaucoup de concurrents et la plupart plus rapide que moi. J’y suis allé, j’en ai profité pour découvrir ce circuit et j’y pris beaucoup de plaisir. Cependant, alors que nous n’étions là pour aucun résultat, nous avons terminé 4e, manquant même le podium dans le dernier tour (rire) ! La voiture était vraiment sympa à piloter avec ce type de pneus, une vraie boîte de vitesses. De plus, l’ambiance du Mans Classic est phénoménale avec toute cette foule ! Ce fut un super moment !”
Comment est la piste du Mans ?
“C’est fantastique. L’un de mes coéquipiers m’avait dit que Le Mans était magique et il avait raison ! Et je ne vous parle même pas de la nuit ! Quand j’étais enfant, je regardais cette course avec mon frère et je me rappelle l’année où la Mercedes s’est envolée ! Je sais que j’ai roulé à Spa-Francorchamps, à Barcelone, que j’ai gagné ici et là, mais la piste du Mans est juste spéciale, c’est difficile à expliquer. C’était important pour moi d’être au Mans Classic car un jour je veux disputer les 24 Heures du Mans !”