Alessandro Pier Guidi était tout sourire dans le paddock de Barcelone pour la manche ELMS. Le pilote italien est le tout dernier vainqueur des 24 Heures du Mans en GTE-Pro et s’apprête à disputer une autre course mythique : les 24 Heures de Spa…
Avant de parler des 24 Heures de Spa, retournons un peu en arrière. Il y a un mois, vous avez remporté les 24 Heures du Mans en GTE-Pro avec la Ferrari 488 GTE #51 d’AF Corse. Comment vous sentez vous un mois après ?
« Bien mieux qu’à l’issue de la course pour être honnête car j’ai eu le temps de réaliser ce qui m’est arrivé depuis et ce que mes coéquipiers, Ferrari et AF Corse ont pu accomplir. Nous avions beaucoup souffert en 2018, nous avons donc travaillé encore plus depuis l’année passée pour être performants en juin 2019, et c’est ce qui s’est passé. La performance est une chose, gagner en est une autre. Les 24 Heures du Mans furent très dures, le niveau en GTE-Pro est tellement relevé. Nous avons fait du super travail, je suis vraiment satisfait. J’ai gagné les 24 Heures de Daytona, une autre grande course, mais Le Mans est vraiment quelque chose de spécial, d’unique. De plus, cette course et Ferrari ont un lien très fort ! »
Vous abordez une nouvelle saison WEC face à deux autres constructeurs. Comment la voyez-vous ?
« Malheureusement, nous avons perdu deux marques, BMW et Ford. Nous sommes contents car nous avons certainement gagné les 24 Heures du Mans la plus difficile en GTE-Pro. C’est assez bizarre de finir en juin et de repartir tout de suite derrière avec le Prologue fin juillet à Barcelone. Nous sommes prêts, nous venons de remporter Le Mans, nous sommes décidés à nous battre de nouveau pour le championnat. Nous n’avons pas été si performants que cela tout au long de la saison, mais au final, nous terminons 2e au championnat Pilotes à seulement 18 points ! Nous essayerons de nous rapprocher pour empocher le titre en fin de saison ! »
Un autre gros événement se profile maintenant : les 24 Heures de Spa.
« Nous avons un bel équipage pour cette course, digne de l’usine (il fera équipe avec James Calado et Sam Bird sur la Ferrari AF Corse). Nous allons faire de notre mieux car il y a tellement de voitures cette année, plus de 70 ! Il y en a plus qu’au Mans alors que le circuit est deux fois plus court ! Nous devons rester en dehors de tout problème. C’est facile à dire, mais ce n’est pas facile à réaliser. Avec une course sans souci, nous serons là pour la bataille finale. »
Vous considérez-vous comme favori ?
« Je ne pense pas ! Il y a tellement de bons équipages. Porsche a de superbes trios, mais les autres marques aussi. Il y a aussi pas mal de pilotes qui sont habitués à ce championnat, je pense qu’ils seront peut être un petit mieux préparés. Nous ne sommes plus impliqués dans cette série depuis quelques années. Cependant, nous serons là, prêts à nous battre, mais de là à nous considérer comme l’un des favoris, non ! Nous sommes au même niveau que pas mal d’autres concurrents. »
Qui est le plus fort d’après vous quand vous regardez la liste des engagés ?
« Bentley semble solide, Porsche a de superbes équipages avec beaucoup de pilotes usine comme chez nous. Audi semble bien armé aussi, Lamborghini sera rapide comme d’habitude. Même si je ne cours pas dans ce championnat, je le suis de près, je sais que la BOP a vraiment resserré les écarts entre les constructeurs. Là aussi, il est difficile de dégager un favori, tout peut se passer sur une telle course. Il faudra déjà être efficace lors des qualifications, trouver un tour clair car toutes les voitures seront très rapides, la différence ne se fera pas sur cela. Les éléments clés seront de ne pas avoir de problème mécanique ni de problème dans le trafic. Il y a tellement de voitures, avec des gentlemen-drivers. Les autos ont l’ABS et il est difficile de dépasser car tout le monde est en mesure de freiner tard. Il est donc plus compliqué pour un professionnel de faire la différence dans les zones de freinage. Même prendre un tour à un adversaire dans le trafic sera un vrai défi. »
Quelle différence existe-il entre Spa et Le Mans ?
« Le trafic à Spa est beaucoup plus important et difficile à gérer. De plus, c’est physiquement un peu plus dur car, au Mans, vous avez plus de temps pour vous “reposer” dans les lignes droites. A Spa, le circuit est aussi plus sombre qu’au Mans. Comme je l’ai mentionné, dépasser à Spa est bien plus difficile qu’au Mans.
Cette année, en Sarthe, le niveau était vraiment hyper relevé et le côté historique du Mans est vraiment très important. Les 24 Heures du Mans sont le plus grand événement au monde, Spa est probablement le 2e ou 3e avec Daytona et le Nürburgring. Je suis vraiment ravi de pouvoir faire ces deux courses de 24 heures coup sur coup en un peu plus d’un mois. J’ai gagné la première, j’espère pouvoir faire de même le week-end prochain. »
Vous avez vécu un départ particulier lors des 24 Heures de Spa 2013. De quoi vous rappelez-vous ?
“Ce fut certainement un moment amusant pour pas mal de gens, mais pas pour moi. C’est bon pour le spectacle, pour les vidéos YouTube, mais j’aimerais ne pas répéter cette “figure” ! “