Les Talkanitsa père et fils roulent depuis très longtemps en Endurance, que ce soit en European Le Mans Series, en Michelin Le Mans Cup (cette année) ou encore le GT Open. Nous avons rencontré le fils, Alexander Junior, avant la finale Michelin Le Mans Cup à Portimão ainsi que les FIA Motorsport Games qu’ils disputeront pour leur pays, la Biélorussie !
Vous avez longtemps roulé en GTE en ELMS avant de passer en LMP3 ? Pourquoi ce choix ?
« Notre objectif a toujours été d’aller en LMP2. Au niveau amateur, c’est le plus haut niveau qui peut être atteindre, le LMP3 était donc la première marche. Nous avons passé 7 ou 8 ans en GTE et, comme mon père vieillissait au fur et à mesure, qu’il veut aller au Mans, que ce sera obligatoirement en LMP2, nous avions donc besoin de nous préparer et le LMP3 était la meilleure école…C’est une voiture assez basique, pas d’ABS, pas d’antipatinage. »
Quel est votre regard sur votre saison LMP3 en Michelin Le Mans Cup ?
« Notre première année en ELMS, en LMP3, a été plutôt bonne. La saison dernière a été plus difficile et je dois bien avouer que celle-ci est encore plus compliquée, même si nous sommes passés en Michelin Le Mans Cup ! Il y a trois raisons à cela. D’abord, nous avons été assez malchanceux comme lors de la manche de Barcelone avec ce souci de pot d’échappement. De plus, je dédie moins de temps au sport automobile. Avant j’étais étudiant, maintenant je travaille à plein temps et dispose de moins temps pour mon sport. Pour finir, cette année, nous évoluons sans pilote de pointe comme ce fut le cas auparavant. Nous souhaitions prendre plus de responsabilités pour tout ce qui est mise au point de la voiture, la qualification. Auparavant, c’était trop facile de nous reposer sur notre pilote professionnel, Mikkel Jensen. Cela nous a pris quelques courses pour nous y faire et atteindre un bon niveau, mais maintenant nous avons bien amélioré la voiture et nos performances. Je pense que nous reviendrons avec un pilote pro dans le futur, mais nous avons en tout cas beaucoup appris. »
Allez-vous rapidement passer en LMP2 ?
« Je pense que nous avons encore besoin d’un peu de temps. Nous avons roulé en juin dernier à Vallelunga avec une LMP2 ancienne version pour la première fois. Ce fut une belle expérience. Nous pensons participer à l’Asian Le Mans Series, mais pas cette saison ! »
Votre but ultime est de venir aux 24 Heures du Mans…
« Pour les athlètes ou les nageurs, l’aboutissement, ce sont les Jeux Olympiques. En sport auto, les 24 Heures du Mans sont la finalité ! Nous souhaitons décrocher une invitation pour y accéder. Nous étions très proches en 2016 en GTE lorsque nous avons terminé 3e en European Le Mans Series, une 2e place était suffisante pour une invitation ! »
Vous allez aussi participer aux FIA Motorsport Games début novembre avec une Ferrari 488 GT3 managée par votre propre équipe, AT Racing, avec l’assistance technique d’AF Corse. Quel est votre avis sur cette manifestation et quels sont vos objectifs ?
« Là aussi, c’est très similaire aux Jeux Olympiques et je trouve que l’idée de représenter son pays est très intéressante. On a toujours de superbes décorations de voiture, avec les drapeaux, lors de cet événement. De plus, comme le reste de l’année, je partage l’auto avec mon père, mais c’est un peu plus spécial du fait de représenter la Biélorussie. Je crois, qu’en plus, il y aura une ou deux autres associations père / fils à Vallelunga, dont l’Italie avec les “Roda”. Ce format est vraiment sympa, nous aurons 20 à 30 personnes de notre pays qui vont faire le déplacement pour nous soutenir. Cependant, ce sera compliqué pour nous de nous battre pour la victoire car nous n’avons pas roulé dans une GT3 de toute la saison. Nous avons testé la voiture à Vallelunga début septembre, cela s’est bien passé, nous essaierons d’être compétitifs en tout cas. Je pense que la Turquie sera très forte, tout comme l’Italie, et Ferrari sera compétitive sur ses terres. Nous aimerions bien pouvoir terminer dans le top 10, le plus proche du Top 3 serait le mieux… »
Vous venez de mentionner votre pays. Comment est perçu le sport automobile en Biélorussie ? Êtes-vous beaucoup suivi ?
« Un jour, un ami de mon père est parti faire du Karting au milieu de nulle part en Biélorussie dans un tout petit club. Au milieu du batiment trônait une photo de nous et de notre voiture. Les responsables disaient aux enfants que s’ils roulaient bien, ils auraient un jour la possibilité de monter dans notre auto. L’intérêt pour le sport auto augmente dans notre pays, mais ce n’est pas au niveau du tir, du football ou du tennis par exemple. Mais on suit plus car la Russie devient de plus en plus investie dans le sport auto avec un Grand Prix de F1, des pilotes russes dans de grandes disciplines et nous sommes proches de ce pays géographiquement. Une participation aux 24 Heures du Mans apporterait un peu plus de lumière sur ce sport dans notre pays, c’est certain…»
Quel sera votre programme en 2020 ?
« Nous devrions continuer en LMP3, mais nous ne savons pas si ce sera en Michelin Le Mans Cup ou ELMS car cette année, la compétition est aussi relevée dans l’un que dans l’autre. Comme je l’ai dit, nous souhaitons faire l’Asian Le Mans Series 2020/2021. Nous annoncerons notre programme un peu plus tard. »
Vous allez rouler en GT3, vous avez fait du GTE, vous faites du LMP3 à l’année. Allez vous plus vous concentrer sur le GT ou le LMP à l’avenir ?
« Nous sommes toujours ouverts, nous avons beaucoup d’expérience avec la GTE et nous sommes plutôt rapides lorsque nous montons dedans. Mais le GTE devient de plus en plus difficile pour les amateurs au niveau compétition et budget. De plus, seulement deux championnats les acceptent : le WEC et l’ELMS. Donc si un jour on quittait le LMP3, ça serait plus pour faire du GT3, mais nous n’en avons pas vraiment l’intention, nous souhaitons poursuivre en prototype… Dans les prochaines années, nous souhaitons refaire les Total 24 Heures de Spa car mon père y a gagné sa catégorie il y a quelques années. Pour ma part, je ne les ai jamais faites, mais j’aimerais ! »
Vous avez presque toujours été associé à AF Corse. Pourquoi votre relation est-elle si forte ?
« Nous avons d’abord commencé avec une équipe autrichienne qui faisait rouler mon père, pour sa première saison, sur une Corvette C5.R GT1, Renauer Motorsport. Ensuite, nous avons eu deux options : soit Proton Competition avec Christian Ried soit AF Corse. Nous avons discuté avec les deux, nous voulions la meilleure structure et nous avons débuté un super partenariat avec l’équipe d’Amato Ferrari. Je pense qu’il a l’une des meilleures équipes GT au monde. Il est super professionnel et, au niveau des ingénieurs et des pilotes , il a un très beau réseau. Si nous sommes au niveau que nous avons aujourd’hui, c’est uniquement grâce à Amato et à la collaboration que nous avons avec lui. »