A 70 ans passés, André Pons est un passionné des courses d’endurance depuis plusieurs décennies. C’est vers lui que nous nous sommes tournés pour connaître son avis sur la discipline, comment il a vu les changements et comment il voit l’avenir. Avec un fils qui compte deux départs aux 24 Heures du Mans et un autre fils qui n’hésite pas, comme le père, à parcourir le tour du monde pour aller voir des courses, l’Endurance est comme qui dirait une religion chez les Pons. André compte aussi 5 Paris Dakar en relais radio pour les équipes et l’organisateur, sans oublier 25 Tour de France à une époque où le téléphone portable n’existait pas. Un pur passionné de sport…
Quand avez-vous découvert le sport automobile ?
“Je me suis rendu pour la première fois aux 24 Heures du Mans 1955 avec mes parents. C’était l’année de la tragédie. Nous étions au Tertre Rouge, nous avons vu de la fumée sans aucune information. On l’a su que le lendemain à la radio. C’était mon premier contact avec l’Endurance. La même année, nous sommes allés en famille aux 12 Heures de Reims. Mon grand-père était constructeur automobile et mon père adorait l’automobile. Je dessinais sur mes cahiers les prototypes du Mans. J’en ai dessiné des milliers.”
Vous allez au Mans chaque année ?
“J’ai dû louper une ou deux éditions depuis 1955 mais je n’y vais plus depuis 2015. Ce que j’adorais, c’était les anciens stands. Les nouvelles tribunes sont devenues un repoussoir. De plus, on ne peut plus faire de photos. Jusqu’à l’époque des Mazda (1991, ndlr), la course était humaine. Au fil du temps, elle est devenue technologique. On ne sait pas trop comment cela fonctionne et ça fait peur à tout le monde. Maintenant, on peut suivre les 24 Heures du Mans de chez soi de bout en bout. On peut vivre la totalité de la course grâce à des médias compétents. Ma passion pour l’Endurance reste intacte car quand je veux rouler au Mans, je mets mon Renault Sport Spider sur la remorque et je vais sur le Bugatti. Le Mans reste Le Mans.”
Vous n’hésitez pas à sortir des frontières pour aller voir des courses…
“Le Mans, c’est devant mon écran, mais Daytona c’est sur le circuit. Je critiquais le drapeau jaune et les règles américaines mais au final ce n’est pas si mal. On fait de l’endurance durant 23 heures et de la F1 durant la dernière heure. Aux Etats-Unis, le contact avec les acteurs est très facile. Il m’est arrivé de discuter à Daytona quelques minutes avec les frères Taylor avec un vrai échange. En Europe, le championnat blancpain permet encore d’approcher les voitures. “
Et la Formula E ?
“Je la laisse à ceux qui trouvent ça bien. Il faut quand même deux voitures pour disputer une course…”
La discipline Endurance a changé ces dernières années ?
“Les voitures se ressemblent de plus en plus et pour quelqu’un de néophyte, c’est incompréhensible. Pourquoi on ne met pas le nom de l’équipe sur le stand au Mans ? Avec tout le respect que j’ai pour Gibson, allez faire comprendre pourquoi il y a plus de 20 Gibson… Maintenant, les autos sont fermées et elles se ressemblent toutes. J’ai encore l’image des Rodriguez au Virage de la Chapelle au lever du jour. Pour ma part, il faudrait supprimer l’hybridation et revenir à des formules classiques.”
Vous ne croyez pas à l’électrique ?
“L’électrique ne peut pas vivre. Les centrales ne pourront pas produire toute l’électricité nécessaire. J’ai essayé une Tesla et j’ai été conquis même si elle n’offre que 400 km d’autonomie, ce qui reste insuffisant.”
Il faut laisser libre cours aux ingénieurs ?
“La BOP en GTE est pour moi un non-sens. Laissons les ingénieurs développer les voitures et les pilotes les pousser au maximum. Que les meilleurs ingénieurs fassent la meilleure auto et que les meilleurs pilotes se battent en piste. De plus, on rajoute à cela une catégorisation de pilotes qui ne rime à rien.”