Andrea Piccini était de retour aux 24 Heures du Mans cette année après dix ans d’absence. Il a roulé pour le compte de Kessel Racing lors de la classique française ainsi qu’en European Le Mans Series. Il va désormais voler de ses propres ailes avec son équipe Iron Lynx. Il est revenu pour nous sur ses quatre participations au Mans et sur ses projets !
Les premiers pas du pilote italien aux 24 Heures du Mans remontent à 2006. A cette époque, il pilotait une voiture usine, une Aston Martin DBR9 qu’il partageait avec Darren Turner et Tomas Enge. « Cette année-là, je roulais en FIA-GT pour le compte de Phoenix Racing. Au moment des 24 Heures du Mans, nous menions alors le championnat (qu’il a terminé 3e, ndlr). Je crois me souvenir qu’une course de voitures de tourisme a été décalée. Rickard Rydell devait piloter l’Aston Martin DBR9 officielle aux 24 Heures du Mans. Il avait un accord pour faire le BTCC (championnat de voitures de tourisme britannique, ndlr), il a dû y aller et ne pouvait plus faire Le Mans. Aston Martin a donc cherché un remplaçant. Ils ont alors pensé à moi. Frédéric Dor, qui était le propriétaire de la voiture, était un bon ami de Jean-Denis Deletraz, qui se trouvait être mon coéquipier en FIA-GT. Il m’a donc aidé à obtenir ce baquet. J’ai appris que j’étais pris deux semaines avant la Journée Test. J’ai donc sauté directement dans la voiture et je dois dire qu’au départ ce n’était pas facile. Je ne connaissais pas du tout le circuit du Mans comme c’était ma première venue et il faut bien admettre que c’est un tracé bien à part. A cette époque, je trouve que c’était un circuit routier, maintenant il est plus devenu un vrai circuit de course. Il y a désormais plus de dégagements comme au Tertre Rouge, au Karting, aux Virages Porsche ou quand vous arrivez au virage d’Indianapolis. C’est maintenant plus facile qu’auparavant.
En tout cas, ce ne fut pas facile pour moi, j’ai fait face à un vrai challenge. Je me rappelle avoir été très nerveux avant le départ des 24 Heures du Mans. Cela ne s’est pas super bien passé car Darren a fait une erreur en début de course. Il a été appelé à la radio un peu à toute la dernière minute, il a alors essayé de rentrer au stand mais il ne savait pas que le vibreur entre le circuit et la voie de décélération était haut, il a donc endommagé le carter d’huile de la voiture. Nous avons perdu 25 minutes à réparer dans le stand. C’est seulement à ce moment-là que j’ai pu me détendre (rire) car il n’y avait plus rien à gagner ni à perdre. Nous avons fait une superbe course car repartis derniers, nous sommes remontés 6e au classement général et 2e des LMGT1. Donc un podium pour mes débuts, ce n’était vraiment pas mal ! »
Il revient deux ans plus tard toujours pour le compte d’Aston Martin Racing. Sur une DBR9 aux couleurs Gulf, il fait équipe avec deux anciens pilotes de Formule 1, Karl Wendlinger et Heinz-Harald Frentzen. « Tout s’est bien déroulé lors des qualifications, nous étions très rapides. En début de course, nous avions un très bon rythme, mais nous avons eu un petit souci. Il a commencé à pleuvoir, j’ai fait un tête-à-queue, je suis parti dans le bac à gravier. Je me rappelle que mon ingénieur m’avait prévenu qu’il se pourrait qu’il pleuve au Virage 1, mais ce n’était pas le cas. J’ai continué mon tour et, pendant ce temps, il a plu dans ce virage. Quand je suis de nouveau arrivé dans le même virage, la piste était détrempée, je suis parti à la faute tellement vite que je n’ai rien pu faire. Je ne suis pas resté planté dans le bac, je suis passé sans me poser. Cependant, une pierre s’est logée dans l’alternateur, nous avons cassé la courroie, c’est vraiment pas de chance, mais c’est de ma faute. Après les réparations, nous sommes remontés à la 4e place des GT1. Ce n’était pas un très bon résultat, mais je me rappelle un beau combat lors de la première heure avec Antonio Garcia et Darren Turner sur la voiture sœur. »
2009 marque sa seule et unique apparition aux 24 Heures du Mans avec un prototype. Andrea Piccini roule pour le compte de Racing Box sur une des deux Lola B08/80 de l’équipe italienne. Il fait cause commune avec Matteo Bobbi Thomas Biagi. « Nous avons dû abandonner au petit matin car nous avons eu un souci de pompe à essence lié à des vibrations dans la voiture. Elles ont cassé le connecteur à la pompe. Cela reste néanmoins une belle expérience, la voiture était vraiment rapide. Nous « volions » littéralement avant notre retrait, mais le souci est que la Porsche RS Spyder n’évoluait pas dans la bonne catégorie. Certes, elle était inscrite en LMP2, mais c’était une LMP1 et demie ! Elle nous mettait entre 10 et 12 secondes au tour ! Nous n’avions aucune chance de nous battre contre elles. En revanche, nous étions en lutte avec les autres équipes qui étaient aussi dans la même catégorie que Racing Box, pas comme les équipes Porsche. En tout cas, nous avons bien apprécié cette course et je garde un bon souvenir de ma seule fois en LMP…»
Dix ans depuis sa dernière participation se sont écoulés. « Je n’ai pas eu de vraies bonnes opportunité de revenir aux 24 Heures du Mans. Honnêtement, je pensais que le chapitre Le Mans s’était refermé. Dix années sans y retourner, je me rapprochais de mes 40 ans. Je me disais que j’avais fait des choses sympas au Mans comme piloter des voitures usine, une LMP2, un podium en GT1. Claudio (Schiavoni) a alors pensé à un programme pour aller au Mans en deux ans, j’ai accepté et voilà. »
Le pilote transaplin était de retour aux 24 Heures du Mans en 2019 sur l’une des deux Ferrari 488 GTE de l’équipe Kessel Racing. Il a disputé l’intégralité de la saison ELMS avec Claudio Schiavoni et Sergio Pianezzola, pilotes qu’il retrouve au Mans. « Nous savions que c’étaient les premières expériences de Sergio et Claudio au Mans, qu’ils n’avaient pas encore disputé de course de 24 heures ! Ce sont des vrais gentlemen-drivers, Claudio n’a commencé qu’en 2016, il y a quatre ans avec le Ferrari Challenge Europe, puis il est passé par la Michelin Le Mans Cup, l’ELMS et Le Mans en juin. C’est vraiment un court chemin pour faire cette grande course. Nous avons terminé (46e au général, 13e en GTE Am, ndlr), sans faire d’erreur. C’est vraiment un bel accomplissement et c’était notre principal objectif. Néanmoins nous avons montré une belle vitesse de pointe, nous n’étions pas loin de faire la pole. En course, nous étions la Ferrari la plus rapide, Kessel Racing nous avait préparé une superbe voiture pour ces 24 Heures. Nous avons fait du bon travail et, avec l’expérience de l’équipage, nous ne pouvions pas faire beaucoup mieux. »
Maintenant, Andrea Piccini a pas mal de projets en tête avec sa propre équipe. « Avec mon partenaire Sergio Pianezzola, nous avons monté conjointement notre propre écurie, Iron Lynx. Claudio est aussi partie prenante dans ce projet tout comme Deborah Mayer. Nous avons fait rouler des Formule 4, des Ferrari Challenge, des Lamborghini ainsi qu’une Ferrari 488 GT3 aux 12 Heures d’Abu Dhabi. J’ai été plus que bien occupé en 2019. J’ai pas mal travaillé sur notre projet 2020, nous ferons l’ELMS avec deux Ferrari 488 GTE ainsi que la Michelin Le Mans Cup avec deux Ferrari 488 GT3. »
Nous avions consacré un article sur les participations d’Andrea Piccini aux 24 Heures de Spa, c’était ICI.