Suite de notre entretien avec le pilote, team manger et patron d’Iron Lynx (première partie ICI). Andrea Piccini revient sur les 24 Heures du Mans de l’équipe qui engageait trois Ferrari GTE et parle des programmes 2021 !
Comment se sont passées les 24 Heures du Mans pour Iron Lynx ?
« Je ne comprends toujours pas pourquoi nous avons été aussi lents au Mans. Nous avons été très rapides tout au long de la saison ELMS et, quand nous sommes arrivés aux essais libres, nous étions si loin. Cette édition du Mans a été bizarre car tout était concentré en une seule journée vraiment, celle du jeudi, avec 10 heures d’essais et des qualifications qui n’en n’étaient pas vraiment, engluées dans les essais libres. Nous nous sommes donc concentrés sur la préparation des voitures et sur le rythme de course. Cela s’est vu le samedi, car notre allure était bonne en course. Nous sommes partis assez loin sur la grille de départ (#75 de Rino Mastronardi, Matteo Cressoni, Andrea Piccini) et, petit à petit, nous sommes revenus et étions en tête des GTE Am après huit heures.
Mais, alors que nous menions avec deux minutes d’avance, nous avons connu nos premiers soucis techniques avec une vis qui était desserrée. C’est le style de panne à laquelle on ne s’attend pas. La voiture était parfaitement préparée. Rien ne s’est cassé. Cela a provoqué une fuite d’huile. Il a fallu s’arrêter, réparer tout cela, trouver d‘où venait le problème et c’était cette vis. Ensuite, tout s’est enchaîné, Rino a poussé pour récupérer un peu de temps, il est sorti dans un bac à graviers, ces derniers sont entrés dans la voiture et ont endommagé le moteur. C’est dommage car nous étions vraiment en mesure de nous battre pour la victoire. Les Aston Martin Vantage étaient rapides, c’était évident, elles avaient une meilleur BOP. Mais notre équipage était équilibré et notre allure était bonne. Mais c’est Le Mans, il faut d’abord finir la course avant d’espérer quoique ce soit. Nous ne l’avons pas fait, il n’y a pas grand-chose d’autre à dire là-dessus !
Donc du point de vue du pilote, nous avons fait du bon travail, nous avons juste manqué de rythme en qualifications. Pour être honnête, nous n’étions pas prêts, c’étaient nos premières 24 Heures du Mans en tant que team. De plus, à la dernière minute, à peu près trois semaines avant la course car la situation nous le permettait, nous avons décidé d’engager une 3e voiture. Ce fut un gros effort de notre part. Nous avons distribué les voitures et la toute nouvelle auto était la #75 car c’était celle qui avait le plus de chance de gagner. Mais c’est celle qui a dû renoncer ! »
Quels sont vos projets pour 2021 ? ELMS ? WEC ? Asian Le Mans Series ? Les 12 Heures d’Abu Dhabi ? Michelin Le Mans Cup ?
« Une chose est certaine, nous n’irons pas aux 12 Heures d’Abu Dhabi car c’est trop tard. Ils ont repoussé la date et, si on y va, cela voudra dire que nous récupérerons la voiture trop tard. Alors déjà que cela va être compliqué d’organiser des essais pendant l’hiver alors y ajouter cette épreuve n’est pas possible.
En ce qui concerne l’Asian Le Mans Series, c’est exactement la même chose et la même raison. Pour nous, cela n’a pas de sens de dépenser de l’argent, d’investir beaucoup d’efforts afin d’organiser quelque chose qui est très compliqué à mettre sur pied.
Je peux vous confirmer que nous serons bien en Michelin Le Mans Cup et en European Le Mans Series. C’est notre volonté. Notre idée ensuite est d’avoir deux engagements pour la prochaine saison WEC. Cela demande confirmation, mais nous devrions être présents dans ces trois championnats.
La Michelin Le Mans Cup devrait être pour de nouveaux clients. Le but est d’avoir une voiture qui remporte la série et qui montera l’année suivante en ELMS. L’objectif de l’ELMS 2021 sera de gagner une invitation pour les 24 Heures du Mans 2022, mais même si je ne peux pas dire encore le nombre de voitures, je pense que cela pourrait être deux. Ensuite, nous aurions deux autos en WEC pour pouvoir aussi disputer Le Mans. »
Allez-vous continuer avec votre équipage féminin ? Si oui, cela serait en ELMS ou en WEC ?
« Oui, nous allons continuer ensemble. Si nous allons en WEC, je pense que ce sera avec Iron Lynx et comme on le connait et non avec Iron Dames (qui devrait continuer en ELMS, ndlr). Ce projet n’a jamais été remis en discussion car Deborah (Mayer) veut vraiment que cela continue. Nous sommes en train de chercher d’autres femmes. C’est pourquoi nous avons organisé des essais pour trouver des filles qui sont assez rapides et qui sont en mesure de relever de genre de challenge. L’idée est d’avoir aussi des voitures en Ferrari Challenge, nous pensons que c’est une bonne étape pour pouvoir ensuite grandir.
Il y a toujours de jeunes pilotes qui veulent accéder à la Formule 1 et ils réalisent assez rapidement que c’est compliqué d’y aller. Ils ont besoin de beaucoup d’aide, d’argent, de partenaires et de trouver la bonne équipe pour pouvoir signer de bons résultats. On peut dire qu’il y en a un sur des milliers qui y arrive. Notre but est de pousser ces jeunes pilotes, cela inclurait aussi nos pilotes de Formule 4, vers le Ferrari Challenge et s’ils sont assez bons, ensuite les inclure dans notre programme GT.
Avec les filles, c’est plus compliqué. Le problème est que le « Girl Racing » est quelque chose de relativement nouveau. Toutes les féminines sont classées Silver et nous avons besoin de Bronze. Donc, pour le moment, c’est l’impasse pour nous, nous n’avons pas de fille Bronze. Les autres doivent être bons et ne pas faire d’erreur, mais la clé de l’équipage est un Bronze rapide pour espérer gagner ce championnat . Donc nous nous battons pour le moment avec ce souci.»
C’est dommage car votre équipage féminin a signé de belles prestations cette année, cela devrait créer des opportunités…
« Je pense que la FIA doit en prendre conscience. Nous travaillons main dans la main avec la Commission « Women in Motorsport » pour trouver des solutions et avoir quelques filles Bronze rapides, sinon on va faire du sur place. Manuella a vraiment bien progressé avec nous en ELMS et elle va vite. La raison de leur progression est aussi le fait que, chez Iron Lynx, nous sommes comme une famille. Nous grandissons ensemble, nous faisons les trackwalks ensemble. Tous mes « secrets » de pilote, nos vidéos, nos datas, je les partage avec les filles. Nous travaillons avec elles pour qu’elles soient les plus rapides possible. Certes, je suis sur la #60, mais c’est mon équipe et je veux qu’elle connaisse le succès ! »