Si ORECA va être bien occupé sur les circuits avec les différents championnats où roulent les 07, le constructeur varois va aussi suivre d’un oeil avisé la présence de l’Alpine dans la nouvelle catégorie Le Mans Hypercar. En parallèle, le travail se poursuit pour une présence en LMDh à l’horizon 2023. Anthony Megevand, à la tête de la compétition-client chez ORECA, est revenu pour Endurance-Info sur l’avancée du projet LMDh et la présence d’Alpine Endurance Team dans la catégorie reine avec un châssis conçu par ORECA Technology.
L’intérêt reste fort pour l’Oreca 07 ?
« L’intérêt est là, le nombre d’engagés dans les différentes séries le montre, ainsi que les demandes pour de nouvelles voitures. L’homologation a été prolongée, c’est positif à la fois pour les teams actuels et pour les écuries souhaitant découvrir le LMP2. Economiquement, cela a du sens. Le modèle actuel plaît aux équipes et aux pilotes, dans son comportement, sa performance, sa qualité technique et son exploitation en piste. A titre d’exemple, de nombreux ingénieurs nous disent qu’ils prennent beaucoup de plaisir à travailler sur la ORECA 07. »
Venons-en au LMDh. ORECA peut travailler avec différents constructeurs dans la catégorie ?
« Effectivement, et c’est même une nécessité, pour ORECA comme pour Multimatic, Ligier et Dallara. Un constructeur LMP2 ne doit pas se limiter à une marque. C’est dans l’intérêt de la discipline ; dans le cas contraire l’endurance se limiterait à quatre marques en LMDh. Il faut d’ailleurs être vigilant à ce qu’il n’y ait pas d’exclusivité. D’un point de vue sportif tout d’abord, mais aussi économique afin que les coûts n’explosent pas. »
ORECA planche sur le LMDh mais y a-t-il eu tout de même des demandes pour du LMH ?
« Il y a un intérêt de la part des marques pour le LMDh et le LMH. Certains grands constructeurs sont intéressés par le LMDh et regardent le LMH. D’autres grands constructeurs évoquent leur engagement par le prisme du LMH et étudient le LMDh. L’approche est différente, c’est une question de philosophie. »
Où en est-on du LMDh chez ORECA ? Les discussions se poursuivent ? Le planning suit son cours ?
« Le LMDh avance, et avance bien. C’est un peu redondant comme discours, mais la période est tellement excitante, passionnante… Les discussions entamées avec certains constructeurs se poursuivent, d’autres débutent avec de nouvelles marques, jusque là discrètes, qui se montrent intéressées. Il y a un vrai engouement, une sorte d’appel d’air. Difficile de dire combien de constructeurs il y aura, mais il y en aura ! La question est plus de savoir si c’est entre six et dix qu’entre un et quatre. Avec ORECA, avec Multimatic, Dallara ou Ligier. Il faut rester prudent mais je me demande toujours : « depuis quand l’endurance n’a-t-elle pas connu une telle période ? » Avec l’Hypercar et le LMDh, on peut espérer de beaux jours et sur plusieurs années parce qu’il y a une plateforme qui a tout pour séduire. Au niveau technique, sportif, dans le style, dans les couts qui restent corrects par rapport aux autres dsciplines… Vu le contexte actuel, ça donne forcément du baume au cœur, de l’envie… Et encore, le mot « envie » est faible. J’ai dit il y a quelques semaines que c’était super de voir notre bureau d’études travailler sur ce projet ; je confirme. Il n’y a pas un jour qui passe sans une nouveauté. Le monte n’est pas parfait, il y a un contexte qu’on ne peut pas occulter et il faut agir en conséquence, mais c’est un projet tellement enthousiasmant… C’est un bonheur de voir de telles perspectives. »
En attendant, Alpine Endurance Team va rouler dans la catégorie reine avec un châssis ORECA. L’auto sera identique à celle vue la saison dernière avec Rebellion ?
« il y aura quelques modifications, compte tenu du niveau de performance exigé par rapport à l’Hypercar notamment. On pourra en dire plus dans quelques semaines. Fondamentalement, la voiture est très similaire, mais il faut affiner quelques paramètres, au niveau aéro, gestion électronique ou concernant le poids par exemple. »
ORECA apportera un soutien technique durant les meetings ?
« ORECA sera présent aux côtés d’Alpine Endurance Team, notamment au niveau système et mécanique. Nous n’avons pas l’habitude de laisser une équipe sans soutien. Un peu comme sur le LMP2, mais différemment, nous travaillons ensemble, nous échangeons très régulièrement. ORECA connaît très bien la structure de Philippe Sinault et cela aide. C’est une équipe très professionnelle, qui a le souci du détails. ORECA sera présent sur chaque séance d’essais et courses, à différents niveaux. »
La confiance est de mise sur la Balance de Performance avec les LMH ? Le but n’est pas de remplir la grille mais bien d’avoir des chances de jouer la victoire ?
« Le but n’est pas d’être là pour dire d’être là. Si le programme se fait, c’est qu’il y a des ambitions et des raisons, sportives, de s’engager. Si il n’y a pas de confiance en l’organisateur ou dans la gestion technico-sportive, il n’y a pas d’intérêt d’être au départ. Signatech et Philippe Sinault ont suffisamment d’expérience pour cela et n’ont pas l’habitude de faire de la figuration. Les objectifs sont définis et nous travaillons pour les atteindre, avec toute l’humilité et le respect que l’on a pour Toyota ou Glickenhaus, qui travaillent ardemment. »
Pour le moment, c’est un projet sur un an. On ne devrait pas voir les LMDh avant 2023, ce qui laisse pourquoi pas une année supplémentaire à une « LMP1 » si la réglementation le permet.
« L’avenir nous le dira. C’est à l’ACO, l’IMSA et la FIA de communiquer sur le calendrier LMDh. Nous sommes concentrés sur 2021 avec Alpine Team Endurance. Cela ne sert à rien de faire des plans sur la comète ; la vérité du jour n’est pas celle du lendemain. Il faut déjà bien travailler, bien préparer la saison à venir, être au niveau attendu et on discutera du futur ensuite. Le futur, tout le monde l’a dans un coin de la tête, mais nous avons déjà de nombreuses choses à préparer pour le début du FIA WEC 2021 et des prochaines 24 Heures du Mans. Chaque chose en son temps. »
Si une autre équipe avait demandé à utiliser un châssis LMP1, cela aurait pu être possible ?
« La porte n’était pas fermée, mais le but n’était pas de faire du nombre. S’engager en LMP1, ce n’est pas anodin. Il faut des qualités d’équipe, il faut réunir les paramètres techniques, sportifs, et financiers. Le programme avec Alpine et Signatech a pu se faire, c’est une bonne chose. Nous avons eu d’autres contacts, mais tout n’était pas réuni. Il faut assembler toutes les pièces du puzzle et la volonté est de bien faire les choses. Pas de les faire pour dire « on fait » juste histoire de… »