Avec huit LMP2 et deux DPi présentes aux 24 Heures de Daytona, ORECA est bien occupé en Floride. Le regain d’intérêt de la catégorie LMP2 est positif, même s’il faut réussir à transformer l’essai sur une saison complète, mais l’intérêt est clairement là. Anthony Megevand, responsable de la compétition-client chez ORECA, est sur le pont en Floride pour soutenir les clients du constructeur français. Un point sur le programme américain s’est imposé en ce début de Roar Before the Rolex 24.
Comment se prépare la saison aux Etats-Unis ? Surpris de voir un regain d’intérêt en LMP2 ?
« C’est intense. Ce qu’on appelait un temps l’intersaison n’existe plus vraiment compte tenu des différents championnats, mais c’est plutôt une bonne chose. Concernant l’IMSA, surpris oui et non. Non, car nous avons beaucoup travaillé pour cela, pas seulement au cours des dernières semaines, mais depuis plusieurs mois voire depuis un an. Le retour à un programme « calendaire » pour le WEC aide, la formule avec un pilote bronze suscite aussi un intérêt… Oui, parce que nous espérions une hausse du nombre de concurrents, mais peut-être pas à ce point. C’est bien de voir aussi Dallara et Ligier parmi les engagés. Néanmoins, il ne faut pas relâcher les efforts. Il y a 10 LMP2 à Daytona, mais l’objectif est d’avoir un plateau solide sur la saison complète. On travaille en ce sens. C’est une première satisfaction parce que cela prouve, à ceux qui en doutaient, que le LMP2 a sa place en IMSA. Cela étant, ce n’est pas une finalité, ce doit être une étape pour consolider la grille à moyen terme. L’autre vrai point positif, c’est la qualité des teams et le haut niveau de pilotes. C’est super de voir des pilotes aussi talentueux qui s’impliquent. »
Deux nouvelles équipes en DPi avec l’Acura. WTR et Meyer Shank ont vite pris en main l’Acura ?
« Nous aurons la réponse au soir des 24 Heures de Daytona. Se prononcer avant, ce serait prématurer. ORECA a vécu une belle période avec Team Penske, avec les titres à la clé. C’était une super expérience durant trois saisons, avec un top team. Nous débutons une nouvelle aventure, avec une philosophie un peu différente puisqu’il y a deux teams avec une voiture, et non plus une équipe avec deux autos. D’un côté, Wayne Taylor Racing est une équipe qui a tout gagné, donc la pression est sur nos épaules. D’un autre côté, Meyer Shank Racing revient dans la catégorie reine avec de grandes ambitions. Les premiers échanges ont été très positifs. Nous devons construire une relation de travail, on apprend à se connaitre… Wayne Taylor et Mike Shank sont deux figures du sport auto et c’est un honneur d’être à leurs côtés. C’est une période très enrichissante et c’est souvent cette période qui est à la fois clé et très sympa à vivre. Les teams sont de qualités, très professionnels, mais aussi très agréable à travailler au niveau humain. On partage le même objectif. Nous savons que le défi est de taille car le timing est serré pour préparer une échéance aussi importante que Daytona. Nous avons visité les deux équipes et, à date, il n’y a vraiment que du positif. Les deux structures doivent découvrir l’Acura, de notre côté nous devons apprendre les méthodes de travail de deux nouvelles écuries. On avance main dans la main. »
On a un pilote français chez Meyer Shank Racing avec Olivier Pla. Une belle récompense pour lui depuis toutes ces années ?
« Je ne sais pas si on peut parler de récompense. Dans tous les cas, Olivier mérite son volant. Il l’a montré depuis de nombreuses années, dans différents protos. Il réunit tout ce que vous pouvez espérer d’un pilote : expérience et performance, feedback technique, motivation, qualités humaines… Vous ne pouvez pas demander plus à un pilote. Olivier fait partie des pilotes que vous cochez quand vous montez un programme. Depuis plusieurs saisons, il montre ses qualités. Il n’y a pas de discussion. Il mériterait un volant officiel au Mans par exemple et à ce titre il est sous-estimé. Ce qui est certain, c’est que si vous devez partir à la guerre, c’est le pilote idéal. Avec Olivier, il n’y a pas de doute. On peut aller au combat. Après, il n’y a rien à cacher ; c’est une personne qu’on apprécie beaucoup et faire ce programme avec lui, c’est tout simplement top. Personnellement, cela fait longtemps que j’attendais ça. Ce qui est bien également, c’est d’avoir Ricky chez WTR et Dane chez MSR, car ils connaissent la voiture. Avec Felipe en plus, les duos à la saison font rêver. »
Comment ORECA gère les déplacements lointains compte tenu des complications pour voyager ? Le personnel sur place en compétition-client est identique aux années passées ? Des tests, des tests et encore des tests ?
« Nous essayons d’avoir un soutien technique de qualité, quel que soit le contexte. Ce n’est pas tous les jours facile, mais avec l’aide des championnats, nous y arrivons. A ce titre, il faut souligner le bon travail des organisateurs, pour qui cela représente un travail important. Certains déplacements sont plus compliqués que d’autres selon les pays. Jusqu’à présent, c’est gérable. Il y a une difficulté au niveau logistique par exemple, pour l’envoi des pièces, de par le nombre limités de vols et donc de place. Au niveau humain, la grande différence c’est que l’on prend plus de précaution à tous les niveaux : avant, pendant et après chaque déplacement. Cela se traduit par beaucoup de documents à remplir et effectivement par de nombreux tests. Ce n’est pas agréable, mais c’est nécessaire. Et puis, il faut rester conscient d’une chose : on est heureux, ou chanceux, d’avoir la possibilité de continuer à faire notre sport et à voyager. »