On commence à s’habituer à voir des pilotes de plus en plus jeunes briller dans diverses disciplines du sport automobile moderne, tels Matt McMurry en endurance, plus jeune pilote de l’histoire des 24 Heures du Mans à en prendre le départ -et être à l’arrivée- à 16 ans et 202 jours, ou Max Verstappen en Formule 1, plus jeune pilote de l’histoire des Grand Prix F1 à prendre le départ, à 17 ans et 166 jours lors du Grand Prix d’Australie en 2015 -et plus jeune vainqueur en F1 à 18 ans et 228 jours-, à un âge où en France ils n’ont pas encore le droit de passer le permis conduire !!
Cependant, dans les compétitions de voitures historiques, on avait coutume de voir dans les paddocks et sur les grilles de départ des pilotes nettement moins juvéniles. Même si ces grilles ont tendance à rajeunir, les teenagers se faisaient rares. C’est l’un d’entre eux qui est devenu à 17 ans et 142 jours le plus jeune Champion de France Historique des Circuits en catégorie Protos/Monoplace, le Manceau Antoine Robert, au volant d’une Formule Renault Turbo et en remportant toutes les courses du championnat. L’histoire étant parfois un recommencement, la Formule Renault d’Antoine est celle avec laquelle Claude Dégremont avait remporté le titre de Champion de France en 1987 et LR Promotion, la structure de Lionel Robert, avait reproduit la décoration de 1987 sur la voiture d’Antoine !
Antoine était sur le circuit Bugatti le week-end dernier, mais au volant d’une GT cette fois, une Ginetta G50 du Team Speed Car avec laquelle il a pris part aux Six Heures du Trophée Tourisme Endurance. Et devinez-quoi, il a gagné la course, avec ses équipiers Robert Consani, Pierre Courroye et Jean-François Brunot.
Au lendemain de cette victoire, Antoine a répondu à quelques questions :
Antoine, tu peux nous parler un peu de tes débuts ?
“Non, c’était directement en monoplace, en 2014. Au cours d’une journée de coaching de mon père à Fontenay-le-Comte, il m’a donné l’occasion de monter dans une monoplace. J’y ai tout de suite pris goût et la première question que je lui ai posée en sortant de la voiture, c’était « quand-est-ce qu’on recommence ? » ! C’était vraiment génial pour moi de faire ça. Tout est parti de là. Mon père a vu que ça me plaisait, petit à petit on roulait de plus en plus, on a commencé à se préparer physiquement, à suivre des séances de coaching, à augmenter les performances en faisant du roulage et c’est ce qui m’a permis d’être là aujourd’hui.”
Quand as tu participé à une compétition pour la première fois ?
“Ma première compétition, c’était à Pau-Arnos avec la même monoplace, une Formula Premium, en 2015 lors de la Coupe de France des circuits.”
Cela avait bien marché. ?
“A Pau-Arnos, oui…Je débutais, j’ai dû faire troisième ou quatrième de ma classe. Après j’ai couru à Lédenon, où j’ai eu quelques petits soucis car la voiture était en cours de développement, et ensuite il y a eu Le Mans, avec les Inter-Ecuries, avec les mêmes problèmes qu’à Lédenon, et toujours avec la Formula Premium. Fin 2015, papa a acheté une deuxième Formule Renault Classic. On a beaucoup bossé dessus et en 2016 j’ai fait presque toute la saison de Formule Renault Classic dns le cadre de l’Historic Tour, et j’ai fait toute la saison sauf le Paul Ricard et j’ai remporté les trois dernières courses.”
Au Mans, il y a même eu une très belle première ligne : Antoine Robert -le fils- et Lionel Robert -le père-…
“Oui, c’était très sympa, même si j’ai dû abandonner au deuxième tour. J’ai réussi à gagner la deuxième et j’ai gagné les deux dernières de la saison à Lédenon.”
Cette année, tu as gagné toutes les courses de l’Historic Tour en Formule Renault…
“Oui, toutes les courses du championnat. J’ai été battu une fois, mais c’était hors championnat à Pau, et c’est mon père qui m’a battu. Donc, j’ai décroché le titre de Champion de France Monoplaces/Protos au Val de Vienne.”
Comment ça se passe en Historic Tour, avec le mélange de jeunes et d’anciens ?
“C’est vrai qu’en Historique, comme le nom l’indique, il y a plus d’anciens que de jeunes, mais il y en a quand même quelques-uns. Hugo Carini a été Champion de France en 2016, cette année avec moi il y avait Brady Beltramelli qui roulait sur une Formule Renault atmo, ensuite il y a quelques jeunes, mais plus âgés que moi, c’est vrai qu’il y a plus d’anciens, mais ça se passe très bien.”
En début de saison, tu as aussi couru un peu en VdeV Endurance Series…
“Oui, on a commencé à Barcelone et ensuite on a fait Portimão avec une Norma M20 FC RC Formula. A Barcelone, je courais avec mon père et Jordan Perroy. On a fait une belle course avec une bonne stratégie qui a fait que nous avons pris la 3e place. A Portimão, on a eu quelques soucis et ensuite on a décidé d’arrêter parce qu’avec l’équipe ça ne s’était pas trop bien passé et on s’est concentré avec notre budget sur le Championnat de France. La CN, c’était pas mal, plus puissante qu’une Formule Renault et ça passe plus vite en courbe car il y a beaucoup plus d’appui. Ce qui était bien aussi avec la Norma, c’est de l’endurance et l’endurance c’est ce que je préfère, c’est vraiment ce que j’aime le plus.”
Tu as commencé à tâter du GT…
“Oui, j’ai commencé avec la BMW M4 GT4 en essais et ça s’est bien passé. Ce week-end j’ai pu piloter la Ginetta G50 GT4 et on a gagné, donc c’est parfait.”
C’est un gros changement de passer d’une Formule Renault à une GT4 ?
“Quand j’ai pris le volant de la BMW M4, le temps d’adaptation a été un peu long, mais je m’y suis fait et en fin de journée, je tournais dans les mêmes temps que les autres pilotes. Pour la Ginetta, le fait d’avoir roulé dans la BMW, ça m’a aidé et en plus la Ginetta est une voiture facile à prendre en main, elle a un châssis d’enfer, elle passe vraiment très vite dans les enchaînements, dans les chicanes ou au Chemin aux Boeufs, elle passe bien aussi. On a moins de puissance que les Porsche Cayman, on est un peu moins vite en pointe, mais la tenue de route compense.”
Combien de chevaux pour la Ginetta ?
“C’est une V6 Ford 3,7l qui développe 360 chevaux pour un poids d’environ 950 kg.”
Qui a pris le dernier relais sur la Ginetta ?
“C’est Robert Consani, il avait aussi pris le départ. Il a nettement plus d’expérience, il est cette année vice-champion de France FFSA GT avec Speed Car. Pour ma part, je suis content, car d’une part on a gagné avec une belle course, et d’autre part, je n’étais pas très loin de Robert Consani en termes de performances. Je suis d’autant plus content que je n’ai découvert la voiture que vendredi après-midi.”
Quels sont tes objectifs pour l’année prochaine ?
“C’est l’endurance. Je voudrais bien faire les 24H Series de Creventic avec une GT4, une Ginetta ou , alors une SEAT. J’aimerais vraiment courir de nouveau avec le team Speed Car parce que Pascal Destembert, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup ; Hier, il n’a pas eu de chance, il a perdu une roue de sa Ginetta !”
Et les 24 Heures du Mans ?
“Bien sûr, c’est le but. 2018 ou 2019. 2018, ça pourrait peut-être se faire avec So24 qui recherche un jeune pilote sarthois entre 18 et 25 ans. J’ai évidemment postulé et j’ai passé un entretien. Si ça ne devait pas fonctionner, je vais penser à 2019 en préparant un budget, car il faut s’y mettre très tôt. Mais Le Mans, c’est bien évidemment l’objectif.”
Ce n’est pas trop dur et trop fatigant parfois d’être comparé avec ton père ?
“Non, parce qu’avant j’étais le fils de Lionel Robert, et maintenant papa dit souvent « je suis le père d’Antoine Robert » !”
Vous pourriez courir ensemble l’année prochaine ?
“C’est possible, on a discuté avec Pascal Destembert, maintenant il faut trouver un financement. Si on courait tous les deux, ce serait bien. Je voudrais bien aussi faire les 24 Heures de Dubai. Si on pouvait faire Dubai, ce serait avec la Ginetta, mais la décision n’est pas encore prise.”