Antonio Ferrari, le patron d’Eurointernational, après être revenu sur le passé de son équipe, aborde maintenant la saison ELMS qui vient de s’écouler et sur ses programmes pour l’année à venir. Actuellement confiné dans son atelier dans la banlieue de Milan, Antonio Ferrari prépare la siason…
L’année 2019 a été plutôt bonne avec un nouveau titre qui est venu garnir les étagères grâce aux trois victoires signées par le duo composé de Jens Petersen et Mikkel Jensen (Ligier JS P3 #11). Cependant, ce n’est que lors de notre rencontre avec Antonio Ferrari que ce dernier a appris ce résultat suite à l’appel d’Inter Europol Competition. « Je dois dire que cette attente depuis octobre 2019, date du premier appel d’Inter Europol Compétition, fut une véritable agonie. Je pensais que ce serait fini une première fois, mais ils ont fait appel auprès de la FIA. Je suis content de ce titre, ce fut véritablement une longue saison, mais il s’agit du 40e de l’histoire d’Eurointernational. Cela nous donne une invitation aux 24 Heures du Mans, c’est quelque chose de très important. Dans ma carrière, j’ai toujours dit que je ferai 10 fois Daytona, 10 fois Indianapolis et 10 fois Le Mans. J’ai, pour l’instant, fait 9 fois chacune de ces épreuves, ce seront mes 10e 24 Heures du Mans. C’est une sorte de Triple Couronne, mais c’est la mienne (rire). Cette participation se fera en LMP2, nous avons donc pas mal de choses à préparer en vue de l’épreuve car nous souhaitons être compétitifs ! J’ai vraiment apprécié de faire l’Asian Le Mans Series, mais je savais qu’en rentrant mes vacances seraient terminées (rires) ! »
Eurointernational était déjà en Asian Le Mans Series la saison précédente pour faire rouler un équipage féminin en LMP3. En soutien technique de Rick Ware Racing, l’écurie d’Antonio Ferrari est pour beaucoup dans le sacre de la structure américaine en LMP2-Am. Ce fut, là aussi, non sans mal puisque tout a failli être compromis dès la première manche avec une Ligier JS P2 coincée dans un container en pleine mer ! « Le bateau a été retardé et, sur celui-ci, il y avait plusieurs containers pour la première manche Asian Le Mans Series à Shanghai. On nous a dit trois jours avant le meeting que ce ne serait pas possible. J’ai alors tracé le bateau sur un GPS. Avec un logiciel, il m’était possible de voir où il était. Toutes les trois heures, nous vérifions où se trouvait le navire. A un moment, on a vu qu’il approchait, il s’est arrêté, il était une heure du matin, le vendredi. Je n’en ai pas dormi de la nuit. Tôt le matin, j’ai su que le niveau du bateau avait changé de plusieurs mètres, cela voulait dire que des containers avaient été déchargés du bateau. Ce fut pour moi la première victoire de la saison ! Tout a alors commencé à bouger et, quelques heures plus tard, nous avions les voitures. Nous n’avions jamais fait rouler une LMP2 auparavant, jamais fait un tour, jamais fait la mise au point d’une telle auto !
A 3 heures du matin, à quelques heures du départ, nous avions fini avec la voiture. Nous avons fait notre premier tour lors de la mise en installation. Nous sommes partis dernier car nous n’avions pas disputé les qualifs. Nous avons fait une super course que nous avons terminé 2e ! A The Bend, en Australie, nous savions qu’Arjun Maini sur l’ORECA 05 de RLR MSport serait plus rapide, mais que notre bronze pourrait être plus vite que le leur. Il faut se rappeler que nous avons gagné en ELMS grâce à la qualité de nos pilotes et à notre stratégie. Lors d’un Full Course Yellow, nous avons ravitaillé. D’une minute derrière nos concurrents, on s’est retrouvé avec 23 secondes d’avance. Nous leur avons mis la pression. Et, quelques minutes plus tard, ils ont eu leur incident avec l’incendie. Ensuite, ils n’ont pas pu faire les autres courses, nous ouvrant la porte au titre, mais c’est le sport automobile. »
Maintenant, quand le feu vert sera donné aux concurrents pour pouvoir retourner sur un circuit, Eurointernational aura un emploi du temps chargé. « Nous alignerons une voiture en ELMS en LMP3 avec Harrison Newey au volant. J’ai signé un autre bon pilote avec lui, un Bronze que nous annoncerons bientôt. Il est Italien, a déjà sa propre équipe de Formule 3, a 53 ans et est très rapide. Il sera parfait avec Harrison. Pour ce qui est de la Ligier JS P217 que j’alignerais aux 24 Heures du Mans, j’ai déjà Adrien Tambay comme pilote confirmé. Je le connais bien, je l’ai fait courir quand il était jeune en Formula BMW et Patrick, son père, est un bon ami ! Je sais que ce dernier n’est pas très en forme, qu’il est malade, et je veux qu’il soit notre invité d’honneur aux prochaines 24 Heures du Mans. Pour les autres pilotes, je parle avec différents profils pour le moment. En plus de cela, je travaille sur un projet avec Ligier. Le but est de construire une nouvelle voiture client. J’ai modifié pas mal de CN pour Ligier dans le passé. L’objectif est de, peut être, suivant le budget, disputer Pikes Peak 2022. »
Rick Ware Racing aux 24 Heures du Mans grâce à l’invitation décrochée en Asian Le Mans Series, mais aussi Eurointernational, tout cela en LMP2. Antonio Ferrari a tenu à mettre les choses bien au clair en nous expliquant la différence entre ces deux engagements. « Ils sont complètement séparés et indépendants. En Asian Le Mans Series, nous avons sous-traité avec Rick Ware Racing. Nous avons mis, avec Ligier, les voitures à disposition. La différence, c’est qu’au Mans, leur engagement sera géré par nous, nous fournirons un service, un peu comme en Asie, mais ce sera avec leur propre voiture, la Riley Mk30. Notre engagement au Mans, je parle de celui d’Eurointernational, est mon invitation, à 100 %. Ce ne seront pas les mêmes pilotes, les mêmes chemises. Les voitures seront préparées ensemble dans notre atelier en Italie. Je répète, ce sont deux engagements complètement séparés, mais les deux seront gérés par nous ! Commencer à apprendre le LMP2 en Asian Le Mans Series a vraiment été sympa, mais nous ne nous attendions pas à emmener deux voitures aux 24 Heures du Mans. Je pensais bien m’occuper de ma voiture, sous mon propre engagement, mais la deuxième était inespérée ! »
On laisse le soin à Antonio Ferrari de conclure lui-même cette interview avec une citation qui résume bien son attachement au sport automobile et à son écurie. « Ces 30 ans de compétition furent un long voyage ! Il est très difficile de garder une équipe aussi longtemps et de fédérer autour de soi. J’ai toujours été le propriétaire de cette écurie depuis que j’ai commencé. C’est toute ma vie ! »