Ils étaient considérés par beaucoup comme des dangers publics il y a encore quelques années, ils ont des moyens financiers au-dessus de la moyenne, ils ont de grosses responsabilités la semaine et assouvissent leur passion le week-end. Les gentlemen d’il y a dix ans n’ont plus rien à voir avec ceux de maintenant. Les LM P2 étaient soit-disant trop rapides pour eux. Ils vont pourtant cette année rouler dans des autos aussi rapides que les LM P1 d’il y a dix ans et tous ont la banane en sortant de l’auto.
Au fil des années, les gentlemen ont progressé autant que leurs montures. Entre simulateur, coaching, sport, régime alimentaire, séances d’essais, les ‘GENT’ sont devenus de vrais sportifs à part entière. Pour illustrer nos propos, nous sommes allés questionner deux ‘gentlemen’ qui sont arrivés en sport automobile tardivement. François Perrodo et Eric Trouillet vont rouler cette saison sur une ORECA 07, le premier en FIA WEC chez TDS Racing, le second en European Le Mans Series chez Graff.
Les deux ont le point commun d’avoir une vie professionnelle bien remplie avec de très nombreux déplacements. François Perrodo va devoir planifier son emploi du temps bien en amont avec en deux mois et demi le Mexique, le Texas, le Japon, la Chine et Bahrain. Eric Trouillet va lui rester en Europe cette saison avant de voir plus haut en 2018. L’un et l’autre sont classés Bronze par la FIA. Le premier sort d’un titre mondial en GTE, le second d’une place de vice-champion LM P3 en ELMS.
Après des débuts en VdeV Endurance Series, François Perrodo a gravi petit à petit les échelons avec un certain Manu Collard en coach. Le tandem a pris le temps pour arriver en LM P2 sur la scène mondiale. La Porsche Cup a laissé place à une 911 GT3-R, puis une 911 GT3 RSR (997), une 911 RSR, une Ferrari 458 GTE. C’est maintenant l’ORECA 07 du TDS Racing qui l’attend en compagnie de Manu Collard et Matthieu Vaxivière.
“Tout est arrivé très vite” nous a déclaré François Perrodo. “La catégorie LM P2 est pour moi un nouveau challenge. Il faut du temps pour s’habituer à l’aéro. J’ai sauté les cases CN, LM P3 et anciennes LM P2. L’ORECA 07 est très plaisante à piloter mais forcément dure à emmener face à la Ferrari utilisée l’année passée. Les passages en courbe sont impressionnants. J’ai dû boucler à ce jour environ 1000 km en essais. La catégorie LM P2 est toute nouvelle pour moi, donc il m’est difficile d’avoir du recul. Il faut bien gérer le rythme et ses efforts. Il ne faut pas se tracasser d’être au début à deux secondes des professionnels (rires).”
En attendant le début de saison, François Perrodo lime le bitume sur une Renault Sport R.S.01, réputée pour avoir de l’aéro en version Trophy. “La R.S.01 demande un pilotage très fin” poursuit le pilote TDS Racing. “Elle demande de bien utiliser l’aéro pour être efficace à son volant.” Dès mardi, c’est l’ORECA 07 qui l’attend sur le tracé de Monza : “La voiture n’est pas piégeuse et saine. Le package global puissance/frein/aéro est homogène. Il faut juste habituer son corps à de nouvelles contraintes. En GTE, les trois pilotes partageaient le même baquet. Là, c’est différent. Par chance, je n’arrive en terrain inconnu au niveau de l’organisation et des circuits. Cela aide à se caler. J’aurais juste bien aimé que d’autres Bronze roulent en LM P2.”
Fidèle au Graff depuis 2013, Eric Trouillet a lui aussi gravi petit à petit les échelons en prenant une voie différente. Avant de débuter en LM P3 la saison dernière, le Francilien est passé par les cases Porsche Carrera Cup France, Porsche 911 GT3-R, Ligier JS53 EVO2 et Ligier JS P3. On le verra cette saison sur une ORECA 07 partagée avec Enzo Guibbert et Paul Petit.
Eric Trouillet fera partie des huit pilotes Bronze attendus cette saison en ELMS dans la catégorie LM P2. “Tout le monde m’avait dit que ce serait compliqué” nous a confié le pilote Graff. “En toute honnêteté, c’est plus facile à prendre en main qu’une LM P3 qui est dépourvue du traction control. On est toujours un peu sur des oeufs. La LM P2 a du grip et de l’aéro. La vitesse est assez déroutante au début. Pour moi, tous les ingrédients sont réunis pour un plaisir maximal. Les sensations sont bien là.
“J’étais moins confiant en passant du CN au LM P3 que du LM P3 au LM P2. Le mode d’emploi est vite venu. L’écart entre LM P3 et LM P2 était de l’ordre de 4 à 5s. Maintenant, on parle de plus de 13s.”
François Perrodo et Eric Trouillet ont limé le bitume à Monza avant d’attaquer le premier meeting de Silverstone dans une bonne semaine.