Pour gagner les 12 Heures de Bathurst 2019, il fallait avoir une Audi, une Aston Martin, une BMW, une Bentley, une Mercedes, une Nissan ou une Porsche. La course a voulu que la Porsche 911 GT3-R/Earl Bamber Motorsport s’impose à l’issue d’une course incroyable. Avec 18 GT3 dans la même seconde en qualifs, cinq marques en lice pour la victoire après 11h40mn, personne ne peut dire que la catégorie GT3 est la Ligue 2 du GT. Certes, le tracé se prête à une belle course mais les acteurs ont tous offert un magnifique spectacle.
Depuis 2011 et l’arrivée des GT3 sur le Mont Panorama, Porsche est le sixième constructeur à s’imposer après Audi, Mercedes, Ferrari, Nissan et McLaren. Tour d’horizon marque par marque…
Aston Martin : la der du V12…
Avec une seule V12 Vantage GT3, la marque britannique était bien esseulée face à la concurrence. La pénalité infligée à l’issue du Shootout pour une vitesse excessive dans la voie des stands n’a pas permis de partir depuis la pole. Quelques heures plus tard, le team suisse apprenait que sa Vantage serait reléguée hors du top ten pour un régime moteur trop haut (durant 3 secondes) par rapport à ce qu’indique la fiche d’homologation. Peu importe, Matthieu Vaxivière, Jake Dennis et Marvin Kirchhöfer ont roulé sans se poser de questions. Sans la dernière neutralisation, l’équipage de la #160 pouvait offrir un dernier bouquet à la V12 Vantage GT3. Les pneus de l’Aston Martin, bien moins frais que ceux de la Porsche, n’ont pas permis de rivaliser et il aura manqué 3.4s pour la plus haute marche du podium.
Audi : une édition 2019 à oublier…
Vainqueur à trois reprises et tenant du titre, Audi peut oublier l’édition 2019. Aucune des deux Audi R8 LMS/Audi Sport Team Valvoline n’a été en mesure de jouer réellement la victoire même si la #2 de Mies/Haase/Winkelhock a été vue dans les positions de tête très brièvement. Un problème de direction a coûté 8 tours au trio allemand qui n’a pu faire mieux que 14e. La #22 de Tander/Vervisch/van der Linde a d’abord connu un accrochage avec une Mercedes (6 tours perdus). Le Belge a ensuite tapé le mur avant d’immobiliser sa monture quelques mètres plus loin. La meilleure Audi est finalement celle du team privé Matt Stone Racing, seulement 10e (2e en Pro-Am).
Bentley : le chat noir toujours là…
Avec une année dans les jambes et des équipages inchangés, la Bentley Continental GT3 de dernière génération était à classer parmi les favorites. Malheureusement, la poisse n’a pas épargné les six pilotes. Les deux crevaisons et le problème lors du changement des freins ont retardé la #107 de Kane/Gounon/Pepper, 8e sous le damier. La voiture soeur de Soulet/Soucek/Abril était en lice pour la victoire finale jusqu’à 50 minutes du damier après un solide relais de Maxime Soulet, pourtant souffrant. Andy Soucek s’est emmêlé les pinceaux à deux reprises avec les boutons. La #108 s’est arrêtée à la sortie des stands et les 41s perdues lors de l’arrêt final ont fortement pesé dans la balance, sans compter un drive through. Andy Soucek a jeté toutes se forces dans le final pour finalement rallier l’arrivée au 6e rang.
Pour ses débuts dans le championnat, BMW a soufflé le chaud et le froid. Au moment où la M6 GT3/BMW Team Schnitzer pointait en tête de course, celle de Walkenhorst Motorsport était en queue de peloton. Chez Schnitzer, on a tenu à honorer la mémoire de Charly Lamm de la meilleure des façons. Chaz Mostert, Martin Tomczyk et Augusto Farfus n’ont rien à se reprocher avec leur 5e place finale. Mostert et Campbell se sont battus comme des chiffonniers en fin de course mais le pilote Porsche a eu le dernier mot. L’autre BMW a rendu l’âme au bout de 28 tours (pompe à huile).
Mercedes : une auto sur le podium mais pas de victoire…
La marque allemande court après la victoire depuis 2013 et il faudra attendre au mieux 2020 pour cela. Pourtant, la plus haute marche du podium est passée tout près. Une fois de plus, Raffaele Marciello a été incroyable en piste. Avec des pneus usés de trois relais dans un final où il fallait avoir le couteau entre les dents, le pilote GruppeM Racing a bien donné le change mais il a dû se résoudre à abdiquer. La 3e place finale peut nourrir quelques regrets à Marciello/Buhk/Götz. Très véloces en début de course dans des conditions plus fraîches, les Mercedes-AMG GT3 ont toutes joué un rôle durant les 12 heures de course, aussi bien GruppeM (3e), Black Falcon (5e en Pro-Am), Vodaphone Racing (4e), SunEnergy1 (abandon sur problème de radiateur), Craft-Bamboo Racing (abandon sur problème moteur), The Bend Motorsport Park (abandon). Les conditions chaudes ont moins favorisé les AMG.
Nissan : une belle prestation d’ensemble…
Quatre ans après avoir remporté l’épreuve avec RJN, Nissan faisait son retour au Mont Panorama avec une paire de GT-R GT3 NISMO pour la gagne. KCMG a donné le change face à une concurrence très affûtée. La #35 de Burdon/Matsuda/Chiyo a connu des pépins mécaniques (électrique) pour terminer à la 15e place. Dans le final, la #18 de Imperatori/Jarvis/Liberati était encore en lice pour la victoire. Malheureusement pour le trio, une pénalité à quelques minutes du damier (zig-zag avant le restart) a fait chuter la #18 jusqu’à la 7e place. La Nissan était dans le coup à Bathurst.
Porsche : un sans-faute pour Earl Bamber Motorsport…
Si vous pensez que Earl Bamber a juste donné son nom à une équipe, vous avez tout faux. Le pilote officiel Porsche s’investit à 200% dans l’équipe qui porte son nom. Entre les consignes de course, les briefings, le téléphone, les pizzas à amener aux mécanos, le Néo-Zélandais a pris très à coeur ses nouvelles fonctions. Les deux Porsche ont toujours été dans le coup durant 12 heures. Le changement des freins sous régime de neutralisation a été bien maîtrisé et quand il a fallu sauver de l’essence en piste, les pilotes ont fait le job. La #911 de Dumas/Müller/Jaminet avait un rôle à jouer pour la gagne sans son problème de direction assistée. Sur la #912, Matt Campbell a régalé ses compatriotes et certainement marqué de gros points pour son avenir chez Porsche. Pour ses débuts à un tel niveau, Dennis Olsen a fait ce qu’on attendait de lui avec des relais solides. Quant à Dirk Werner, il a parfaitement joué son rôle de capitaine d’équipage. La Porsche 911 GT3-R Spec-2018 peut maintenant aller au musée l’esprit tranquille.
Comme BMW, Ferrari a soufflé le chaud et le froid sur le Mont Panorama. La 488 GT3/HubAuto Corsa a vite été retardée sur un accrochage (18e). Malmenée lors des essais, la Ferrari/Spirit of Race de Pedro Lamy, Paul Dalla Lana et Mathias Lauda s’est imposée en Pro-Am (9e au général) à l’issue d’une course solide. L’unique McLaren 650S GT3 (Objective Racing) a terminé à la 23e et dernière place. Sur les deux Lamborghini Huracan GT3 au départ (aucune en Pro), une seule a vu le damier.
La Porsche 991 Cup/Grove Racing de Grove/Grove/Barker a remporté la catégorie B (16e au général). Victoire de la MARC Cars/T2 Racing by Liajen Motorsport dans la classe I (17e au général). On retrouve trois marques différentes sur le podium GT4 avec KTM, BMW et Ginetta.