Les tribunes des 24 Heures de Daytona avaient comme un air de France cette année avec une petite délégation francophone qui a fait le déplacement jusqu’en Floride. Benoit Laloux faisait partie de ceux-là. Sur les conseils avisés de la famille Pons, habituée chaque année au Rolex 24, le Belge a découvert un nouvel environnement et il y a fort à parier qu’on le retrouve à nouveau en Floride en janvier 2019. En attendant, Benoit Laloux vous propose son carnet de voyage suite à ses premiers pas sur le continent américain.
Mardi :
Il est l’heure de converger vers Daytona. Les retrouvailles avec la famille Pons sont délicieuses au milieu de cette fourmilière qu’est Orlando. Il nous reste quelques dizaines de kilomètres pour rejoindre la cité des légendes de la course automobile.
L’arrivée à Daytona impose déjà un petit détour pour apercevoir avec les grandes courbes du Daytona Speedway Internationnal (DIS). Nous posons nos valises au Tropical Winds Hotel en bord de mer.
Mercredi :
Tous aux stands : les équipes sont sur le circuit, le team Pons est au Tropical Winds Hotel. Notre stand est pour sa part somptueux : vue sur océan, pitlane de sable fin avec accès illimité. Consigne du jour : un peu d’intendance et mise en place : location voiture, billets d’entrée, courses… de provisions etc, etc… .
Tout se déroule avec une facilité déconcertante grâce aux repères de la famille Pons, les inconditionnels de Daytona. Nous défilons sur les boulevards où tout est XL voir XXl ; les enseignes commerciales se lisent comme une longue phrase sans ponctuation du genre : Walmarkjcpenneydillardgreenolive……. !!
Le Speedway garde jalousement tous ses secrets jusqu’au jeudi. La journée est belle, lumineuse et reposante avant la bataille.
Jeudi :
Direction Speedway Boulevard jusqu’au circuit. La façade du DIS se dresse devant nous comme les remparts d’une forteresse. Ce qui frappe au premier regard, c’est la hauteur, le dynamisme et l’expression de cette méga structure métallique. De gigantesques entrées répondant aux noms de Sunoco Gate, Toyota Gate, Chevrolet Gate, Florida Hospital Gate ponctuent les centaines de mètres de façade traitées en de véritables aspirateurs de visiteurs venant en nombre !
Nous prenons l’escalator géant et nous pénétrons les entrailles de cette structure titanesque où des rues intérieures se développent sur plusieurs niveaux ; c’est tout simplement « énoooorrrrme » hors gabarit !
Je franchis le passage et là, je suis sans voix, les yeux émerveillés : waaooouuuww !!
Nous sommes au milieu d’une tribune aux dimensions affolantes, à la pente vertigineuse, aux sièges de différentes couleurs donnant l’impression que plus de 100 000 fans sont en permanence dans la tribune !
En parfait connaisseur des lieux, Patrick (déjà 7 déplacements à Daytona) m’indique les emplacements stratégiques pour suivre la course : le turn 1, le haut de la tribune à l’extrême gauche pour une vue coiffant l’ensemble du site , et …les points « Burgers et Boissons » indispensables au bon déroulement de la course.
Ce qui nous étonne d’emblée, c’est la sympathie des agents de sécurité et de service : quelques mots d’accueil, un sourire, une bonne humeur : peu de chose mais à grand effet !
Ensuite, il y a évidemment la qualité des infrastructures telle que la mobilité avec ses navettes en grand nombre, les installations sanitaires irréprochables, les écrans tv (+/- tous les 20 m dans les rues intérieures de la tribune), l’accessibilité des paddocks etc etc…
Les paddocks se développent à l’image d’une rue avec d’un coté les façades « garages » et de l’autre coté, les façades « camions d’assistance » ; au centre, les visiteurs.
Tout est mis en place pour être vu : les garages (ou box), largement ouverts permettent de voir le travail des mécaniciens et responsable techniques, l’outillage, les pneumatiques, les pièces de rechange etc etc… Les camions sont aussi présentés de manière à voir leur contenu ; Le visiteur passe de box en box malgré le va et vient entre garages et camions d’assistance. Le tout se passe dans un respect mutuel, avec même une fierté de laisser voir et /ou d’être vu. Ainsi, spectateurs et acteurs sont indissociables et faits l’un pour l’autre, et non l’un contre l’autre comme on peut le voir en Europe.
La French Connection s’est organisée un petit pari : désigner la meilleure voiture dans chaque catégorie ; jeu simple, amusant qui va pétiller nos 24 heures et qui sera un bon prétexte pour se « chauffer » les uns les autres.
Les visiteurs ont accès à la piste peu de temps avant le départ et la grande tradition à Daytona est d’apposer signature ou graffiti sur la piste ; un moment particulièrement prisé des spectateurs.
Les bolides, libérés par la voiture de sécurité, s’engouffrent dans le turn 1 aux prix d’un freinage violent et ce avec une précision chirurgicale : absolument dingue !!
La meute s’organise très vite en fonction des différentes force en présence. Le balai est somptueux, élégant, « classe » et sa musique vrombissante se joue sur un rythme endiablé.
On se ballade de virage en virage, et si le principal spectacle est côté piste, celui côté spectateurs n’est pas en reste : mobil-homes aux chromes étincelants et aux décorations les plus excentriques, BBQ comme des chaudières de paquebot, écrans TV comme les vitrines de chez Apple, tribunes sur remorques, etc…
Au moindre regard de cet univers proche de Mad Max, nous recevons un « hello », ou un « enjoy « ou encore « have a good day » Sympa non ?
Notre but est de rejoindre la Fan Zone, point de rendez vous incontournable à Daytona.
Enfin une place comme dans nos villages ou villes, une place comme une étoile d’où partent tous les accès vers le podium, les paddock, l’arrêt des navettes, une place pour se restaurer, boire un verre, se reposer et s’asseoir autour d’une table conviviale, une place équipée d’une technologie de pointe : écran géant gigantesque à haute définition, wifi, etc…
De Barcelone, en passant pas Spa ou le Nürburgring et bien d’autres encore, j’ai toujours rêvé voir pareil « urbanisme » sur nos circuits européens.
Cette Fan Zone est un vrai un lieu de convergence des équipes et des spectateurs, un lieu de rencontre sans barrière, de disponibilité et d’ouverture à l’expression sans perdre pour autant le fil de la course (à méditer).
La course bat son plein et la lumière des projecteurs a pris aussi son relais.
On rejoint à nouveau le turn 1, au bas de tribune avec devant nous, un écran géant, un casque sur la tête diffusant des commentaires subtils et avisés. On est vraiment au top !
Un restart, comme si nous venions de le commander, nous en met plein la vue : voir cette horde de voiture, tous feux allumés (y compris les disques de frein) lancée à tombeau ouvert dans cette courbe au freinage appuyé, avec les bruits des moteurs à la limite de la maltraitance, c’est pétrifiant, ahurissant, extraordinaire ; certainement un des plus beaux passages jamais vu en course !!
Les heures passent, les paupières se font lourdes et on rejoint le Tropical Winds Hotel avec des images à jamais gravées dans la tête.
Dimanche :
Nous reprenons une dose de course, ce qui prouve notre totale addiction à ce spectacle !
La course est belle, pas trop de sorties et surtout pas de bobo sur la piste ! C’est dire si ces pilotes sont de véritables acrobates du volant, des funambules de la trajectoire. La fête est magnifique jusqu’à son épilogue.
Une dernière visite du paddock s’impose pour voir les « bêtes » après l’effort et l’attention que nous portent quelques pilotes nous va droit au cœur.
Merci à tous les acteurs de cette magnifique épreuve de Daytona.