Rouler au Japon quand on est européen par les temps qui courent relève de grimper le Mont Fuji dans le brouillard. Ils sont très peu à pouvoir le faire et Bertrand Baguette fait partie de ceux-là. Bien lui en a pris de tout mettre en oeuvre pour trouver une solution pour rejoindre le pays du Soleil Levant. Le pilote de la Honda NSX-GT/ Keihin Real Racing qu’il partage avec Koudai Tsukakoshi sort d’une victoire à Fuji à l’occasion du deuxième meeting SUPER GT de l’année. Son dernier succès remontait à Suzuka 2017. La prochaine étape passera d’ailleurs par Suzuka et il est fort possible que le Belge reste au Japon jusqu’à la fin du championnat. Si pour un pilote européen rouler en GT500 est un luxe compte tenu du peu de baquets disponibles, y être en 2020 n’est pas simple…
On peut dire que Fuji était un meeting parfait ?
“On ne peut pas dire le contraire car nous avons gagné avec la manière. La performance était au rendez-vous du début à la fin, ce qui fait vraiment plaisir. Cette victoire nous replace au championnat. Notre abandon lors de la première course de Fuji a coûté cher dans l’optique du championnat. Nous embarquerons 40 kg à Suzuka, un tracé qui traditionnellement convient bien à la NSX. Deux journées d’essais ont eu lieu à Suzuka et elles ont été positives.”
C’est tout de même assez rare en GT500 de connaître une course aussi “tranquille”…
“Nous avons encore du mal en qualification car, sur un tour, on peut encore améliorer. Donc, partir depuis la 1ère ligne était satisfaisant. On savait que l’auto serait performante en course. Mon but était de dépasser le plus vite possible la Honda #8 qui partait depuis la pole afin de creuser le trou. Ensuite, il a suffi de gérer même si nous avons connu un petit souci lors d’un ravitaillement qui a été très lent.”
Toutes les Honda NSX-GT étaient sur les mêmes pneumatiques ?
“Les stratégies étaient différentes en fonction des équipes. Nous étions les seuls à avoir fait le choix de ces pneus. Les pneus Bridgestone ont une fenêtre d’utilisation assez large.”
Le nouveau calendrier est favorable à la Honda NSX-GT ?
“On ne va pas à Okayama, Autopolis et Sugo qui étaient plutôt bons pour la Honda. Aller quatre fois à Fuji aide Toyota. Je dois dire que ce nouveau calendrier n’est pas à notre avantage.”
La Honda NSX-GT dispute sa première saison. Il reste encore du travail ?
“On la comprend de mieux en mieux, mais il faut encore travailler. Elle est bien sur de longs runs, mais comme je l’ai dit précédemment, il faut faire mieux en qualif’. Les essais sont limités sachant que je n’étais pas présent sur ceux qui ont déjà eu lieu.”
Vous ne rentrez pas en Belgique entre les meetings ?
“Je peux repartir, mais pas revenir. Ma famille ne peut pas venir non plus. C’est très compliqué à gérer. Quand je vois que les pilotes IMSA font des allers / retours en Europe entre les meetings, je me dis que tous les pays ne réagissent pas de la même façon. Il est possible que je reste au Japon jusqu’à la fin de l’année.”
Revenir au Japon a été simple ?
“Très compliqué ! Il a fallu expliquer la raison de mon retour en Belgique. J’ai dû justifier pourquoi j’étais rentré début avril. J’ai fait moi-même toutes les démarches car cela ne passe pas par l’équipe. Il faut avoir le feu vert avant l’embarquement, ce qui a pu se faire quelques jours seulement avant la date limite.”
Vous arrivez à vous occuper ?
“Il y a une petite communauté étrangère ici à Tokyo avec Nick (Cassidy), JP (de Oliveira) et Heikki (Kovalainen) qui vient de revenir. On fait du vélo et du karting. L’éloignement est compliqué.”
On ne vous verra donc pas aux Total 24 Heures de Spa ?
“Non car Suzuka tombe le même week-end. J’avais un beau programme en GT3 en complément du GT500 avec des essais et trois courses, mais tout est tombé à l’eau.”
Les fans vont revenir bientôt sur les circuits ?
“Peut-être à partir du 5e rendez-vous à Fuji (3/4 octobre, ndlr). C’est très étrange de voir un podium sans le moindre fan. Cela contraste avec l’ambiance habituelle du championnat qui met ses fans en avant. Le SUPER GT vit avec les fans, mais il faut penser en priorité à la sécurité. Ici, l’hygiène est vraiment stricte et il est rare de croiser quelqu’un sans masque dans la rue. Sur le circuit, je mange à l’hôtel car tout le monde limite au maximum les risques. On remplit des questionnaires avant chaque meeting avec, en prime, une prise de température.”