Après un titre mondial en WEC (LMP2), Bertrand Baguette a relevé un nouveau challenge en rejoignant les rangs du SUPER GT dans la catégorie reine. Les débuts sur une Honda NSX équipée de pneumatiques Dunlop (la seule auto en Dunlop, ndlr) n’ont pas été simples même si une victoire aux 1000 km de Suzuka, la course la plus prestigieuse, est venue récompenser le pilote belge. Changement d’équipe cette saison pour Bertrand qui passe de la Honda de Nakajima Racing à celle de Keihin Real Racing en compagnie de Koudai Tsukakoshi. Si le tandem de la Honda NSX-GT #17 a été performant toute la saison, avec en prime une pole à Autopolis, les résultats en course ont été en dent de scie. A l’heure d’aborder la finale, l’équipage Keihin Real Racing occupe le 7e rang, soit la meilleure écurie roulant en Honda. Le Belge est maintenant le pilote non japonais qui compte le plus d’expérience en GT500 après Ronnie Quintarelli.
Quel bilan tirez-vous de votre saison 2019 ?
“Positif sur le plan de la vitesse, très mitigé sur celui des résultats. Exception faite de Suzuka, nous étions dans le coup sur chaque course où nous pouvions nous battre pour une place dans le tiercé de tête. Notre auto est très compétitive dans toutes les conditions et nous étions régulièrement la meilleure Honda. Des petites erreurs nous ont mis hors du podium à plusieurs reprises. Notre meilleur résultat reste une 2e place à Autopolis. Un top 3 au championnat était possible.”
Comment s’est passé le passage de Dunlop à Bridgestone ?
“J’ai dû m’adapter surtout quand on connaît l’importance des pneumatiques dans le championnat. Par chance, j’ai pu disputer pas mal d’essais avec Bridgestone. Les gommes Bridgestone sont plus simples à utiliser et plus constantes sur de longs relais. Bridgestone est la référence avec Michelin.”
Les pneus se comportent différemment ?
“La voiture est la même mais son comportement est différent. Les gommes Dunlop étaient dures et l’auto ne bougeait pas. Avec les Bridgestone, le roulis est plus important avec une fenêtre d’utilisation plus grande.”
Vous prenez toujours autant de plaisir à rouler en SUPER GT ?
“C’est toujours un plaisir de rouler dans ce championnat et je dois bien dire que je ne pourrais pas faire sans SUPER GT. Cela fait maintenant six ans que je suis ici et je m’y suis bien acclimaté. J’habite au Japon même si avec mon programme en Intercontinental GT Challenge avec Honda, je passe pas mal de temps hors du pays.”
Vous arrivez à communiquer en japonais ?
“Dans mon équipe, personne ne parle anglais sauf mon coéquipier. C’était la même chose chez Nakajima Racing. C’est à moi de m’adapter plutôt que l’inverse. Tous les briefings se font en japonais et je n’ai jamais eu de traducteur sauf pour les briefings chez Honda. J’ai pris des cours et je le comprends de mieux en mieux.”
Vous serez à nouveau là en 2020 ?
“Je suis content de ma position chez Honda, alors je ne vois pas de bouleversement. C’est Honda qui décidera des équipages pour 2020.”
Vous mixez votre programme GT500 avec l’Intercontinental GT Challenge sur une Honda NSX GT3. Votre saison est positive ?
“Le challenge n’était pas simple car le programme s’est finalisé assez tardivement. Nous n’étions pas à Bathurst pour l’ouverture de la saison mais Laguna Seca a dépassé nos espérances avec une pole position. En revanche, la course a été plus compliquée. L’auto fonctionne à merveille mais on roule très peu en dehors des meetings. Les Total 24 Heures de Spa se sont parfaitement déroulées avec une 6e place finale sans le moindre problème mécanique, comme en 2018 où nous roulions en Pro-Am. A Suzuka, l’équipage était nouveau, le meeting a été plus compliqué même si les chronos étaient bons en fin de course.”
Vous manquez d’essais avec la NSX GT3 ?
“Nous avons disputé seulement quatre journées d’essais depuis le début de saison, ce qui n’a rien à voir avec les autres constructeurs. Je crois fermement au potentiel de la NSX GT3. A Suzuka, nous avons mis le doigt sur quelque chose d’important. Kyalami s’annonce bien car tout le monde partira d’une feuille blanche en Afrique du Sud. L’objectif est de revenir en IGTC en 2020.”
Passer d’une GT3 à une GT500 n’est pas trop déroutant ?
“C’est plus dur de passer de la GT500 à la GT3 que l’inverse. Le plus compliqué a été Suzuka avec la NSX GT3 car je connaissais la piste avec la GT500. Sur les autres tracés, je n’ai pas roulé avec la GT500, ce qui limite l’adaptation d’une à l’autre. C’est une vraie chance pour moi d’avoir deux programmes de pointe.”
On sent que le SUPER GT intéresse de plus en plus les pilotes européens. C’est aussi votre avis ?
“Beaucoup de pilotes sont intéressés par le championnat mais les places sont chères. J’ai eu la chance d’avoir l’opportunité de rouler pour Nakajima Racing après mon titre WEC en 2013. J’ai été convié à un test à Sepang et j’ai signé dans la foulée. Personne ne te signe si tu ne fais pas de test auparavant. En quatre tours, j’étais aussi rapide que le titulaire, ce qui a séduit Honda.”
Comment voyez-vous l’association du championnat avec le DTM ?
“Je n’étais pas à Hockenheim et je ne serai pas à Fuji pour cause d’IGTC à Kyalami. Tout le monde n’est pas spécialement excité par cette idée de rapprochement. Les sponsors préfèrent le SUPER GT. A Fuji, les équipes GT500 vont rouler en gommes Hankook sans avoir pu les tester auparavant. Je pense que ce serait plus positif si chacun pouvait garder ses propres gommes.”