L’une des nouvelles têtes à Spa au sein de ByKolles Racing Team était Bruno Spengler. L’officiel BMW, actuellement impliqué en IMSA, a piloté pour la première fois une LMP1 en compétition. Il est revenu pour Endurance-Info sur cette expérience, sur son année avec BMW RLL Team aux Etats-Unis et sur l’état actuel du DTM, championnat qu’il connait bien puisqu’il en a été une fois champion…
Comment se passe votre saison IMSA jusqu’à présent sur la BMW M8 GT avec Connor De Phillippi (BMW RLL Team #25) ?
« Nous n’avons pas eu trop de chance aux 24 Heures de Daytona car nous avions la voiture pour gagner en termes de performance. Après quatre heures de course, nous avons eu un souci d’arrivée d’huile avec une durite qui a cassé, quelque chose qui n’arrive jamais ! Nous avons terminé, mais loin. Après, à Daytona 240 et Sebring, nous avons été en retrait au niveau performance par rapport aux Porsche et aux Corvette. Nous n’avons pas spécialement été aidés par la BOP non plus sur ces deux épreuves. Road America fut meilleur même si je découvrais le circuit. Nous n’avons pas roulé le vendredi suite à un problème technique. J’ai juste fait quelques tours avant que je ne fasse la qualif (15 tours). Nous étions pas mal par rapport aux Corvette, un peu en-dessous des Porsche. La stratégie de l’équipe a été très bonne, nous étions en tête au moment du drapeau rouge. Malheureusement, derrière le safety-car, un moyeu de roue a cassé, bizarre car il n’y a pas le moindre choc. Donc une saison avec pas mal de malchance, deux courses difficiles et du mieux à Road America. Il nous en manque encore un peu de performance, il faut en trouver un peu pour les prochaines épreuves, nous devons continuer à travailler ! »
Quel est votre avis sur l’IMSA que vous découvrez sur un programme complet ?
« A partir de Road America et une bonne partie des suivants, ce seront des tracés nouveaux pour moi. Je les découvre donc. Je suis tombé complètement sous le charme de Road America. Quand on arrive, on se dit comment je vais faire pour apprendre ce circuit en 15 tours, mais au bout de 10, ça allait. J’en suis tombé amoureux (rire). C’est dans une région magnifique, le circuit est au milieu des arbres, il y a de grandes courbes. De plus, il y avait un peu de spectateurs, cela fait du bien de revoir un peu de monde, mais le circuit s’y prêtait et la région a moins de cas de Covid. Je suis ravi d’être en IMSA, c’est vraiment un championnat que j’aime bien ! »
Que va faire BMW l’année prochaine en IMSA ?
« C’est une bonne question ! Porsche a annoncé la fin de son programme GTLM, c’est une triste nouvelle et cela va faire un gros vide. C’est dommage, car le GTLM et le GTE-Pro sont de belles catégories. Pour ce qui est de BMW, je vous avoue que je ne sais pas ce qu’il va se passer. Nous allons déjà nous concentrer sur le reste du championnat, bien nous comporter sur les manches qui viennent et d’ici un ou deux mois on en saura plus, je pense. Avec tout ce qui s’est passé dernièrement, c’est un peu trop tôt.»
Comment se sont fait vos contacts pour arriver en WEC chez ByKolles Racing Team ?
« Nous étions déjà un peu en contact avant le confinement. Je connais les gens de chez ByKolles depuis l’époque de la Formule 3. Ils m’ont demandé si j’étais intéressé pour rouler avec eux et, de mon côté, piloter un prototype était quelque chose qui m’attirait depuis un petit moment déjà. Cependant, je ne pouvais pas leur donner réponse ni m’engager car, pendant le confinement, les dates IMSA ont été complètement bousculées. Nous sommes donc restés en contact en attendant d’en savoir plus car mon programme n°1 reste BMW en IMSA. Quand j’ai eu les nouvelles dates, j’ai alors pu m’engager avec ByKolles en WEC pour Spa et surtout pour Le Mans, course que je n’ai jamais faite. Quand on a l’opportunité de disputer les 24 Heures dans une LMP1, on ne réfléchit pas à deux fois ! Je les remercie d’ailleurs de me donner cette chance. »
Quels sont les sensations dans une LMP1 ? A quel point est-ce différent de ce que vous avez pu piloter auparavant ?
« J’ai beaucoup d’expérience à prendre, beaucoup à apprendre car je connais peu la voiture. J’a juste fait 70 tours au Castellet, j’en ai fait 15 de plus ici (à Spa, ndlr) en essais libres. C’est beaucoup plus agressif et plus réactif par rapport à tout ce que j’ai pu piloter avant. Ce qui est impressionnant, ce sont les vitesses de passage en courbe. Tout est axé sur l’aérodynamique et, ça, je n’en ai pas l’habitude. Même si la BMW en DTM avait de l’aéro, mais il y avait quand même un peu de grip mécanique. Ici, c’est vraiment l’aéro ! La dernière fois que j’ai piloté une auto “d’aéro pur”, c’est une F3 en 2004, ça date (rire) ! Je dois apprendre, adapter un peu mon style de pilotage, mais au fil des tours, je commence à trouver mes marques. »
Y’aura-t-il un test entre Spa et Le Mans ?
« Oui, je crois que ce sera ici, à Spa, mais je ne pourrais pas y participer car je serai à Road Atlanta en IMSA. Ma prochaine fois dans la voiture sera Le Mans. »
Vous allez découvrir des 24 Heures du Mans, certes spéciales, mais c’est Le Mans quand même ! Comment appréhendez-vous ce rendez-vous ?
« Je suis juste impatient et super content. C’est magnifique, c’est l’une des plus grandes courses au monde. Je me réjouis d’y être. Là encore, j’aurais beaucoup de choses à apprendre comme la voiture, le circuit,… J’espère que je me sentirai bien dans l’auto et que je vais profiter de cette expérience. »
Quels sont les objectifs ?
« Finir, prendre de l’expérience, ne pas commettre d’erreur de stratégie ou de pilotage. Ce sera le plus important ! »
Des championnats comme le GT World Challenge ou l’IGTC pourraient-ils être ajoutés à votre programme ? Refaire les 24 Heures de Spa aussi ?
« Spa, j’aimerais beaucoup les refaire. Je pense que c’est la course de 24 heures la plus dure ! Je les ai faites deux fois, d’abord avec Alex Zanardi et Timo Glock sur la Z4 puis ensuite sur une M6 GT3. Cette décision dépend de BMW et du programme de 2021. Je suis un peu en attente actuellement, mais plus je peux faire de belles courses, plus je suis satisfait ! »
Un petit mot sur la situation actuelle en DTM, championnat que vous connaissez bien, suite au retrait d’Audi…
« La situation était déjà mal embarquée quand Aston Martin a annoncé son retrait. Pour le moment, il y a 16 voitures engagées, la situation est très compliquée. »
Quand on a été champion d’une série (en 2012 avec BMW Team Schnitzer sur une BMW M3 DTM), cela doit faire mal au cœur !
« Tout à fait ! J’ai la chance d’avoir connu, je pense, les meilleures années du DTM entre 2005 et 2013 / 2014. Ce ne fut que du bonheur pour moi d’avoir pu disputer le DTM dans de superbes conditions. Mais cette situation me rend triste, j’avoue. Déjà, il n’y a pas de Norisring cette année au calendrier et le DTM sans Norisring, ce n’est pas du DTM ! Gerhard Berger est quelqu’un de très réactif et de très fort, mais je ne vois pas comment ils vont faire… »