La Filière Frédéric Sausset by SRT41 était au Mans la semaine dernière pour prendre part aux deux courses de Road to Le Mans avec la Ligier JS P3 pilotée par Snoussi Ben Moussa, Takuma Aoki et Nigel Bailly.
Frédéric Sausset, premier pilote quadri amputé à avoir participé et terminé les 24 Heures du Mans, en 2016, a tenu une conférence de presse en présence de sportifs et champions paralympiques (dont Toyota est un des sponsors), dont sa Présidente est Marie-Amélie Le Fur.
Frédéric était accompagné d’un de ses pilotes, le Japonais Takuma Aoki, ancien pilote de Moto GP. Cette réunion avait comme objectif, pour Frédéric, Takuma et les athlètes, de partager leurs expériences. Frédéric Sausset a rappelé au préalable son parcours qui l’a conduit jusqu’aux 24 Heures en tant que pilote et qui l’a poussé à monter une équipe de pilotes handicapés à partir de 2018 pour les emmener en trois ans à leur tour jusqu’aux 24 Heures du Mans 2020.
Frédéric Sausset : « La grande famille SRT41 est rassemblée autour du même objectif, réussir notre pari d’être la première écurie, constituée de pilotes en situation de handicap de l’Histoire du Sport automobile, à concourir aux mythiques 24 Heures du Mans. Il nous reste exactement un an avant l’échéance, la tâche s’annonce intense en travail comme en émotions, mais tout le monde est ultra motivé pour réussir. »
Frédéric a rappelé que le sport automobile était pratiquement le seul où un handicapé pouvait se battre à armes égales, avec des voitures identiques. En fin de réunion, Jean Todt, Président de la FIA , et Pierre Fillon, Président de l’ACO, sont venus saluer Frédéric Sausset.
Jean Todt a chaudement félicité le patron du SRT41 « qui donne à tout le monde une leçon d’humilité et de courage. Puisse votre exemple encourager d’autres personnes à aller dans cette voie. »
Plus tard dans la semaine , Frédéric Sausset a également reçu dans les stands la visite de SAS la Princesse de Monaco, de Jean Todt, de Pierre Deschaux , Président de la FFSA, de Roxana Maracineanu, Ministre des Sports, de Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat, chargée de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes et de la lutte contre les discriminations, du Dr Wolfgang Ullrich, de Richard Mille et de Patrick Gruau, Vice-Président de l’ACO, ce qui témoigne de la haute considération dont jouit le projet de Frédéric Sausset.
A l’issue de la réunion, Frédéric nous a gentiment accordé quelques instants pour préciser le programme sportif :
Frédéric, Le Mans, ce sera forcément avec une LMP2. Est-ce que le châssis est déjà choisi ?
« Non pas encore. La Ligier JS P3 avec laquelle nous avons couru en VdeV et maintenant en Ultimate Cup Series, je l’ai achetée et elle est bien à moi. Elle est gérée par l’équipe de Christophe Tinseau. Par contre, une LMP2, c’est beaucoup trop cher pour moi. Aussi, cela va passer par l’association avec un autre team à qui je louerai la voiture et qui assurera la gestion de la voiture. Donc, le châssis va dépendre du team avec qui la Filière by SRT41 sera associée. »
Cette participation au Mans se fera-t-elle dans le cadre du Garage 56 ?
« Oui, même si je voudrais bien, et je le demande, qu’on ait un engagement au même titre que les autres concurrents. Maintenant, si ma demande n’est pas acceptée, je n’en ferai pas une histoire et je l’accepterai volontiers… »
Avez-vous déjà des contacts avec des équipes ?
« Oui, nous avons entamé quelques discussions, mais rien n’est encore fait . Il faudra qu’une décision soit prise avant la fin de l’été parce que, en raison de notre structure spécifique et de l’état physique des pilotes (Snoussi est amputé du bras gauche, Takuma et Nigel sont paraplégiques), nous devons avoir des homologations adéquates. C’est un peu un parcours du combattant… »
Avez-vous estimé le coût de la saison 2020 qui va passer par l’European Le Mans Series et les 24 Heures du Mans ?
« C’est élevé. J’ai prévu un budget pour la saison de 2,2 millions d’euros. Tout est cher, les pièces, les pneus…»
Est-il bouclé ?
« Non, pas encore, c’est encore tôt. Disons que, pour le moment j’en ai réuni à peu près la moitié. Ce qui est un peu décevant, c’est qu’on suscite beaucoup de sympathie, même de l’admiration, mais pour aller au-delà, c’est plus difficile. Peut-être qu’ils ont un peu peur. Quand j’ai commencé mon projet, beaucoup trouvaient cela fou et irréaliste et pourtant j’ai fait les 24 Heures du Mans, alors qu’avant ma septicémie et mes amputations en 2012, je n’avais jamais piloté une voiture de course. Avec de la volonté, on peut faire beaucoup de choses ! Ceci étant dit, j’ai quand même quelques contacts avec des partenaires possibles, mais cela prend beaucoup de temps. Je consacre environ soixante-dix pour cent de mon temps à ces démarches.»
Que va devenir Christophe Tinseau ?
« Pour un accord avec une équipe, j’ai deux exigences : je conserve avec moi Christophe et l’ingénieur de la voiture actuelle, Quentin Picard. Pour moi, c’est impératif. ».
Comment se passe la Road to Le Mans (l’interview a été réalisée le jeudi après la première course) ?
« Bien dans l’ensemble. L’objectif est rempli pour l’instant. J’avais prévu de donner un temps de conduite identique aux trois pilotes. Il était prévu que Snoussi fasse les deux courses, mais en revanche il ne participait pas aux essais pour que Takuma et Nigel puissent passer beaucoup de temps au volant. Malheureusement,le safety car pendant les essais a ruiné cette stratégie et seul Takuma a pu prendre le volant.
Road to Le Mans est extrêmement important pour eux, ils ont la chance de tourner sur le grand circuit du Mans, opportunité que je n’ai pas eue pour ma part en 2016. Ainsi, ils vont récolter un maximum d’informations. Qu’ils en profitent ! Ils sont très motivés. Même si Snoussi n’a pas besoin de systèmes particuliers pour piloter, il s’est fait confectionner une prothèse par souci de confort et, après l’avoir utilisée, il va la faire modifier pour l’améliorer. »
La prochaine course sera au Mugello en Ultimate Cup Series...
« Oui, dans deux semaines,avec la Ligier JS P3, mais moi je n’y serai pas… Les soldes commencent, et il faut que je donne un coup de main à ma femme pour son entreprise. C’est bien mon tour de l’aider! »
Nous suivrons bien entendu ce projet avec attention.