Les 24 Heures du Mans 2020 resteront dans les annales de part pour plusieurs raisons : organisation en septembre, pas de public, tout le monde masqué. Pour le reste, on a assisté à une 88e édition très calme. Hasard du calendrier, la journée la plus folle a été celle du vendredi avec toutes les annonces. Après l’annonce de l’arrivée d’Alpine en LMP1 en début de semaine, la suite a été très riche : programme Peugeot Le Mans Hypercar dévoilé, confirmation de Kolles en Le Mans Hypercar, règlement LMDh finalisé, nouveau prototype Mission H24, confirmation de l’intérêt de Ferrari pour la victoire au général. L’avenir de l’Endurance est en ordre de marche mais il va falloir attendre encore un peu pour la piste. En attendant, que faut-il retenir de cette 88e édition catégorie par catégorie ?
LMP1 :
- Troisième victoire consécutive de Toyota Gazoo Racing qui peut donc conserver le trophée. Une fois encore, c’est la #8 qui s’impose. La #7 a été handicapée par un problème techique (30 minutes perdues).
- Après s’être imposé avec Porsche en LMP1, Brendon Hartley rafle la mise sur une Toyota. Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima comptent maintenant trois succès consécutifs.
- Bruno Senna restera comme l’homme le plus rapide en course avec un meilleur chrono de 3.19.264 pour le pilote de la Rebellion R13 #1.
- Depuis son arrivée en LMP1 en 2015, Kolles n’aura jamais vu le damier au Mans. Cette fois, c’est une sortie de piste (Spengler) suite à la perte de l’aileron qui a causé des malheurs à l’ENSO CLM P1/01.
- Rebellion Racing monte une nouvelle fois sur le podium avec sa R13. Depuis son arrivée en compétition début 2018, la R13 conçue par ORECA a fait preuve d’une très belle fiabilité avec seulement deux abandons (Fuji 2018, Sebring 2019). Il aura manqué 39s pour placer les deux R13 sur le podium.
- 387 tours ont été couverts par la Toyota victorieuse contre 385 en 2019 et 388 en 2018. La Rebellion R13 a terminé à 5 tours. La mieux classée des LMP1 non hybrides a concédé 6 tours en 2019 (SMP) et 10 en 2018 (Rebellion).
- La Toyota #8 s’est arrêtée à 36 reprises cette année : 34 arrêts en 2019 et 37 en 2018.
LMP2 :
- United Autosports continue sur sa lancée (l’équipe est invaincue en WEC depuis Bahrain 2019) mais ouvre son compteur au Mans. Le team anglo-américain de Zak Brown et Richard Dean tient enfin son succès en terre sarthoise. Filipe Albuquerque, Phil Hanson et Paul Di Resta ont déroulé sur la piste. De plus, l’écurie est titrée en WEC !
- Cela fait quelques années qu’une auto n’avait plus été disqualifiée durant la course. L’ORECA 07/Jackie Chan DC Racing a été exclue pour une aide extérieure en bord de piste.
- Signatech-Alpine et Racing Team Nederland peuvent nourrir des regrets. Les soucis de fuite d’eau sur les deux ORECA 07 en tout début de course n’ont pas permis de jouer la gagne. L’équipe de Philippe Sinault est tout de même parvenue à terminer au pied du podium.
- Partir avec un tour de retard était une pénalité difficile à avaler chez IDEC Sport. Les six pilotes n’ont pas lâché l’affaire avec une très belle performance d’ensemble assortie d’une magnifique remontée pour terminer aux 6e et 11e places.
- Pour ses débuts au Mans, Cool Racing a bien maîtrisé son sujet. Avec Nicolas Lapierre en métronome, Antonin Borga en rookie impeccable et Alexandre Coigny en gentleman débutant, le team suisse a réussi son entrée au Mans en se classant 7e.
- Déception pour Duqueine Team (sortie de piste), G-Drive by Algarve (problème électrique) et High Class Racing (boîte de vitesses) qui ont joué les premiers rôles avant d’abandonner.
- Il y a encore quelques jours, Patrick Pilet ne pensait pas être au départ de la course. Le pilote officiel Porsche a remplacé au pied levé Dwight Merriman, blessé, chez IDEC Sport. Mission parfaitement remplie pour le rookie LMP2 qui a pris le départ de la course après avoir bouclé seulement quelques tours en essais. Pour la petite histoire, Patrick Pilet s’était élancé de la pole aux 12H de Bathurst en février dernier alors qu’il découvrait la course. Il lui était arrivé la même chose sur la Nordschleife lors de ses débuts en VLN.
- SO24-Has by Graff a animé le début de course avec James Allen en tête de la catégorie le samedi en fin de journée. Malheureusement, le même Allen est sorti de la piste dans la dernière heure. Belle prestation de Charles Milesi, l’un des benjamins du plateau qui découvrait Le Mans et le pilotage d’une LMP2 en course.
- Pour son retour au Mans, Goodyear repart avec deux podiums en LMP2 grâce à Jota et Panis Racing. Le manufacturier avait seulement cinq LMP2 au départ.
- Panis Racing tient enfin son premier podium au Mans et celui-ci est amplement mérité. Julien Canal, Matthieu Vaxiviere et Nico Jamin ont rempli leur mission et l’équipe articulée autour de Sarah et Simon Abadie a fait le job. Matthieu Vaxiviere monte sur le podium pour la deuxième fois en deux ans.
- L’équipage féminin du Richard Mille Racing peut être satisfait de sa course. Sophia Flörsch, Tatiana Calderon et Beitske Visser n’ont pas commis la moindre faute pour se classer 9e en LMP2.
- L’unique Dallara P217 au départ a vu le damier. Cetilar Racing devrait être de retour en 2021, cette fois avec une Ferrari 488 GTE.
- Avec 370 tours pour l’ORECA 07/United Autosports, jamais une LMP2 n’avait fait autant de boucles en course au Mans. La #22 a effectué 2 tours de plus qu’en 2019, 3 de plus qu’en 2018 et 4 de plus qu’en 2017.
GTE-Pro :
- Ferrari contre Aston Martin. Voilà ce qu’il faut retenir de la catégorie. Les deux Porsche 911 RSR n’ont jamais pu jouer la gagne. Même sans les problèmes de direction assistée sur les deux autos, il aurait été impossible de s’imposer à la régulière.
- Le seul abandon en GTE-Pro concerne la Ferrari 488 GTE/WeatherTech Racing de Vilander/Segal/MacNeil. Le Finlandais a connu un accrochage avec l’ORECA 07/Racing Team Nederland. La Ferrari #71 a terminé mais non classée.
- L’Aston Martin Vantage victorieuse a bouclé 346 tours, soit 6 de plus que lors de la victoire acquise en 2017.
- Il faut remonter à 2016 pour trouver un aussi mauvais résultat d’une Porsche en GTE-Pro. La mieux classée des 911 RSR officielles a bouclé 335 tours, soit 4 de moins que la meilleure Porsche en GTE-Am.
GTE-Am :
- Sur les dix Ferrari 488 GTE engagées en GTE-Am par AF Corse, six sont classées.
- Après le podium LMP2 en 2019, François Perrodo s’offre un nouveau podium, cette fois en GTE-Am.
- Quatre Porsche 911 RSR/Proton Competition au départ et les quatre sont à l’arrivée même si une est non classée. Team Project 1 a fait trois sur trois.
- On retrouve trois marques différentes dans le tiercé de tête : Aston Martin, Porsche, Ferrari.
- Jamais une GTE-Am n’avait fait autant de tours au Mans. L’Aston Martin/TF sport a effectué 339 boucles.