L’une des particularités de la Ligier European Series cette saison est l’association père / fils sur la Ligier JS2 R #66 de M Racing. Natan Bihel, le fils, connait bien le monde du sport automobile pour avoir évolué en Championnat de France Supertourisme, en TCR Europe et en ELMS (LMP3). Erwan, le papa, a moins d’expérience et est passé par la Mitjet France. Pour le moment, le duo se comporte bien avec un podium au Castellet et une 2e place au championnat JS2R pour le moment. Nous avons fait le point avec eux…
Pourquoi avez-vous décidé de participer à la Ligier European Series ?
Erwan : « Le premier objectif pour moi était de rouler à nouveau car j’ai été cinq ans inactif en sport auto. Il faut préciser que je ne compte que deux saisons, je n’ai pas non plus une grande carrière. La décision découle d’une combinaison entre moi qui souhaitait courir et Natan qui voulait lever le pied par rapport aux championnats relevés qu’il a faits pendant quatre ans. L’idée était donc de rouler tous les deux et ce championnat est tombé à point nommé. Nous avions déjà essayé cette auto en Ligier JS Cup France et nous avions bien aimé. Cela permettait aussi de rester avec M Racing et Yvan Muller qui voulait aussi continuer avec nous. De plus, on restait sur des circuits européens que Natan connait bien, mais que je ne connais pas. J’avais envie de les découvrir dans le cadre de l’ELMS. Ce sont de beaux week-ends, mais le championnat, comme on nous l’a vendu, était avec un pilote Silver et un pilote Bronze. C’est l’esprit de l’endurance pour moi, trouver le bon équilibre entre les deux. On pensait avoir un équipage homogène ! Nous sommes dans un esprit plaisir, mais aussi on souhaite garder aussi un niveau compétition avec un niveau correct. »
Natan, vous avez roulé en LMP3, en TCR et fait de l’Andros l’hiver dernier. Comment vous sentez-vous dans ce type de voiture ?
Natan : « C’est différent de tout ce que j’ai pu faire, c’est vrai. Cela peut se rapprocher un peu de la Supertourisme, mais c’est quand même moins rapide et moins agressif. C’est une auto facile à prendre en main, plus conçue pour les gentleman drivers. Je me sens bien dans cette voiture, mais comme dans tout championnat monomarque, il faut savoir se différencier et c’est surtout au niveau du pilotage que cela se joue. »
Pourquoi cette association père / fils ?
Natan : « Mon père voulait reprendre le volant et je souhaitais prendre un peu de distance alors on s’est dit que ce serait bien de le faire tous les deux. On se connait très bien et on se fait confiance. »
Aviez-vous déjà partagé le volant avec votre fils ?
Erwan : « Non, j’avais roulé contre Natan en Championnat de France Supertourisme. Nous avons juste couru au Mans et au Castellet l’an dernier en Ligier JS Cup France. C’était d’ailleurs sympa, on avait bien roulé et c’est d’ailleurs de cette expérience qu’est née l’idée de faire la Ligier European Series. Cependant, il fallait que la voiture change au niveau des pneumatiques car elle était très compliquée avec les gommes de série. Là, avec les pneus Michelin, le step est assez important. Cela ressemble plus à une voiture de course maintenant. »
Après quelques meetings en commun et sur une saison complète, comment se passe votre entente ?
Erwan : « Je m’appuie beaucoup sur Natan pour tous les débriefings que nous faisons au niveau datas et vidéos. Il est en moyenne deux bonnes secondes plus vite que moi voire parfois trois. Je me cale donc sur lui, il me fait progresser ainsi que toute l’équipe au niveau de mes chronos, réglages et pilotage de l’auto. De plus, Natan connait tous les tracés et, pour ma part, j’ai un peu tendance à appréhender comme à Spa par exemple avec le Raidillon, Blanchimont. Ensuite, je vais découvrir Monza et surtout Portimão qui sera la grande découverte. Le souci est que nous n’avons qu’une séance d’essais libres, cela manque un peu de roulage. Il en manque une deuxième. Là, sur une heure, on change après 30 minutes et c’est direct les qualifications. »
Vous avez transmis la passion du sport automobile à votre fils. Qu’est que cela vous fait de vous faire battre par lui maintenant ?
Erwan : « Heureusement pour lui, surtout vu les championnats qu’il a faits (rire). J’ai commencé à 39 ans sans avoir rouler en karting et sans aucune formation. J’ai appris sur le tas, je suis un autodidacte du sport automobile. J’ai débuté par la Mitjet 2 litres et j’ai pas mal progressé. Il y a cinq ou six ans, je ne me serais pas lancé dans un championnat tel que la Ligier European Series. »
Quel effet cela vous fait de battre votre père ?
Natan : « Il a bien répondu (rire), c’est logique et heureusement. Certes, c’est le battre, mais le but est surtout de le faire progresser et faire en sorte qu’il soit aussi rapide que moi. C’est cela qui est intéressant : qu’il soit régulier. »
Sur quel point pensez-vous qu’il a encore besoin de progresser ?
Natan : « La gestion du stress, mais il a le stress de vouloir bien faire. Peut-être moins travailler et plus y aller au feeling. »
Quelle la principale qualité de l’autre au niveau sport auto ? Même chose pour le défaut ?
Natan : « Justement, bosseur. Cela peut être une qualité comme un défaut. Parfois il en fait trop, mais il essaie, il a envie de s’améliorer. »
Erwan : « Sa grande qualité, c’est la course, sa gestion. Je trouve qu’il est plus fort en course qu’en qualifications. Il a plus de mal à faire le bon chrono. Par contre, il corrige tout de suite en course, dès les premiers tours et il prend souvent de bons départs. J’ai plus de mal à me trouver en peloton. Rouler à deux mètres derrière quelqu’un je ne sais pas faire encore. J’ai plus tendance à me caler sur le concurrent devant et ne pas attaquer. Je manque encore d’expérience et d’automatismes.»
Quel est l’objectif de votre association ?
Erwan : « C’était déjà de pouvoir rouler ensemble. Que je puisse rouler de nouveau, que Natan puisse continuer aussi. Je ne souhaite pas qu’il arrête complètement. Ensuite, on verra en fonction de la saison et de ma progression. On refera peut être une deuxième saison si le plateau s’étoffe et pourquoi pas, c’est dans le coin de ma tête mais c’est en fonction de mon niveau, disputer la Michelin Le Mans Cup en LMP3. Pour le moment, la marche est encore trop grande, mais je me dis que si je fais deux saisons en roulant régulièrement sur ces circuits dans la Ligier JS2 R, pourquoi ne pas faire de la Michelin Le Mans Cup et y inclure Road to Le Mans ! La boucle serait alors bouclée. »
Et vous Natan ? Allez-vous refaire le Trophée Andros cet hiver ?
« Il n’y aura déjà pas de Road To Le Mans pour moi cette année. Le Trophée Andros, oui, pourquoi pas. J’ai fait une première saison de découverte avec un podium quand même. C’est un championnat très spécial, il m’a fallu une saison pour découvrir et comprendre la glace et les circuits. Le but est de remettre cela, toujours en catégorie Elite et viser les victoires. Quant à 2021, on va déjà voir comment la saison Ligier European Series va se dérouler et on avisera ensuite… »