Nom : Anthony Megevand
Fonction : responsable de la compétition-client chez ORECA
Regardiez-vous les 24 Heures du Mans à la télé quand vous étiez jeune ou étiez-vous intéressé ?
« Oui même si je dirais que la passion n’a été que plus importante après ma première venue sur les 24 Heures en 1998. Ça peut paraître surprenant, mais ce qui me vient à l’esprit en premier, ce sont des miniatures des Jaguar XJR-9 et Peugeot 905 quand j’étais gamin. C’est comme ça que j’ai découvert Le Mans. J’étais à fond sur la F1 jusqu’en 1994, ensuite c’était Le Mans à la TV avec le début des GT1. Je me souviens d’une bataille entre une Porsche GT1 et d’une McLaren en 1996, puis d’un incendie sur une autre Porsche GT1, ça devait être l’année d’après. J’ai ces images en tête. Je voulais voir Porsche gagner et j’avais l’impression qu’ils n’y arriveraient jamais avec la GT1. J’avais 10-12 ans, un peu plus peut-être, donc je n’avais pas conscience de l’histoire du Mans, mais les GT1 et les images de nuit me faisaient rêver. C’est ce qui m’a donné envie de découvrir cette Histoire, les records ou statistiques, les anecdotes… C’est cliché mais c’est vrai qu’il y a un truc qui se passe ici. »
Quels sont vos premiers souvenirs des 24 Heures du Mans ?
« 1998 et les 50 ans Porsche. Mes parents étaient passionnés de Porsche et m’avaient emmené avec eux pour assister à la course. C’était leur première à eux aussi. Il y avait les Toyota GT-One, les Nissan, les Mercedes, les protos BMW, les Viper en GT2… Il y avait une parade de Porsche de série avant la course et j’étais dans une de ces voitures. J’avais fait un tour de circuit, passant sur la ligne des stands alors que les voitures étaient alignées en épi, sous la bâche. Avec le recul je me dis que ça ne m’arriverait peut-être plus jamais de vivre un tel moment. Je me souviens du départ au Dunlop, c’était juste… fou. Je me rappelle aussi avoir trouvé des astuces pour entrer dans des tribunes auxquelles je n’avais pas accès, et sur le tour d’honneur des deux Porsche GT1 et des Viper ORECA. Après, il y a un autre souvenir vraiment marquant : la première fois où j’ai pu faire les photos du départ en bord de piste, en 2005 ou plutôt, le lancement des voitures sur la grille, puis les voir sur l’écran géant en attendant qu’elles reviennent sur la ligne, avec le public derrière… Là, à 20 ans ou à peine plus, tu te dis que tu es juste méga chanceux. »
Quel est votre équipage rêvé aux 24 Heures du Mans ?
« On m’a toujours dit qu’il faut engager au moins deux voitures au Mans, donc je vais dire deux équipages, désolé. Je vais aussi faire dans la génération actuelle. Romain Dumas, Nicolas Lapierre et Olivier Pla. Romain, c’est le mec qu’il faut pour gagner : rapide, safe, expérimenté. Il est franc, honnête et il a une telle passion pour le sport auto avec son côté multi-disciplines… Nico a des qualités similaires et, en plus de sa vitesse, il apporte une telle confiance aux gens qui l’entourent. Il est juste brillant. Olivier, il est toujours sous-estimé et je ne comprendrais jamais. Je l’ai connu quand il avait fait un test avec une Lola de Quifel-ASM en 2008 et il avait été bluffant. C’est un super gars, un guerrier, lui aussi droit dans ses bottes. Dans la deuxième voiture, je dirais Sébastien Buemi, Helio Castroneves et Jimmie Johnson. Seb est je pense le meilleur pilote actuel. Il est super rapide et ne fait jamais de faute. Franchement impressionnant ! Helio Castroneves, au-delà de ses qualités de pilote, j’adore son enthousiasme. Jimmie Johnson, c’est de la pure curiosité. Il est tellement fort que j’aimerais le voir au Mans. »
Quelle voiture des 24 Heures du Mans vous a marqué ?
« Une des Porsche GT1, quelque soit l’année. Celle de 1998 a gagné donc il y a un petit truc en plus au niveau histoire, mais celle de 1996 me faisait vraiment rêver. Il pourrait y avoir les 917, les Viper ou une McLaren… Mais pour des raisons plus personnelles, une Porsche 935 mais avec ma mère en copilote ! Et une des Panoz, celles de 1999 ou 2003. »
Quel pilote des 24 Heures du Mans vous a fait rêver ou vous a inspiré ?
« Hormis Ayrton Senna, je n’ai jamais été « fan » d’un pilote. Ce sont surtout des patrons d’équipe qui m’impressionnent et qui sont des sources d’inspiration. Après, il y a des pilotes un peu particuliers à mes yeux. Nicolas Minassian et Manu Collard, par exemple, pour leur parcours respectif, leur talent et, chacun à leur manière, leur personnalité. Je dirais aussi Franck Montagny. Je trouve qu’un gars comme Franck manque à l’endurance actuelle. Ces trois pilotes auraient dû gagner Le Mans et leur carrière me parle plus que d’autres. J’ajouterais Pierre Dieudonné que j’ai eu la chance de côtoyer, et qui est un grand Monsieur. »